Entretien avec le professeur Hans Bots

A l’occasion de la remise du prix Descartes-Huygens, le professeur Hans Bots évoque son travail de recherche sur l’histoire des idées en Europe.

Vous avez été récompensé pour votre travail de recherche sur les échanges intellectuels au sein de la République des lettres en Europe. Ce prix vous permettra notamment de vous rendre régulièrement à Paris, pour poursuivre vos recherches au Collège de France. Pouvez vous nous en dire plus sur vos activités au Collège de France ?

Je suis en effet invité par le collège de France pour effectuer une série de conférences, au mois de mars de l’année prochaine. Je travaille notamment avec Pierre Leroy, (maître de conférences au Collège de France) sur le développement des outils de communication au sein de la République des Lettres. Nous nous intéressons en particulier à la lettre sous toutes ses formes, de la lettre intime à la lettre savante, à la fois du point de vue de la structure et de la rhétorique. Nous étudions également l’apparition des périodiques et des journaux littéraires et savants qui deviennent un moyen de communication très important à partir du XVIIème siècle. Ils sont effet mieux adaptés aux nécessités de l’Europe nouvelle. Cette étude approfondit le petit livre que j’avais publié en 1997, en collaboration avec Françoise Waquet, sur la notion de République des Lettres.

Vous avez travaillé à la publication des textes des philosophes Français des Lumières Montesquieu et Pierre Bayle. Pensez-vous que le message de ces philosophes est encore moderne dans l’Europe du XXIème siècle ?

Le message de ces philosophes est en effet très actuel. Je dirais même d’une actualité surprenante ! L’héritage de Pierre Bayle sur la tolérance en particulier, fait écho aux préoccupations de nos sociétés contemporaines.

Les lycéens français ont l’occasion de découvrir la philosophie en classe de terminale au lycée. Ce n’est pas le cas aux Pays-Bas. Pensez-vous que la philosophie peut intéresser les jeunes néerlandais ?

Il est en effet dommage que l’on n’attire pas assez l’attention sur les grands penseurs de l’histoire occidentale dans les classes de terminale. Il ne s’agit pas seulement de philosophie, mais également d’histoire.
A l’occasion de la conférence annuelle organisée par la Fondation P. Bayle, l’historien britannique Jonathan Israël a plaidé en décembre 2004 pour que l’on fasse une plus grande place à notre héritage culturel, à la fois dans l’enseignement secondaire et dans l’enseignement supérieur.

Vous connaissez bien les systèmes universitaires français et néerlandais. Que conseillez-vous aux étudiants néerlandais qui envisagent d’étudier en France ?

Les systèmes français et néerlandais sont différents. Le système français à un caractère élitiste. Les facultés de lettres et de sciences humaines manquent souvent de moyens et les étudiants les plus doués se tournent plutôt vers les grandes écoles.
Le processus de Bologne tente de mettre en place une meilleure coordination des différents systèmes au niveau européen. Il reste cependant des difficultés, comme les différences de calendrier universitaire par exemple.
Malgré ces disparités, il est toujours très enrichissant de faire connaissance avec une autre culture, et la période des études est idéale pour cela. Les programmes Socrates et Erasme ne peuvent être suffisamment applaudis. Il faut vraiment encourager les étudiants à s’en servir. Personnellement, je recommande plutôt à mes étudiants d’opter pour une université de province, où l’ambiance est peut-être mieux adaptée à l’accueil des étudiants étrangers. Paris est trop grand !

En savoir plus :

- Prix Descartes-Huygens 2004
- Etudier en France

Dernière modification : 14/10/2021

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