Presse néerlandaise du jeudi 24 mars 2005

Le
vice-premier ministre du gouvernement Balkenende II, Thom de Graaf (D66), a
démissionné hier soir à la suite du rejet par la Première Chambre de son projet
de réforme concernant l’élection au suffrage direct des maires néerlandais.

 

  • NRC Handelsblad
    d’hier soir : "Presque tout le monde est soulagé, en fait - Report de
    l’élection des maires - Conseil de crise au D66 - ’De Graaf doit rester’",
    "Les sénateurs PvdA bloquent la modification de la Constitution", "Les leaders
    de l’UE modifient la directive sur les services"
  • De Telegraaf  :
    "De Graaf jette l’éponge - Le D66 pose
    de nouvelles exigences après la démission de son ministre
    ", "Alexander
    n’assistera pas au mariage de Charles"
  • de
    Volkskrant

     : "La survie du gouvernement est incertaine - Le ministre De Graaf démissionne
    - Le D66 exige la renégociation de l’accord de gouvernement - Le premier
    ministre : On ne lui a pas donné sa chance", "Le D66 n’attache plus tellement
    d’importance à la rénovation"
  • Algemeen Dagblad
     : "Atmosphère de crise après le départ de De Graaf - Le D66 gravement divisé
    après la démission du vice-premier ministre", "Les parcs d’attraction rouvrent
    leurs portes"
  • Trouw
     : "Crise autour du D66 à propos du nouveau système électoral - Dittrich veut
    des engagements fermes du CDA et du VVD"

* * *

Le
dossier du jour : Démission du ministre de la Rénovation administrative

" Le
ministre D66 Thom de Graaf (Rénovation administrative), qui est également
vice-premier ministre, a tout de même démissionné inopinément hier, après une
nouvelle journée agitée au Binnenhof
", écrit le Telegraaf dans son
grand article à la une. " Il est aussi apparu tard dans la soirée que le
ministre Brinkhorst (Affaires économiques) et la secrétaire d’Etat Medy van der
Laan (Médias), les autres membres D66 du gouvernement, réfléchissent à leur
situation
. En effet, le D66, dans les jours qui viennent, veulent d’abord
négocier avec les partenaires de coalition CDA et VVD sur une série de thèmes
tels que le système électoral, les organisations de radiotélédiffusion,
l’innovation, l’accueil des enfants et l’enseignement
. En fait, le D66 veut
renégocier l’accord de gouvernement."

" Si
le CDA et le VVD ne font pas suffisamment de concessions pour compenser la perte
de l’élection des maires, Brinkhorst et Van
der Laan quitteront le gouvernement et ce sera peut-être la crise
."

"De
Graaf a jeté l’éponge parce qu’il estimait que sa crédibilité en tant que
ministre avait trop souffert de la débâcle à la Première Chambre, mardi soir.
Cette dernière, sous la direction du PvdA, avait bloqué l’élection des maires.
Il faut ajouter que De Graaf n’était pas sûr que les partenaires de coalition
CDA et VVD accepteraient son projet de nouveau système électoral à la Deuxième
Chambre. De Graaf s’en est rendu compte après la vive concertation du CDA, du
VVD et du D66 sur la crise, hier."

" Je
ne peux pas continuer si je n’ai pas la perspective d’une bonne issue pour le
système
électoral’, a déclaré De Graaf. Il a
reproché au leader du groupe VVD, Van Aartsen, de n’avoir que des critiques sur
son projet et de ne jamais avoir proposé d’alternative
."

"Selon le leader du groupe D66, Dittrich, la succession de De Graaf ne sera
réglée que lorsque le D66 aura obtenu gain de cause dans les négociations avec
le CDA et le VVD, qui commenceront probablement aujourd’hui. Si les partenaires
de coalition s’accordent, Dittrich lui-même sera un candidat important."

" Van
Aartsen, durant un débat d’urgence, a qualifié de ’complètement absurde’ la
suggestion que De Graaf avait démissionné à cause des critiques du CDA et du VVD
sur le
système
électoral. Selon le chef de file libéral, c’était entièrement la faute du PvdA
."

Le Volkskrant , dans une analyse à la une, fait valoir que " la démission de
Thom de Graaf montre très clairement un certain nombre de choses
". Tout
d’abord que le leader D66 Boris Dittrich et son groupe parlementaire ne tiennent
plus tellement à la rénovation administrative
, "pour laquelle le parti a
pourtant été fondé en 1966". Ensuite que le CDA et le VVD n’en sont plus
guère partisans non plus
 : "ils ne veulent pas appliquer non plus la
modification du système électoral promis dans l’accord de gouvernement".

Par
ailleurs, estime le journal de centre gauche, " il apparaît une fois de plus
que l’image de Wouter Bos en tant que leader incontesté du PvdA est fausse
"
 : "le groupe PvdA à la Première Chambre, dans lequel ne siègent pas seulement
des sénateurs âgés, est resté insensible aux supplications de Bos", et Bos,
mardi soir, "n’a pas osé mettre tout son poids dans la balance pour retenir le
groupe sénatorial".

" Le
PvdA a tiré les marrons du feu pour la coalition
. Il s’est laissé
exploiter
. Au sein du CDA, on était également très mécontent, dès le début,
du projet de De Graaf concernant les maires.
Mais comme les chrétiens-démocrates s’étaient liés à l’accord de gouvernement,
ils ne pouvaient guère qu’espérer un accident. Le CDA et le VVD ont fait
obstruction lorsqu’ils ont reporté la phase décisive des négociations sur
l’élection des maires au-delà de la réunion cruciale de la Première Chambre. De
Graaf, de ce fait, ne pouvait guère expliciter son projet."

" Thom
de Graaf ne s’est pas montré le meilleur négociateur du Binnenhof
. Il a joué
au sphinx. Il a misé très fort pendant deux ans, sans accepter le moindre
amendement de son projet. Jusqu’à mardi soir, mais il était trop tard."

" Le
premier ministre Balkenende a échappé à une débâcle, du fait que le D66,
manifestement, ne tient plus à la rénovation administrative
. Son premier
gouvernement est tombé après 87 jours. Si son deuxième gouvernement avait éclaté
avant la moitié de son mandat, il n’aurait sans doute pas survécu lui-même,
politiquement." " Les sénateurs PvdA, en définitive, ont peut-être bien
ressoudé le gouvernement, comme Balkenende l’a suggéré mercredi
. Dans ce
cas, ils ont doublement dupé Wouter Bos : cela fait des mois que le leader PvdA
clame qu’il en a assez de cette coalition
. Bos préférerait qu’il y ait des
élections dès demain. C’est devenu moins probable."

 

Commentaires

" En
démissionnant, Thom de Graaf a tiré une conclusion logique et compréhensible de
la Nuit de Van Thijn
", fait valoir l’éditorialiste du Trouw . " Le
leader du groupe D66, Dittrich, avait tiré sa conclusion beaucoup plus vite
.
Immédiatement après le vote au Sénat, il avait déclaré que le D66 était aussi
dans le gouvernement pour la qualité de l’enseignement et la gestion de la
nature
. Il ne rendait ainsi justice ni à De Graaf, ni à son parti .
Lors de la formation de gouvernement, le D66 a revendiqué un portefeuille à part
pour la rénovation administrative et l’a confié à son numéro un. Alors on ne
peut pas faire brusquement comme s’il ne s’était rien passé avec le blocage de
l’élection des maires et passer sans ciller à l’ordre du jour. La politique crée
des obligations auxquelles il faut se tenir, sinon elle favorise la
dépravation."

" On
peut se demander à cet égard si [les autres responsables D66 ont] bien fait de
ne pas suivre De Graaf
. Le gouvernement est ainsi sauvé pour le moment - la
question se limite à une crise ministérielle - mais il est clair que la perte
d’un vice-premier ministre respecté est un coup dur pour lui." Il est également
clair, selon le journal chrétien progressiste, " que le leader politique Bos
n’a pas encore l’autorité nécessaire pour rallier tout son parti à son enjeu
d’une administration plus conforme à notre époque
". " C’est dommage, car
il est urgent de moderniser notre système constitutionnel, comme les événements
de 2002 l’ont montré
."

" La
décision du ministre de la Rénovation administrative De Graaf de démissionner
est compréhensible, mais déraisonnable
", considère le Volkskrant . " L’opposition
de gauche n’avait tout simplement pas envie de coopérer à l’introduction de
l’élection directe des maires
, car à aucun moment, durant le débat de mardi,
le PvdA, GroenLinks et le SP n’ont laissé apparaître dans quelles circonstances
ils pouvaient approuver le retrait de la nomination des maires de la
Constitution. Ils ont tenu De Graaf en haleine. Le sénateur PvdA Van Thijn n’a
jamais eu l’intention de se laisser convaincre, mais il a refusé de montrer ses
cartes."

" Le
CDA et le VVD, qui n’ont pourtant pas un penchant naturel pour les expériences
démocratiques, ont mieux retenu la leçon de 2002
. Rétablir la confiance
entre les électeurs et les élus est la première mission du deuxième gouvernement
Balkenende."

" Aussi
pénible que soit la situation pour De Graaf, il n’aurait pas dû abandonner
.
Il n’y aura pas de maire élu en 2006, mais il faut l’introduire le plus
rapidement possible -c’est aussi l’avis de la majorité des électeurs
. Le
successeur de De Graaf devra déposer le plus rapidement possible un nouveau
projet de loi portant suppression de la nomination des maires dans la
Constitution."

" Le
fait que De Graaf se soit retrouvé isolé au sein de la coalition comme dans son
propre parti révèle un manque de capacités d’anticipation et de gestion
. Il
aurait dû se préparer pour le pire des scénarios : que faire en cas de rejet par
le Sénat de la modification de la Constitution ?"

L’ Algemeen
Dagblad
parle d’un " drame personnel pour le vice-premier ministre D66 ".
"La démission d’un vice-premier ministre est un coup dur pour la coalition
CDA-VVD-D66." " Il est incompréhensible que les sénateurs PvdA aient rejeté la
proposition de De Graaf. Si même le leader du PvdA, Wouter Bos, ne peut pas
l’expliquer, il y a quelque chose qui ne va vraiment pas dans ce parti
."

" La
démission hier soir du ministre D66 De Graaf n’était pas vraiment nécessaire
",
de l’avis du Telegraaf . Le journal populaire estime que le ministre de la
Rénovation administrative avait fait suffisamment de concessions au PvdA. "Mais
ce parti voulait lui faire un croche-pied pour se venger de son soutien à
l’avènement de la coalition CDA-VVD. Il n’y a pas d’autre explication à
l’obstination opportuniste des sénateurs PvdA. Le fait que Wouter Bos n’ait pas
su prévenir cette situation ne plaide pas en faveur de son leadership."

 

Actualité
internationale

Union européenne

" Le
président français Chirac affirme avoir sauvé le visage social de l’UE
",
écrit le correspondant à Bruxelles du Trouw p.2). " Mais la directive
sur les services est toujours en grande partie intacte
. Cette directive,
qu’on appelle aussi la directive Bolkestein, était au centre du sommet des chefs
d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, cette semaine."

"Le
premier ministre luxembourgeois Juncker n’a pas voulu parler de possibles
adaptations, mardi soir. Hier, le ministre néerlandais des Affaires étrangères
Bot a également laissé entendre qu’il n’avait pas vu de grandes adaptations. La
proposition de directive sur les services est en grande partie intacte. Chirac,
durant la réunion, n’a pas touché au principe d’origine. Selon ce principe, les
salariés peuvent travailler dans un autre pays de l’UE dans les conditions -
parfois beaucoup plus avantageuses - en vigueur dans leur propre pays. Bot
qualifie ce principe d’’alpha et oméga’ de la directive Bolkestein."

" Pourtant,
les collègues de Chirac lui concèdent cordialement le rôle de héros dans ce cas.
En effet, il est peut-être en train de sauver autre chose : la sympathie des
Français pour la Constitution européenne, au référendum du 29 mai
."

" L’Allemagne
a dépouillé le Pacte de stabilité
", remarque le même Trouw en page 3,
dans un article d’ambiance. " La France dit avoir obtenu des concessions
concernant la directive sur les services. La morosité est complète dans l’Union
européenne
."

" Les
25 chefs d’Etat et de gouvernement ont tous donné l’impression mardi qu’ils
rentraient chez eux en vainqueurs - le président français Chirac en tête
",
écrit le Volkskrant (p.5). "Les leaders de l’UE ont seulement déclaré que
la directive Bolkestein devait recevoir un visage plus social, mais ils ne se
sont pas prononcés sur la façon d’y arriver. Ils ont ainsi accordé au président
français la possibilité de rentrer à Paris avec un beau résultat. Mais
immédiatement après le sommet il est apparu que chacun interprétait l’accord à
sa manière."

" Ce
résultat peut plaire à pratiquement tous les politiques français
", remarque
le correspondant du Volkskrant à Paris, Fokke Obbema, sur la même page,
après un long développement sur la déformation du nom Bolkestein en France.
"Aussi bien aux partisans du ’non’ qu’à ceux du ’oui’ au référendum sur la
Constitution européenne. La tension à propos de cet événement qui aura lieu le
29 mai monte au point que la politique française se divise constamment en ces
deux camps."

" Tout
le monde est donc content, mais la question est de savoir si les moyens que les
Français ont employés ne sont pas pires que le mal
." " Le résultat est
qu’il y a belle lurette que l’électeur moyen ne sait plus de quoi il s’agira au
juste le 29 mai
."

"Paradoxalement, Chirac doit sa victoire [à Bruxelles] aux deux sondages
d’opinion qui indiquent qu’un ’non’ français à la Constitution est une
possibilité réelle. Ils lui ont fourni une position de négociation très forte au
sein de l’UE, car ses partenaires européens font maintenant tout pour le
satisfaire. La France, du point de vue géographique, politique et économique,
occupe une place tellement centrale dans l’UE qu’un ’non’ français signifierait
inéluctablement la fin de la Constitution
."

"Chirac
a habilement profité de cette position de force pour obtenir gain de cause à
Bruxelles. Simultanément, il ne faut pas qu’il s’étonne du sondage parmi les
paysans français, qui a été publié cette semaine. Il en ressort que deux paysans
sur trois sont contre la Constitution. Le fait que la majorité d’entre eux
aurait fait faillite depuis longtemps, sans Bruxelles, ne compte pas pour eux.
Leur opposition à la Constitution fait partie de leur combat contre ’l’Europe
libérale’, l’UE de ’Bolkestain’. Si Chirac, le 29 mai, entend le peuple français
dire ’non’ à la Constitution, il récoltera ce qu’il a lui-même semé."

Dans le
Telegraaf (p.11), Gemma Buters fait valoir que " le moteur
franco-allemand fait de nouveau avancer l’UE
". " Le Pacte de stabilité
sera affaibli, la libéralisation controversée du secteur européen des services
aura un visage ’plus social’ et le processus de Lisbonne de stimulation de
l’économie est de nouveau sur les rails
. Schröder est content, Chirac est
content, Juncker est content, Barroso est content et tout cela en un temps
record : les chefs d’Etat et de gouvernement européens n’ont eu besoin que de
cinq heures pour traiter ces dossiers difficiles, mardi et mercredi."

 

Actualité
intérieure

Ambassade de Chine à La Haye

" Un
vent nouveau souffle à l’Ambassade de Chine à La Haye
", relève le Trouw
(p.11). " Pour la première fois dans l’histoire, l’ambassadeur a invité la
presse
. Cela fait plus d’un an et demi que la juriste Xue Hanqin, qui a fait
une partie de ses études à New York, réside aux Pays-Bas et c’est son premier
poste diplomatique. Xue Hanqin, 48 ans, veut changer d’approche. Elle ne veut
plus constater avec résignation que les journalistes occidentaux écrivent des
articles négatifs sur la Chine, elle veut engager le dialogue."

"Elle-même et tous les chefs (masculins) de service étaient présents hier à
cette manifestation exceptionnelle dans le tout nouveau bâtiment de la chic
allée haguenoise Willem Lodewijklaan."

Après
avoir présenté tous ses collaborateurs, Xue Hanqin s’est lancée dans une
explication de la nouvelle loi anti-sécession adoptée récemment par la Chine et
visant Taiwan.

 

Affaires françaises  

Le NRC Handelsblad (p.5) d’hier soir reprend les arguments de deux adversaires
de la Constitution européenne, le sénateur socialiste Mélenchon ("Tout est
mensonge") et le député UMP ("Le couronnement de l’impuissance").

L’ Algemeen
Dagblad
(p.7) contient un reportage illustré sur les cas de polygamie aux
Mureaux, en région parisienne.

Le Financieele Dagblad (p.2) présente Ernest-Antoine Seillière, qui présidera
l’organisation patronale européenne Unice à partir du 1er juin.

 

Dernière modification : 24/03/2005

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