Presse néerlandaise du mardi 26 juin 2007

La "Major Bosshardt", la soldate de l’Armée du salut la plus connue des Pays-Bas, s’est éteinte hier après-midi à son domicile d’Amsterdam, à l’âge de 94 ans.
C’est en travaillant dans une maison d’enfants, au début des années trente, qu’Alida Margaretha Bosshardt est entrée en contact avec les prostituées, les toxicomanes et les sans-abri du "quartier rouge" de la capitale. Durant la Deuxième guerre mondiale, elle a sauvé la vie de nombreux enfants juifs. Yad Vashem l’a décorée pour ces activités en 2004.
Le RVD, le service d’information du gouvernement, a fait savoir hier soir que la Reine Beatrix est "touchée" par le décès. La Reine a entretenu pendant des décennies de très bonnes relations avec Bosshardt, qu’elle avait accompagnée lors d’une visite incognito du quartier rouge d’Amsterdam en 1965, alors qu’elle était encore princesse.
Le premier ministre Balkenende a déclaré de son côté : "Elle était un exemple lumineux pour tout le monde." Le maire Job Cohen asalué en elle une vraie Amstellodamoise, la personnification même de la devise de la capitale : "héroïque, résolue et charitable."
"Avec le décès de la major Bosshardt, les Pays-Bas ont perdu une grande dame", conclut l’éditorialiste du Telegraaf.

NRC Handelsblad (libéral) d’hier soir : "La coalition et le VVD sont satisfaits du résultat du sommet européen - Le fil conducteur est désormais ce que l’Europe ne doit pas régler", "Enjeu du patronat au sommet de la participation : Des emplois supplémentaires en échange d’un licenciement rapide"
de Volkskrant (centre gauche) : "Amitiés de ’tante major’ - La major Bosshardt, exemple type de la charité chrétienne, est décédée à l’âge de 94 ans - ’Elle était chaleureuse, spirituelle, franche et directe’", "La Renault blanche ne figurait pas sur la liste" (attentat contre la Finul au Liban)
Trouw (chrétien progressiste) : "Les mauvais comportements rendent les élèves de la filière VMBO populaires - Deux délinquants potentiels par classe" (enseignement professionnel secondaire), "La major Bosshardt est décédée"
De Telegraaf (populaire) : "Le PvdA en faveur d’un référendum sur le traité de l’UE", "’J’ai eu une très belle vie’ - La major Bosshardt (94 ans) s’est éteinte chez elle", "La Reine est touchée"
AD Haagsche Courant (indépendant populaire) : "Déjà 17 blessés en Uruzgan - Les blessures des soldats sont aussi plus graves que lors des précédentes missions"

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LE DOSSIER DU JOUR :Traité européen

"Le PvdA est partisan d’un référendum sur le nouveau traité européen", annonce le Telegraaf dans son grand article à la une. "Cette prise de position du parti de coalition crée à la Deuxième Chambre une majorité en faveur d’un nouveau référendum, qui s’est donc rapproché. Le SP, le PVV, GroenLinks et le D66 le prônent depuis longtemps."
"Les partenaires de coalition du PvdA, le CDA et la ChristenUnie, sont contre un référendum. Le VVD n’a pas encore choisi. ’Le résultat est tellement bon qu’il ne faut pas craindre de le soumettre à la population’, déclare le président du groupe parlementaire, Jacques Tichelaar. ’Je ne vois aucun argument contre l’organisation d’un référendum’."
"La prise de position du PvdA est un revers pour le premier ministre Balkenende, qui espérait qu’en tenant compte des souhaits des électeurs un référendum ne serait pas nécessaire."
"Le PvdA a prôné un référendum dans son programme électoral, l’an dernier. Tichelaar souligne que son parti respectera l’accord de gouvernement, qui dit que le Conseil d’Etat doit d’abord faire une recommandation au gouvernement, concernant le nouveau traité. Le groupe PvdA prendra une position définitive lorsque le gouvernement aura pris une décision à la suite de cette recommandation. ’Je respecterai cet engagement’, dit Tichelaar."

"La Haye s’attend à ce que le Conseil d’Etat juge qu’un référendum n’est pas nécessaire", remarque le commentateur politique du journal populaire, Kees Lunshof. "Le nouveau traité n’est plus une Constitution européenne, mais un traité ordinaire. Les électeurs ne sont jamais consultés sur ce genre d’accord. Ce serait d’ailleurs contraire à la Constitution néerlandaise, qui n’admet pas d’ordre contraignant aux parlementaires dans ces cas-là."
"De plus, un référendum n’a pas de sens parce que les électeurs, en fait, n’ont pas de choix. Balkenende et son équipe ne réussiront jamais à pousser les autres Etats membres de l’UE à renégocier. Ces pays se moqueront de nous. L’UE continuera d’avancer dans la voie qu’elle s’est désignée maintenant, malgré un non néerlandais. Un nouveau rejet placera donc notre pays en dehors de l’UE, ce dont personne ne veut." "Le gouvernement courra un énorme risque politique s’il organise un référendum, bien que le gouvernement Balkenende actuel soit plus populaire que le précédent. En effet, les protestataires ont toujours une grande chance de l’emporter lors des consultations de la population. Du fait qu’une renégociation n’est pas possible, le rejet du traité entraînera la chute immédiate du gouvernement et de nouvelles élections. Le PvdA fera bien d’en tenir compte en définissant sa position."

En page d’opinion du NRC Handelsblad d’hier soir, Ben van der Velden, ancien correspondant à Bruxelles du journal, estime que "si le nouveau traité cause de nouveau des problèmes politiques aux Pays-Bas, Balkenende et ses partenaires de coalition le devront à eux-mêmes". "Parce qu’ils ont essayé de vendre une illusion à la ’population’, au lieu de la convaincre de l’intérêt - surtout économique - de l’Europe pour les Pays-Bas."

Dans le Volkskrant, Hans Wansink fait valoir qu’à Bruxelles le premier ministre Balkenende s’est montré un "adroit négociateur" qui a obtenu le maximum. "Un référendum sur le nouveau traité sera donc facile à gagner." "Il peut très bien faire comprendre à ceux qui ont voté non il y a deux ans (y compris moi-même) que le nouveau traité correspond beaucoup mieux aux besoins des Pays-Bas que l’ancien. En outre, le camp des adversaires est divisé. Il n’est pas attrayant pour le SP d’entrer en action contre le nouveau traité avec le PVV de Wilders comme seul allié. Le SP est resté vague sur ses intentions et il n’est pas disposé à tirer l’ultime conséquence d’un non, à savoir quitter l’UE. Wilders, lui, y est disposé mais se retrouve ainsi isolé."
"Il faut ajouter que les électeurs du CDA suivront Balkenende. Ce sera donc à la ChristenUnie de Rouvoet et au PvdA de Wouter Bos de gagner un éventuel référendum."

En page d’opinion du journal d’affaires Het Financieele Dagblad, l’ancien ministre D66 des Affaires économiques, Laurens-Jan Brinkhorst, remarque lui aussi que "le projet du gouvernement a abouti : le résultat national n’est pas mauvais". "Le Conseil d’Etat peut lui aussi être soulagé, car sans drapeau, sans hymne et sans devise on ne peut vraiment pas prétendre qu’un super-Etat européen est en train de se former. Et un référendum n’est donc pas nécessaire."
L’ancien responsable discerne plusieurs "nouvelles tendances" qui sont d’une "importance stratégique à long terme". "Tout d’abord le nouveau traité offre un cadre utile - bien que touffu - pour s’attaquer à un certain nombre de problèmes urgents." "En second lieu, la France est de retour sur scène. Bien qu’en France aussi, un référendum ait eu un résultat négatif, cela n’a pas affecté les pourparlers. De concert avec la présidence allemande, la France a joué un rôle constructif dans la recherche de solutions. On peut dire que le tandem franco-allemand a fonctionné optimalement, sans l’exclusivisme d’antan. Cette tendance se poursuivra à l’avenir."
"La nouvelle marginalisation du Royaume-Uni est une troisième tendance." "En dépit de dix ans de Blair, avec ses beaux discours sur l’Europe, ce pays est devenu une remorque qui freine de plus en plus l’Union. Le danger d’une Europe à deux vitesses s’est indubitablement rapproché."
"Quatrièmement, la Pologne risque de devenir un membre contrariant, les prochaines années. L’invocation délibérée de fantômes de la Deuxième Guerre mondiale confirme l’existence d’un profond traumatisme national. Aussi compréhensible que soit l’amertume laissée par le passé, l’Union a justement été fondée pour la surmonter, il y a cinquante ans. Les dirigeants polonais actuels semblent avoir du mal à le comprendre."
"Pour finir, il faut se demander quelles leçons les Pays-Bas doivent tirer. Du point de vue tactique, il était peut-être nécessaire de nous associer à l’alliance peu naturelle du Royaume-Uni, de la Pologne et de la République tchèque pour obtenir gain de cause dans certains domaines. Mais maintenant que cette phase est passée nous devons nous rendre compte que nous n’avons rien à chercher dans cette alliance de façon permanente. Nos intérêts, politiques aussi bien qu’économiques, sont ailleurs. Nous nous trouvons devant un choix fondamental : allons-nous rejoindre de nouveau une Europe pragmatique, sans dogmes ni étiquettes constitutionnelles, ou suivrons-nous la voie du Royaume-Uni qui, après 35 ans, n’arrive toujours pas à se décider en faveur d’une adhésion à part entière ? J’espère que le gouvernement va enfin prendre la direction de ce processus de remise en question."

ACTUALITE INTERIEURE

Trouw

Le journal chrétien progressiste Trouw a un nouveau rédacteur en chef. Il annonce à la une la nomination hier de Willem Schoonen, actuellement chef de la rédaction économique.
Schoonen, 49 ans, succède à Frits van Exter, qui dirigeait le journal depuis 1998 et qui a quitté ses fonctions en avril. Après avoir fréquenté le lycée classique d’Apeldoorn (Gueldre), il a fait des études d’hygiène environnementale à Wageningen. En 1985, il est devenu rédacteur scientifique au Trouw. Au début des années quatre-vingt-dix il est devenu correspondant à Bruxelles, pour revenir à la rédaction à Amsterdam après six ans.
Schoonen a joué un grand rôle dans le développement du cahier quotidien de Verdieping, dont il a été le rédacteur en chef pendant six ans.

AFFAIRES FRANÇAISES

Le Financieele Dagblad (p.7) et le Trouw (p.8) notent que le président Sarkozy a bloqué hier un des trois chapitres des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.

Dernière modification : 07/12/2009

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