Presse néerlandaise du mardi 3 juin 2003

Les manchettes restent d’un intérêt inégal. La presse àgrand tirage s’intéresse toujours àl’attentat contre l’ancien PDG de Philips et suit l’affaire Margarita, qui réclame 74 000 euros àla banque de la famille royale. L’aéroport de Schiphol et les hôpitaux néerlandais fournissent aussi un grand titre.

NRC Handelsblad d’hier soir : "Paroles apaisantes de Bush au G8", "La durée de la poignée de main de Bush", "Le Sénat examine la manipulation de l’information sur l’Irak" (correspondance de Washington)

De Telegraaf  : "L’agresseur des Pieper était ’un célibataire très comme-il-faut’ – L’auteur travaille àSchiphol", "MeesPierson : Margarita ne dit pas la vérité"

Algemeen Dagblad  : "Veronica cesse d’émettre après 43 ans – Opposition croissante àla fusion avec BNN", "La famille Pieper : plainte contre la police laxiste", "Margarita se querelle avec sa banque"

de Volkskrant  : "Les patients restent trop longtemps àl’hôpital", "Le G8 appelle l’Iran et la Corée du Nord àrenoncer aux armes nucléaires", "Bomhoff cherche son salut àl’étranger"

Trouw  : "Prendre l’avion pour Schiphol et y voler – Pas de contrôle douanier après le vol dans les magasins hors taxe", "’Le souhait de changer de sexe est souvent une idée délirante’", "Querelle au sein du VVD - Hirsi Ali exige le portefeuille de l’intégration"

 

 

 

 

Le dossier du jour : Réunion du G8

La réunion àEvian des huit grandes puissances mondiales (G8) inspire des commentaires qui ont tous trait aux interrogations sur les motifs des Etats-Unis dans la crise irakienne.

L’éditorialiste du NRC Handelsblad d’hier soir, sous le titre "Démasquage", souligne "que les réunions de Pétersbourg et d’Evian étaient et sont inévitablement placées sous le signe de ’l’Irak’ et de ses séquelles, et de ce qui avait précédé : le terrorisme ". " Il est de plus en plus embarrassant qu’on n’ait toujours pas trouvé d’armes de destruction massive en Irak , le troisième (ancien) membre de la bande de l’Axe du Mal."

Selon le journal du soir, on pourrait considérer les affirmations de l’ex-ministre britannique Short concernant les fausses information du gouvernement sur l’armement irakien "comme des propos rancuniers d’une responsable qui a démissionné, si le secrétaire d’Etat américain àla Défense, le superfaucon et idéologue Paul Wolfowitz n’avait pas également indiqué dans une interview que la menace des armes de destruction massive n’était pas la seule et principale raison de l’offensive contre l’Irak". " La vérité sur les motifs exacts n’est pas établie, mais le grand démasquage a commencé . La lutte justifiée contre le terrorisme a débouché sur une guerre préventive controversée, déclarée unilatéralement, contre un régime perverti. Il est excellent qu’il ait été chassé. L’intervention peut en outre réveiller le Moyen-Orient. Mais il devient de plus en plus évident que les motifs de la guerre n’étaient pas convenables, ou en tout cas hypocrites ."

" Les appels àl’arrêt de la production d’armes massives , comme ceux que Poutine et Bush ont lancés le week-end dernier àSaint-Pétersbourg, perdent toute signification si les citoyens des pays acteurs (Wolfowitz, Short) entendent qu’ils ont été mystifiés durant la crise irakienne . Il importe pour des raisons de crédibilité d’établir rapidement les vrais motifs de la guerre contre l’Irak ."

" Le malaise est alimenté par le fait que, sept semaines après la fin de la guerre, on n’a toujours pratiquement rien trouvé en Irak ", remarque le Trouw ce matin. " Et les liens avec le réseau terroriste Al Qaeda – un des autres motifs de l’offensive – n’ont jamais été suffisamment prouvés non plus . Reste l’argument que l’Irak ployait sous un régime méprisable . On peut se demander si c’était suffisant, àl’époque, pour que le gouvernement néerlandais, par exemple, apporte son soutien politique àl’intervention ."

"L’indispensable coopération de la communauté internationale pour s’attaquer aux grands problèmes mondiaux n’est possible que si les alliés échangent des informations fiables. Il s’agit donc d’examiner cette affaire àfond. Et pour être certain que le reste de l’information sur le programme d’armement de l’Irak est fiable, il n’y a qu’une chose àfaire : y remettre le plus vite possible les inspecteurs de l’ONU au travail."

" Où sont les armes de destruction massive irakiennes ? " s’interroge l’éditorialiste du Volkskrant . " Cette question devient de plus en plus pressante , puisque que les Américains et les Britanniques, longtemps après la guerre, n’ont toujours pas apporté la réponse." " La France, l’Allemagne et beaucoup d’autres pays ne contestaient pas que l’Irak, dans le passé, avait développé de telles armes et qu’il le faisait peut-être toujours . Mais ils voulaient laisser àl’inspecteur Blix davantage de temps pour boucler son enquête . Ils n’ont pas eu gain de cause. La coalition of the willing est partie en guerre sans résolution de l’ONU, mais avec le soutien du gouvernement néerlandais ."

"Le commandant des marines américains, James Conway, a déclaré la semaine dernière qu’on ne trouverait sans doute pas ces armes. Mais ce sont surtout les déclarations de Wolfowitz qui sont dangereuses . Elles confirment l’idée que les adversaires de la guerre avaient déjà : les Etats-Unis, dans la crise irakienne, employaient avec cynisme des arguments de circonstance . Cela peut mettre en danger le fragile rétablissement des relations entre l’Amérique et l’Europe."

Selon l’ Algemeen Dagblad , "un drame se dessine que les vieilles générations américaines se rappellent des précédentes interventions militaires". " Quand il s’agit de questions de guerre et de paix, les hommes au pouvoir àWashington se laissent inciter trop facilement àprendre des libertés avec la vérité ."

"Les familles des militaires britanniques et américains morts en Irak, de même que celles des victimes irakiennes, méritent des explications plus consistantes."

S’agissant du sommet même, le Volkskrant (p.5) écrit dans une analyse signée Fokke Obbema  : "Le sommet du G8 àEvian, en France, devait former le début du rétablissement des relations entre les Etats-Unis et l’Europe, la France en particulier". "Mais seule la façade de ce que les chefs d’Etat et de gouvernement ont montré durant leur première rencontre après la crise irakienne permet quelque espoir àcet égard. Cette façade a montré la chaleur affectée du président américain Bush et du président français Chirac, se tapant sur les épaules et plaisantant avec les journalistes. Positif’, ’constructif’, voire ’cordial’, tels étaient les qualificatifs employés par les deux camps pour tenter d’enterrer le plus vite possible le passé récent . Mais ’Evian’ a surtout montré que le fossé entre les visions américaine et française du monde est plus profond que la querelle sur la guerre en Irak ."

" Dès que l’occasion se présentait, Chirac parlait de son ’monde multipolaire’ – lisez : un monde où les Etats-Unis ne sont pas les seuls àcommander. Il a aussi mis en pratique sa vision multipolaire : àcôté de la concertation du G8, il a organisé un sommet de onze leaders des pays en développement . En outre, Chirac, jusqu’àune date récente leader du ’camp de la paix’, a pris place àEvian au milieu d’un camp d’altermondialistes essentiellement de gauche ." "Il a accordé àleurs organisations non gouvernementales un large accès au sommet d’Evian, après avoir déjàlargement échangé des idées avec eux durant la préparation."

"Dans son rôle de redresseur de torts, Chirac met dans l’embarras aussi bien Bush que les altermondialistes. Ces derniers ne savent pas s’ils peuvent vraiment lui faire confiance. Chirac, l’homme des essais nucléaires de Mururoa, le centre de toutes sortes d’affaires obscures en France et poursuivi par une réputation de tromperie et de mensonge."

" Bush était venu àEvian avec la lutte contre le terrorisme mondial comme principal point – elle devait dominer le sommet, surtout après les récents attentats de Riad et de Casablanca. Dans la pratique, il a dà» constater que son terrorisme devait se mesurer avec l’agenda de Jacques le Redresseur de torts, dont le plaidoyer idéaliste en faveur de la lutte contre la pauvreté, astucieusement associé au concept politique d’un monde multipolaire, a été accueilli avec le plus de sympathie ."

"Tout comme dans la bataille diplomatique àpropos de l’Irak, les Français espèrent l’emporter sur les Américains dans l’opinion publique. Mais il est douteux que la poursuite du duel soit bonne pour les relations transatlantiques."

Le Trouw (p.6) remarque que "le président français Jacques Chirac semblait aussi abattu dans son pays, après la rapide fin de la guerre d’Irak". "Mais au sommet du G8 il recueille de nouveau les applaudissements avec son alternative raisonnable à’l’hégémonie américaine’ . Selon les dizaines de milliers de manifestants, c’est uniquement pour le spectacle que Chirac a invité treize leaders de pays pauvres. Mais la plupart des observateurs français louent son courage ." Et le journal chrétien progressiste de constater que Le Monde progressiste, Libération et le quotidien de droite Le Figaro ont été unanimes àapplaudir le président hier.

Actualité internationale


Convention européenne

Le gouvernement néerlandais a "moins de mal" àaccepter un président permanent du Conseil européen s’il a moins de pouvoir que ne le prévoient les projets actuels . C’est ce que le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Nicolaï (VVD) a déclaré lundi, lors d’une réunion de sociaux-démocrates européens àAmsterdam.

Le leader PvdA Wouter Bos, de son côté, a appelé le gouvernement àaboutir àun compromis ( de Volkskrant p.1, ANP, Trouw p.3, De Telegraaf p.13).

En page d’opinion du Volkskrant , l’ancien directeur du bureau d’information du Parlement européen àLa Haye, Eppo Jansen , fait valoir que les Pays-Bas s’opposent àtort àce président que Nicolaï persiste àappeler un Roi Soleil. " La Haye approuve la méthode communautaire pour la forme, mais empêche la progression de la supranationalité par son opposition ."

Actualité intérieure


Ayaan Hirsi Ali

La députée VVD Ayaan Hirsi Ali est fâchée contre le président du groupe parlementaire, Van Aartsen, qui refuse de lui confier d’emblée le portefeuille de l’intégration et de l’émancipation , rapporte l’ensemble de la presse. Dans une interview accordée au NRC Handelsblad d’hier soir, elle accuse Van Aartsen de "mystification de l’électorat" . Le président du groupe libéral, de son côté, lui reproche d’engager "l’arme nucléaire" dans la lutte pour la répartition des portefeuilles .

Hirsi Ali estime qu’elle est habilitée àêtre la porte-parole du VVD pour les affaires d’intégration et d’émancipation. Elle affirme que c’est àcette "promesse" qu’elle doit les plus de 30 000 votes préférentiels qu’elle a recueillis. "J’exige mon portefeuille", dit-elle dans le NRC Handelsblad.

Van Aartsen s’en tient àla procédure courante du groupe parlementaire VVD. Après que les députés VVD, la semaine dernière, ont pu lui communiquer leurs préférences, le groupe tranchera cette semaine. "Rien n’est encore arrêté. Personne n’a de droit préalable. A ce stade, Hirsi Ali a cinquante pour cent de chances d’obtenir ce portefeuille" ( Trouw p.1, Algemeen Dagblad p.3, de Volkskrant p.3, De Telegraaf p.3).

Première Chambre

La province de Hollande du Nord a commis une erreur en transmettant le résultat des élections pour la Première Chambre des Etats Généraux. De ce fait, c’est H. ten Hoeve qui a pris le siège du Groupe sénatorial indépendant (OSF), au lieu de A. Zinken. L’erreur sera corrigée selon la procédure d’usage ( NRC Handelsblad p.3).

Economie, Finances


Lisier

"Les Pays-Bas vont aboutir àun accord politique avec la Commission européenne sur la quantité de lisier que les paysans sont autorisés àépandre", annonce le Trouw (p.5). "La norme doit baisser, mais pas au point de devoir dégraisser de nouveau radicalement le secteur de l’élevage. C’est ce qu’on peut conclure des déclarations du secrétaire d’Etat CDA àl’Environnement, Pieter van Geel, peu après un entretien ’musclé’ que le ministre de l’Agriculture, Cees Veerman, et lui ont eu avec la commissaire européenne de l’environnement Margot Wallström, hier. Bruxelles veut plafonner la quantité d’azote épandue à170 kilogrammes par hectare. Les Pays-Bas ont pour norme 250 kilogrammes, mais se réfèrent àune étude de l’institut RIVM dont il ressort que même une quantité de 290 kilogrammes n’affecte pas gravement la nappe phréatique."

Migration vers l’Est

"Les maisons y sont meilleur marché et les terrains àconstruire plus grands", note le même Trouw en page 1. "De nombreux Néerlandais de Gueldre et d’Overyssel ont découvert le charme de la résidence de l’autre côté de la frontière, en Allemagne. Ils étaient environ 4 500 les trois dernières années. C’est une vraie ruée àGildehaus, près de Bad Bentheim, où il y a un nouveau lotissement dont des rues entières ne comptent que des Néerlandais."

"Il y a suffisamment de maisons àvendre en Gueldre et en Overyssel, mais elles sont plus chères qu’en Allemagne", ajoute le journal chrétien progressiste en page 4.

90 % des 18 500 Néerlandais qui habitent maintenant de l’autre côté de la frontière de Gueldre et d’Overyssel travaillent aux Pays-Bas, précise un troisième article. Ils bénéficient de ce fait de la déduction fiscale des intérêts hypothécaires.

Affaires françaises

Le Trouw (p.6) évoque la perspective d’une interdiction légale du foulard islamique dans les écoles. Depuis Bruxelles, il note que "la France ne cède pas àl’exigence budgétaire de l’UE".

Ce dernier thème est aussi abordé par l’ Algemeen Dagblad (p.10), tandis que le Telegraaf (p.13) rend compte des intempéries.

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