Presse néerlandaise du lundi 11 avril 2011

- De Volkskrant (centre gauche) : Deuil à Alphen après le bain de sang

- Trouw (chrétien progressiste) : On ignore pourquoi il a tiré.

- AD Haagsche Courant (indépendant populaire) : Alphen en deuil

- De Telegraaf (populaire) : Stupéfaction

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ACTUALITÉ INTERNATIONALE

Islande

« Les Islandais disent encore non », annonce le Volkskrant. « De Jager veut aller au tribunal », ajoutent le Trouw et le Financieele Dagblad. A l’issue du référendum islandais, où 60% des électeurs se sont prononcés contre l’accord de remboursement passé entre l’Islande et la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, le ministre des Finances néerlandais, M. de Jager, a commenté : « Je suis très déçu que l’accord sur Icesave n’ait pas été accepté. Cela n’est bon ni pour l’Islande ni pour les Pays-Bas. Le temps des négociations est terminé. L’Islande conserve l’obligation de nous rembourser. L’affaire est maintenant entre les mains de la justice ». Le Trouw précise que M. de Jager « a le soutien de la majorité des partis à la Deuxième Chambre ». Selon le Volkskrant, « les Pays-Bas et la Grande-Bretagne devraient récupérer une grande partie de leur argent. Les avoirs de Landsbanki devraient permettre de financer près de 90% du dédommagement aux détenteurs de comptes d’Icesave (1,3 Md€ aux Pays-Bas et 2,5 Md€ à la Grande-Bretagne) ».


AFFAIRES EUROPÉENNES

Interview du ministre des Finances

Le Volkskrant (p.26) publie une interview du ministre des Finances, M. de Jager, sous le titre : « Je préfère récupérer de l’argent en Europe ».

M. De Jager explique que sur « les 18 Md€ d’économies prévues, 1 Md€ devrait être récupéré sur les versements à l’UE. (…) C’est le minimum, à côté de cela, on peut aussi s’efforcer de percevoir plus d’argent de l’UE ». Interrogé sur les subventions aux pays les plus pauvres de l’UE, le ministre envisage la possibilité de les réduire dans certains cas, « par exemple dans l’Est de l’Europe. Cela ferait une grosse différence. Actuellement l’Allemagne de l’Est et le Sud de l’Italie perçoivent des sommes importantes alors que le Nord de l’Allemagne et de l’Italie font partie des régions les plus riches d’Europe. De notre point de vue, il revient à ces pays de financer leurs régions pauvres ». Interrogé sur les réunions du PE à Bruxelles et à Strasbourg, M. de Jager se déclare favorable à un siège unique à Bruxelles et précise que le Premier ministre M. Rutte va défendre cette position. (…). Il rappelle en conclusion que « Les Pays-Bas ont deux grandes priorités en Europe : la politique budgétaire et la politique d’asile ».

Séminaire libéral

« Pour l’Euro, Rutte est prêt à sacrifier de la souveraineté, pourvu que cela permette un contrôle plus strict des budgets des Etats membres et garantisse l’application de sanctions », retient le Trouw (p.10) d’un séminaire organisé ce week-end par le parti libéral. « Un meilleur contrôle et des sanctions élevées permettraient d’éviter beaucoup de problèmes ». A la fin de ce symposium, son président M. Jan-Kees Wiebenga, membre du Conseil d’Etat, a conclu : « Pour sauver l’Euro, les Pays-Bas sont condamnés à accepter plus d’Europe ».


ACTUALITÉ INTÉRIEURE

Fusillade d’Alphen

Tous les journaux consacrent un place importante à une fusillade qui a eu lieu samedi dans un centre commercial d’Alphen aan den Rijn : 6 personnes ont été tuées et 17 ont dû être admises à l’hôpital. Dimanche soir, 12 blessés étaient encore hospitalisés. L’auteur de la fusillade, un homme de 24 ans, s’est donné la mort. Le Premier ministre, M. Rutte, et le ministre de la Sécurité et de la Justice, M. Opstelten, se sont rendus dimanche soir à une réunion organisée par le maire d’Alphen en mémoire des victimes. La Reine Beatrix a adressé un message de condoléances aux familles.

Intégration - immigration

a) « Le ministre de l’Immigration et de l’Asile, M. Leers, assouplit la politique d’asile : les jeunes filles occidentalisées ont le droit de rester », note le Telegraaf de samedi (p7). La décision du ministre fait suite à l’expulsion prévue d’une jeune fille afghane de 14 ans, dont les parents étaient arrivés en fin de procédure après avoir résidé dix ans aux Pays-Bas. La décision d’expulsion avait suscité beaucoup d’émotions aux Pays-Bas. Une communication interne du ministère des Affaires étrangères sur les difficultés que rencontrent les lycéennes occidentalisées en Afghanistan a convaincu M. Leers de revenir sur sa décision. Sous le titre « Des remous au sein du PVV (le parti de Geert Wilders) sur la nouvelle politique relative aux filles afghanes », le Volkskrant (p6) évoque également « la nouvelle catégorie de demandeur d’asile, occidentalisée, de sexe féminin, ayant entre 10 et 18 ans, d’origine afghane et ayant résidé aux Pays-Bas depuis au moins 8 ans ».Ce journal relève que la décision du ministre est à l’origine d’une discorde au sein du PVV : le député M. Fritsma approuve la décision tandis que M. Brinkman la qualifie de délirante. Les partis d’opposition s’interrogent également. Le député D66, M. Schouw, demande quels sont les critères pour déterminer une ‘occidentalisation’. Est-ce juridiquement valable ? Est-ce que des garçons peuvent également ‘s’occidentaliser’, la question s’applique-t-elle également aux garçons et aux filles d’autres pays ? Quant au député PvdA, M. Spekman, il prépare une proposition de loi pour tous les enfants qui sont enracinés aux Pays-Bas et qui, à cause d’une défaillance de l’Etat néerlandais, résident ici depuis plus de huit ans. »

b) « Amsterdam (178 nationalités différentes) et Rotterdam (174) vont unir leurs efforts dans la lutte contre la fracture ethnique », rapporte le Volkskrant (p7). « Les deux métropoles veulent s’attaquer ensemble à la question de l’intégration dans les grandes villes. » Le journal note que « cette union est remarquable puisque, depuis l’arrivée de Pim Fortuyn en 2002, les deux villes avaient choisi des politiques totalement différentes. Tandis que le maire d’Amsterdam, M. Cohen (PvdA), voulait conjuguer les efforts, son homologue de Rotterdam, M. Opstelten (VVD), avait instauré une politique de tolérance zéro. Maintenant, les deux villes se rapprochent, puisqu’il y a moins d’espace pour une politique d’intégration adaptée depuis que le PVV est le partenaire de soutien du gouvernement minoritaire. Les deux universités (l’Université Erasme de Rotterdam et l’Université d’Amsterdam) vont également coopérer et présenteront en septembre une première étude comparative sur les problèmes et les perspectives dans les deux villes. »

c) Dans son édition de samedi, le Volkskrant (p9) consacre un article au nombre croissant de Bulgares sans diplômes qui arrivent à Rotterdam. « La ville est d’avis que l’UE doit contribuer aux frais pour les accueillir. En investissant dans les régions pauvres en Bulgarie et en Pologne, l’Europe doit éviter que d’autres Européens des pays de l’Est partent en Europe occidentale. ‘Ces gens arrivent ici à cause de la libre circulation. L’Europe ne peut pas ignorer les conséquences de ces migrations pour des villes néerlandaises et belges’ déclare l’échevin de Rotterdam, M. Karakus (PvdA). Il organise avec ses collègues de Gand un sommet sur cette question à Bruxelles en juin pendant lequel les communes néerlandaises et belges pourront faire du lobbying de concert avec les habitants de l’Europe de l’Est auprès de l’Union Européenne pour obtenir plus d’argent. »

Aide sociale

Dans une interview dans le Volkskrant (p12), le secrétaire d’Etat aux Affaires sociales et à l’Emploi, M. De Krom, explique que des mesures plus sévères pour recevoir une aide sociale sont nécessaires pour maintenir la solidarité. « Aux Pays-Bas il y a 1,4 million de personnes qui perçoivent une aide. Un demi-million pourrait travailler mais ne le fait pas (…). C’est nécessaire, aussi bien socialement qu’économiquement. En plus, ces mesures engendreront 150 millions € d’économies, mais ce n’est pas la raison principale. Il y a beaucoup de postes vacants dans l’horticulture, l’agriculture et la restauration. Dans ces secteurs, des diplômes ne sont pas toujours nécessaires. Mais les employeurs aussi doivent agir. Il est dans leur intérêt de se concentrer sur ces groupes qui sont un peu éloignés du marché de travail (…). ».

L’article présente un résumé des nouvelles mesures : « les jeunes jusqu’à 27 ans doivent d’abord chercher pendant quatre semaines un travail ou une formation avant de pouvoir percevoir une aide (env. 10.000 jeunes concernés) ; les communes pourraient demander aux personnes une contrepartie sous forme de travail (356.000 personnes concernées) ; les revenus seront désormais calculés par foyer – parents et enfants- (env. 20.000 personnes) ; les femmes ayant des enfants de moins de 5 ans doivent chercher du travail (32.000 femmes) ; les personnes bénéficiant d’une aide financière auront moins de vacances : en dessous de 65 ans, les vacances accordées passent de 13 à 4 semaines. Au dessus de 65 ans, les personnes pourront passer 8 semaines à l’étranger, au lieu de 26 semaines. »

Fonction publique

Le Volkskrant annonce que les députés Eddy van Hijum (CDA) et Fatma Koser Kaya (D66) vont déposer cette semaine une proposition de loi visant à aligner la situation des fonctionnaires sur celles des salariés du secteur privé, notamment en ce qui concerne le droit de licenciement. « Ils estiment que la position particulière des fonctionnaires n’est plus de ce temps : ‘Ils ont maintenant le droit de grève, ils ont un genre de convention collective. L’étape suivante est l’alignement de leur position juridique’, explique M. van Hijum. (…)Cette modification concerne environ 6000 fonctionnaires. Seul un petit groupe (7,5%) pourrait garder un statut particulier, au ministère de la Défense et dans la magistrature. Van Hijum et Koser Kaya pensent qu’une majorité parlementaire soutiendra leur proposition ».

Financement des partis politiques

Le ministre de l’Intérieur et des Relations au sein du royaume, M. Donner, va déposer un projet de loi visant à ce que l’Etat ne puisse plus verser les émoluments d’un responsable politique à son parti (au niveau municipal, provincial ou national). Le Volkskrant explique « le SP, le seul parti touché par cette nouvelle réglementation, parle de ‘loi de circonstance’. Les représentants du SP reçoivent leurs émoluments de leur parti : pour les conseillers municipaux, celui-ci prélève trois quart de leur indemnité ou la moitié dans les grandes villes ; pour les échevins, les responsables provinciaux, les députés et les sénateurs, le parti verse un salaire ‘moyen’. En 2010, cette méthode a rapporté 2,8 millions €, qui permettent de financer des formations, des campagnes, des indemnités pour les bénévoles ».

Défense

Les Pays-Bas ne sont pas le seul pays à économiser sur la Défense. L’ancien secrétaire général de l’OTAN, M. De Hoop Scheffer, déclare à ce sujet : « Il existe déjà un manque d’hélicoptères de transport en Europe. Il est préoccupant que les Pays-Bas se séparent de tous ces hélicoptères Cougar. On réalise des économies sans concertation avec les autres [pays européens]. Le QG de l’OTAN également s’inquiète. D’autant plus que l’Angleterre, la France, l’Allemagne et la Belgique, pour n’en citer que quelques-uns, réalisent également des économies. Et tout cela sans coordination, ni au niveau de l’OTAN, ni au niveau européen. Avec le danger que tous fassent le même choix et que des trous puissent se former. » Selon M. De Hoop Scheffer, « il est bon que le ministre néerlandais de la Défense, M. Hillen, ait fait des choix : mais ils devraient être faits en concertation avec les autres pays, puisque l’Europe prétend pouvoir maintenir un appareil de Défense autonome, sans les Américains. » (AD p.13).


LA FRANCE DANS LA PRESSE NÉERLANDAISE

Le correspondant du Volkskrant rend compte d’un débat organisé à l’Institut Néerlandais à Paris sur le thème des économies dans le secteur de la culture, et note que celui-ci a été « très révélateur des différences culturelles entre les deux pays ».(…) « Les Néerlandaisfont preuve de pragmatisme lorsque des mesures d’austérité sont annoncées ».

A SIGNALER

- UE : Le Volkskrant de samedi publie une tribune de M. Frits Bolkestein dans sous le titre : « « Si l’Union Européenne continue ainsi, elle court à sa perte » (p. 30-31).
- Cour Européenne des droits de l’Homme : en réponse à la tribune publiée le 7 avril par M. Stef Blok, président du groupe parlementaire libéral à la Deuxième Chambre, quatre universitaires font valoir dans le Volkskrant de ce matin qu’il n’y a « rien à reprocher à la convention européenne sur les droits de l’Homme ».

Cette revue de presse ne prétend pas à l’exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse néerlandaise, qui n’engagent en rien le point de vue propre de l’ambassade de France aux Pays-Bas.

Dernière modification : 11/04/2011

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