Presse néerlandaise du lundi 18 novembre 2002

Le football, ce matin, ne se confine pas
dans le cahier sportif du populaire De Telegraaf, comme c’est le cas tous
les lundis, il fournit aussi le grand titre. L’Algemeen Dagblad
lui réserve aussi une large place, tandis que le Volkskrant et le
Trouw
titrent sur l’actualité internationale et publient chacun une photo
d’oiseau atteint par la marée noire en Galice. 

Trouw
 : "La Corée du Nord reconnaît qu’elle possède des armes nucléaires", "Traitement
de faveur pour le général Van Baal" (enquête parlementaire sur la chute de
Srebrenica), "Halsema : plutôt un grand SP qu’un grand VVD"

de Volkskrant
 : "La côte espagnole est couverte de pétrole", "L’attentat de Hébron visait
l’armée"

Algemeen
Dagblad
 : "La police relâche souvent les enfants à la
dérive – La Justice ouvre une enquête", "Shinji Ono et Feyenoord en extase",
"Les Coréens du Nord ont l’arme atomique"

De Telegraaf
 : "La subvention au football menacée – Bruxelles pose une bombe sous le soutien
aux clubs professionnels", "Les intempéries ravagent l’Europe centrale", "Feyenoord
gagne un match au sommet"

 

 

Le dossier du
jour : Paul Rosenmöller

 

L’ensemble de
la presse de samedi a annoncé et commenté le départ inattendu du leader
GroenLinks Paul Rosenmöller
.

" Les milieux politiques de La Haye sont
surpris par le prochain départ du président du groupe parlementaire GroenLinks
,
Paul Rosenmöller", écrit le Trouw de samedi à la une. "Le chef de file
GroenLinks a fait savoir vendredi qu’il mettrait le point final à sa carrière
politique fin janvier. Femke Halsema, la numéro deux, devrait lui succéder en
tête de la liste des candidats aux prochaines élections
."

"Rosenmöller juge trop lourd le tribut
qu’il devrait payer pour la prochaine campagne électorale et pour quatre
nouvelles années à la Deuxième Chambre. Lui et sa famille souffrent toujours
des effets des menaces qui ont commencé après le meurtre de Pim Fortuyn
. Rosenmöller, les derniers temps, s’irritait aussi de ’l’agitation’ de la
pratique politique et ne se sentait plus à l’aise à la Deuxième Chambre
.
’Quand on sent alors qu’un autre peut faire mieux, il faut prendre ses
responsabilités’."

" Je savais que lui et sa famille ont
reçu de sérieuses menaces. Sa vie et celle de sa famille ont été passablement
empoisonnées’, a déclaré Balkenende
. ’C’est un homme qui a une grande
autorité, un collègue agréable dans les contacts. Quand une telle personne
arrive à la conclusion qu’elle ne doit plus continuer, c’est tout simplement
triste’, a commenté le premier ministre."

" Les collègues de Rosenmöller disent
qu’il leur manquera en tant que personnalité politique appréciée et fin
débatteur
." "Le SP, contre lequel Rosenmöller avait encore ouvert
l’offensive, déclare avoir beaucoup de considération pour l’engagement du chef
de file GroenLinks en faveur d’une société meilleure."

" Le
successeur pressenti de Rosenmöller, la députée Femke Halsema, bénéficie du
soutien unanime du groupe parlementaire, de la direction du parti et de la
commission des candidats
. Les membres du parti décideront dans une semaine."

" En cinq ans, Femke Halsema s’est
transformée de ’cette jolie fille’ en femme politique respectée
", note le Volkskrant (p.3) de samedi dans un "profil". " Femke Halsema n’était pas
encore une figure politique connue en 1997
. Son passage du PvdA à
GroenLinks n’a donc pas été aussi remarqué que le récent transfert d’Ayaan Hirsi
Ali au VVD
."

"Elle avait coopéré pendant cinq ans au
programme électoral du PvdA, au sein de la Fondation Wiardi Beckman, le bureau
scientifique du parti. Du point de vue électoral, le parti se portait bien, mais
Halsema s’y sentait de moins en moins à l’aise. ’Le parti ne s’occupait pas de
l’environnement, il prenait des positions dures sur les demandeurs d’asile et
les thèmes matériels dominaient’ : telle était son analyse à l’époque. La
rupture définitive a eu lieu après le sommet européen d’Amsterdam, lorsqu’une
Halsema en colère a vu ses collègues de parti Nordholt [le commissaire
principal] et Patijn [le maire] faire arrêter des ’manifestants pacifiques’."

"GroenLinks a
accueilli Halsema (née en 1966, criminologue de son état) à bras ouverts. Elle a
reçu la troisième place sur la liste du parti, s’est d’emblée montré combative à
la Deuxième Chambre et s’est rapidement transformée, selon ses propres dires, de
’cette jolie fille de gauche’ en femme politique respectée. On l’a bien vite
considérée comme leader potentiel du parti."

" La génération post-Pim a définitivement
repris la barre à La Haye
", remarque le même Volkskrant dans une
analyse. " Avec le départ de Paul Rosenmöller, l’une des figures de proue de
la gauche, tous les grands acteurs des élections dramatiques de mai 2002 ont
pris congé
."

 

Commentaires

" Paul Rosenmöller s’est retiré juste à
temps comme leader de GroenLinks
", selon l’éditorialiste du Trouw de
samedi. "Il n’était plus l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, ainsi qu’il
ressortait cette semaine de ses manœuvres bizarres en direction du SP. Il a en
tout cas laissé maintenant à son parti la possibilité d’entrer en campagne avec
un nouveau leader, selon les prévisions la talentueuse Femke Halsema."

Le journal
chrétien progressiste juge quot ;peu satisfaisant" que Rosenmöller invoque surtout
les menaces dont il a fait l’objet pour justifier son départ
, "aussi graves
soient-elles". "Il suggère maintenant qu’il cède à ces intimidations, une
récompense involontaire pour ces vils comportements. En second lieu, il
contourne le fait qu’il ait aussi des raisons politiques de céder la place à un
autre
. Son comportement farfelu vis-à-vis du SP montrait que Rosenmöller
avait perdu son élan." "Les deux dernières années, les tentatives de Rosenmöller
de jeter un pont entre l’idéalisme et le réalisme, comme il l’a dit lui-même un
jour, étaient restées infructueuses." "Au lieu d’un solide pont, les dernières
années ont montré un parti qui oscillait entre ses idéaux et la réalité .
Cette image a dominé dans la question du cap à suivre sur l’Afghanistan." " GroenLinks
est devenu synonyme d’une atmosphère de correction politique élitiste
. A cet
égard, Rosenmöller est une victime à déplorer. Cela veut aussi dire qu’une
lourde tâche attend Halsema."

" Paul Rosenmöller a su faire d’un
groupuscule sans assurance appelé GroenLinks un parti politique sûr de lui
",
rappelle le commentateur du Volkskrant de samedi. "La percée est venue en
1998, lorsque le parti est passé de cinq à onze sièges. Rosenmöller était le
contraire d’un politique sectaire convaincu d’avoir raison. Il cherchait
constamment des possibilités de coalition. Son objectif était un gouvernement
progressiste GroenLinks, PvdA et CDA
."

Le journal de centre-gauche qualifie de
"déroutantes" les "tergiversations" de Rosenmöller concernant les actions
américaines en Afghanistan. Et "la droitisation du climat politique par suite de
l’avènement de Fortuyn a poussé GroenLinks à se tenir sur la défensive. Rosenmöller s’est opposé à Fortuyn beaucoup plus vivement que son collègue SP
Marijnissen
. Cela lui a valu une campagne de haine contre sa personne et
sa famille
. Il a dû être frustrant pour Rosenmöller de voir que GroenLinks,
à la différence du SP, n’a pas su profiter du déclin de leur grand concurrent,
le PvdA. GroenLinks est resté un parti pour intellectuels de gauche et n’a
pas réussi à atteindre un électorat plus large
. Il est resté fidèle à un
multiculturalisme un peu mièvre et il n’a pris au sérieux le thème de la
sécurité que très tard."

" Rosenmöller
a annoncé qu’il avait dépassé son apogée
. Il n’était plus à même de faire
grandir GroenLinks. Comme personne ne pouvait ou ne voulait le faire partir, il
était le seul à pouvoir décider de céder la place. Il a ainsi rendu un grand
service à son parti
. La difficile fin de sa carrière ne doit pas faire
oublier que Paul Rosenmöller était un bon leader, qui a fait de la ’petite
gauche’ un parti moyen
."

" Rosenmöller a le mérite d’avoir su
faire de GroenLinks un parti qui ne jouit pas exclusivement de son propre
discours oppositionnel
", fait valoir l’ Algemeen Dagblad . " Son but
était d’ancrer dans la politique néerlandaise la coopération entre anciens
communistes, pacifistes et radicaux, afin que le parti devienne un candidat
sérieux à la participation au gouvernement
." "Cette perspective semblait
réalisable jusqu’au début de l’année, mais l’ascension rapide de Pim Fortuyn
a également tout gâché pour Rosenmöller
. Bien qu’il ait lutté pendant huit
ans contre la politique des gouvernements Paars de Kok, il a été associé contre
son gré, grâce à Fortuyn, à la pernicieuse politique haguenoise et à ses
méprisables messes basses." " Tout comme l’ancien leader PvdA Melkert,
Rosenmöller s’est vu faire le reproche insensé d’avoir été trop dur vis-à-vis de
Fortuyn
. C’est pourquoi il a lui aussi été menacé, ainsi que sa famille,
après le meurtre du 6 mai."

Le journal de
Rotterdam considère les récentes attaques de Rosenmöller contre le SP de
Marijnissen comme une "action inutile" qui a "nui à sa réputation personnelle
autant qu’à celle de son parti". "La fatigue politique fait faire de telles faux
pas. Manifestement, Rosenmöller s’en est rendu compte à temps et passe le
flambeau à la talentueuse Femke Halsema."

Le commentateur du Telegraaf parle
de " décision raisonnable " qui convient "à une époque où les électeurs
réclament la rénovation de la politique et le remplacement des figures de proue
politiques". "Rosenmöller s’est efforcé avec passion et conscience, pendant
treize ans, de réaliser les objectifs de son parti - avec peu de succès,
heureusement."

Selon le
journal conservateur, " il est douteux que GroenLinks, sous la direction
probable de Femke Halsema, mène désormais une politique plus réaliste
". "Il
faut espérer qu’elle échangera l’idéalisme de la société multiculturelle contre
l’indispensable intégration des minorités aux Pays-Bas. Au demeurant, elle
sera elle aussi gênée par le SP, dont on peut se demander si tous ses électeurs
savent quels projets funestes ce parti réserve à notre pays
."

Le NRC Handelsblad
de samedi, enfin, juge le changement à la tête de GroenLinks " passionnant
pour le déroulement des prochaines élections
". " Il semble de plus en plus
probable qu’au sein de la campagne électorale se déroule encore une campagne à
part entre les partis de gauche
. Le SP de Marijnissen, qui progresse
rapidement dans les sondages d’opinion, fait concurrence au PvdA comme à
GroenLinks. L’offensive farouche de Rosenmöller contre Marijnissen, affaiblie
par la suite, a exposé la grande nervosité qui règne. La gauche est surtout
occupée par elle-même en ce moment
. Cela doit être une pensée rassurante
pour le CDA et le VVD
."

 

 

Actualité
internationale

 

Irak :
éventuelle participation néerlandaise à une action américaine

" Il n’y a
plus de majorité, aux Pays-Bas, en faveur de l’envoi de troupes terrestres
néerlandaises en Irak
", relève l’ Algemeen Dagblad (p.5). de samedi.
"Seuls estiment que le gouvernement, en cas de guerre, doit détacher
des militaires de l’armée de terre, contre 56 % l’an dernier . C’est ce
qui ressort d’un sondage d’opinion NIPO. Si les inspections des Nations Unies
échouent, 60 % se prononcent pour une action militaire contre l’Irak."

 

 

Actualité
intérieure

 

D66

" Le D66 veut légaliser les drogues
douces
", retient le Telegraaf (p.3) ce matin du congrès du parti à
Zwolle. "Le D66 veut s’attacher à la légalisation des drogues douces. C’est ce
que le président du groupe parlementaire, Thom de Graaf , a déclaré samedi
à Zwolle, lors d’un congrès qui a attiré beaucoup de visiteurs et où il a été réélu tête de liste à une très grande majorité . Il vaut mieux employer
l’argent, le temps et l’énergie de tous ces fonctionnaires de la police et de la
justice contre les vols à la tire, la dégradation de la société et la violence
gratuite, que contre le commerce de cannabis’
, selon De Graaf. ’Le risque
que représente le cannabis pour la santé est négligeable en comparaison du tabac
et des drogues dures et pourtant nous dépensons des centaines de millions
d’euros pour la lutte contre le cannabis. C’est insensé !’"

"Outre De Graaf, il y avait dix autres
candidats à la direction de la liste électorale, mais il a tout de même obtenu
plus de quatre-vingts pour cent des voix. Après avoir essuyé des critiques sur
son action terne, il a assuré sa base qu’il était ’incroyablement hargneux et
fanatique’ pour lutter contre le grand cynisme à l’encontre de la politique qui
règne maintenant et pour rendre la politique plus civilisée."

"Le D66, qui obtient de mauvais résultats
dans les sondages, veut supprimer la taxe de six pour cent sur le transfert de
propriété, pour ceux qui achètent une maison pour la première fois. Les
démocrates ne touchent pas à la déduction fiscale de l’emprunt immobilier."

" De Graaf,
s’il le faut, veut modifier la Constitution pour pouvoir intervenir dans les
écoles islamiques
. Pour le reste, De Graaf n’a pas évoqué les violons
d’Ingres du D66, les réformes constitutionnelles comme le référendum et
l’élection du maire" (également Trouw p.3, de Volkskrant p.3, Algemeen Dagblad p.5).

 

PvdA

" Le congrès
du PvdA, samedi, a unanimement confirmé l’élection de Wouter Bos comme tête de
liste
", rapporte le Volkskrant (p.3). "On attendait avec impatience
le discours que Bos devait prononcer samedi. Mais le nouveau leader du parti n’a
pas opté pour une approche concernant le fond politique." "Pas un mot sur sa
propre proposition concernant la déduction fiscale du prêt immobilier, que le
congrès a adoptée à une grande majorité plus tôt dans l’après-midi et dont ses
adversaires politiques, le CDA et le VVD, disent qu’elle rend impossible la
position de départ du PvdA aux élections. Pas un mot pour Melkert, qui assiste
au spectacle à partir du premier rang. Pas un mot pour Wim Kok, qui a également
été présent toute l’après-midi, mais qui est déjà en route vers la maison
lorsque Bos prend la parole" (également Trouw p.3, De Telegraaf
p.6).

 

SP

" Le SP ne
touche pratiquement pas à sa liste de candidats
", note le Trouw
(p.3). "Jan Marijnissen est tête de liste, ensuite viennent les huit autres
membres que le groupe parlementaire SP compte actuellement. "Le premier nouveau,
en dixième position, est Hubert Vankan, qui a fait fureur comme syndicaliste aux
chemins de fer. La première femme du SP, Agnes Kant, figure en deuxième place.
Elle est suivie par Harry van Bommel et Jan de Wit, qui siègent tous deux à la
Deuxième Chambre depuis 1998."

 

VVD

"Le VVD aura
une occasion unique, en janvier, de souffler des électeurs au PvdA effondré",
remarque le Volkskrant (p.2) dans un tour d’horizon intitulé "Qui suivra
Ayaan Hirsi Ali pour rejoindre les libéraux ?" "Mais il n’y a pas la moindre
trace, au VVD, d’une stratégie astucieuse pour attirer les gauchistes déçus."
"Pour le moment, nous avons un œil au beurre noir et le PvdA saigne du nez.
Attendons de remonter à notre ancien niveau", commente l’ancien leader Frits
Bolkestein.

 

Enquête
parlementaire sur Srebrenica

" L’absence
de soutien aérien reste un mystère
", titre le Trouw (p.3) de samedi.
"On peut répondre de deux manières à la question de savoir pourquoi Janvier a
refusé, ainsi qu’il ressort des auditions de vendredi. Ou bien le général
français s’est fait dire à haut niveau - par la direction de l’ONU, à New York,
ou par le président français – qu’il ne devait pas insister, ou bien Janvier a
lui-même reculé le soir crucial, comme l’ONU avant lui, devant l’engagement de
la lourde arme aérienne. Plus tôt la même année, après une série de frappes
aériennes en mai, les troupes de Mladic avait réagi très durement. Un massacre
avait suivi à Tuzla, Bihac avait essuyé de lourds tirs serbes et trois cents
Casques bleus avaient été pris en otages dans les Balkans."

Ce matin, le Volkskrant (p.2) signale que ce sera aujourd’hui le tour du commandant
Karremans de paraître devant la commission d’enquête parlementaire.

 

 

Economie,
Finances

 

Stork

L’ Algemeen Dagblad (pp.1 et 21)
annonce la suppression de plus de 600 emplois dans la division de construction
aéronautique de Stork, en particulier à Woensdrecht (Fokker Services et Fokker
Elmo), en raison du malaise mondial de l’industrie aéronautique.

 

Le Telegraaf
(p.A2) et le Financieele Dagblad (P.21) de samedi ont encore évoqué
l’ouverture d’un magasin Louis Vuitton à Amsterdam. Un "atterrissage en
douceur", selon le second journal.

 

Affaires
françaises 

 

Le Trouw
(p.5) annonce ce matin, dans une brève, l’élection d’Alain Juppé à la présidence
de l’UMP.

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