Presse néerlandaise du mercredi 1er septembre 2004

 

L’actualité internationale est dominée par les attentats-suicide commis en
Israël et à Moscou, l’exécution en Irak de douze travailleurs immigrés népalais
par le groupe islamiste "Ansar Al-Sunna" et le sort incertain des deux
journalistes français retenus en otages dans ce pays.

Sur le
plan intérieur, les quotidiens développent surtout la question des garanties
bancaires des chantiers navals RDM révélée hier et l’escalade du conflit qui
oppose le député VVD Wilders au chef du groupe parlementaire libéral, Jozias van
Aartsen.

 

  • NRC Handelsblad
    d’hier soir : "Le directeur du port de Rotterdam suspendu à cause des
    garanties financières secrètes consenties à une entreprise en difficulté",
    "Les otages appellent à une manifestation en faveur du foulard" (synthèse de
    dépêches), "Milosevic : la guerre nous a été imposée"
  • Trouw  : "Douze
    Népalais tués en Irak - Les ravisseurs qualifient le massacre des nettoyeurs
    d’’exécution de la sentence de Dieu’", "Le sort des Français enlevés reste
    incertain", "Double attentat-suicide en Israël : seize morts"
  • de Volkskrant  :
    "Attentat contre des bus en Israël : 16 morts", "Nouvel attentat-suicide en
    Russie", "’Le VVD est mon grand amour’ - Le député Wilders semble se rendre
    impossible"
  • De Telegraaf  :
    "Le député VVD Wilders est furieux - Il menace de quitter le groupe
    parlementaire
    ", "Guerre des prix des télévisions plates"
  • Algemeen Dagblad
     : "Payer soi-même le recollement d’oreilles - Hoogervorst supprime aussi le
    remboursement de l’agrandissement des seins", "Le directeur de RDM : Scholten
    s’est libéré d’un boycott chinois", "Au moins 26 morts dans des attentats
    terroristes"

 

* * *

 Le
dossier du jour : Wilders

 

" Le
député Geert Wilders menace de quitter le groupe parlementaire VVD
", annonce
le populaire De Telegraaf , proche du parti libéral, dans son grand
article à la une. "C’est ce qu’il a fait savoir hier, furieux après la première
réunion des députés libéraux de la nouvelle saison parlementaire. Si Wilders
passe aux actes, le VVD descendra de 28 à 27 sièges et la majorité de la
coalition comptera 77 sièges sur 150
."

"Le
leader du groupe parlementaire, Van Aartsen, qui est soutenu par le coryphée du
VVD Hans Wiegel, veut que Wilders revienne sur le plan de dix points qu’il a
rédigé avec son collègue Jan Oplaat et qui demande au VVD de prendre un virage à
droite. Ce plan dit entre autres que la Turquie ne doit jamais adhérer à l’Union
européenne, ce qui est un point sensible pour Van Aartsen."

" Van
Aartsen et le reste du groupe veulent me museler et ça, je ne l’accepterai
jamais’, dit Wilders
, qui aurait déjà voulu quitter le groupe durant la
réunion, mais qui a été retenu par Stef Blok, son voisin à la table de réunion.
’Je me sens attaqué dans le dos et je veux qu’on clarifie ma position, je ne
veux pas rester en suspens’, a déclaré Wilders. Mais il n’a pas obtenu gain de
cause, parce que Van Aartsen ne veut pas entamer cette discussion avant le
week-end du groupe parlementaire à Markelo. Oplaat, que le courroux de Van
Aartsen touche moins, déclare ’rester loyal au groupe’."

" La
tension entre le député VVD Geert Wilders et son propre groupe parlementaire a
fini par exploser
", remarque le Trouw (p.3) de son côté. "Les
prochains jours montreront si Wilders peut rester dans le groupe VVD ou s’il va
le quitter. Le leader du groupe parlementaire, Jozias van Aartsen, ne tolère
plus que Wilders ait ses propres points de vue sur différents thèmes, déviants
de la ligne du groupe, et les propage dans les médias."

"’Il
n’est absolument pas question d’évincer Wilders du parti’, a déclaré le leader
du groupe. ’Ce n’est pas comme ça que procède notre parti. Le week-end prochain,
Wilders devra cependant expliquer au groupe parlementaire ce qu’il veut et
comment il voit les choses. Si ses idées ne sont pas conformes à celles du reste
du groupe, il devra en tirer lui-même les conclusions. C’est à lui de le
faire’."

Le Volkskrant , à la une, croit savoir que Wilders, s’il quitte le groupe
parlementaire VVD, voudra rester à la Deuxième Chambre et garder son siège
.
"En quelle qualité ? Il dit qu’il ne le sait pas encore. Il dément fermement
être en pourparlers avec la Fondation Edmund Burke à propos [de la formation]
d’un parti conservateur. Et il ne se ralliera certainement pas à la LPF."

 

Actualité
internationale

 

Irak
 : otages français

" L’ultimatum
des preneurs d’otages à Paris montre que certains groupes islamiques du
Moyen-Orient n’entrent pas seulement en action contre ce qu’ils considèrent
comme une ingérence illicite dans leur région, mais voient dans le monde entier
des complots contre l’islam, contre lesquels il s’agit de prendre les armes
",
écrit le Volkskrant dans un commentaire éditorial. "L’exigence posée au
gouvernement français, la suppression immédiate de toute une loi, fait en outre
apparaître l’absence totale de compréhension du fonctionnement d’une démocratie.
Heureusement, cette compréhension s’avère bien présente dans les principales
organisations musulmanes de France, qui ont immédiatement pris énergiquement
position contre cette prise d’otage
s. Elles ont fait comprendre qu’en dépit
de leurs objections contre la loi, elles se rallient pleinement à leur nouvelle
patrie. Etant donné que la communauté musulmane de France est la plus grande
d’Europe, on peut qualifier cette prise de position de signal de signification
internationale
."

"Il
reste malheureusement à savoir si ce signal atteindra l’univers terroriste
(...). Ce n’est en tout cas pas par manque de zèle diplomatique français. Paris
a traditionnellement de bons contacts au Moyen-Orient et en use actuellement à
fond pour sauver la vie des deux journalistes. Un cortège composite de
gouvernements et d’instances de la région a entre-temps appelé à leur
libération, un soutien dont l’Italien Enzo Baldoni, récemment pris en otage et
assassiné, n’avait pas bénéficié."

"Il
faut évidemment espérer ardemment que toutes ces pressions auront l’effet
souhaité. Cela montrerait que les terroristes n’opèrent pas dans un isolement
politique total. Au demeurant, cela rend d’autant plus amer le peu de commotion
suscité sur le sort des douze otages népalais (des cuisiniers et des nettoyeurs)
dont on apprenait hier l’impitoyable exécution."

 

Soudan

La
ministre néerlandaise de la Coopération, Van Ardenne, estime que l’Europe doit
menacer le Soudan d’un boycott pétrolier
.
"Cela aurait de l’effet", a déclaré Van Ardenne au Parlement européen, hier.
Elle regrette qu’il n’y ait pas encore de liste de sanctions possibles pour le
cas où le Soudan, selon les Nations Unies, faillirait à réprimer la violence au
Darfour. "Les politiques devraient parler davantage des sanctions auxquelles le
Soudan pourrait s’attendre. Un boycott pétrolier serait une arme très pertinente
contrer le gouvernement du Soudan" ( Trouw pp.1 et 6).

 

Union européenne : valeurs

Le NRC Handelsblad (p.2) d’hier soir contient une interview de Rob Riemen,
fondateur et directeur de l’Institut Nexus
, un groupe de réflexion qui se
donne pour tâche de stimuler le débat culturel et philosophique européen. Le
premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende, dans le cadre de la
présidence néerlandaise de l’UE, s’est adressé à l’Institut Nexus pour organiser
une série de conférences internationales sur la pertinence et la signification
politiques de l’idéal civilisateur européen : "Europe. A beautiful Idea ?"

La
première réunion aura lieu le 7 septembre dans la Salle des Chevaliers, à La
Haye
, rappelle le
journal du soir. Y participeront notamment l’ancien Président de la
République Valéry Giscard d’Estaing, le sociologue américain Amitai Etzioni, le
ministre d’Etat turc Mehmet Aydin, le premier ministre norvégien Kjell Magne
Bondevik et l’ancien secrétaire d’Etat néerlandais aux Affaires européennes Dick
Benschop
.

Les
résultats de ces conférences seront débattus lors d’un sommet intellectuel à La
Haye, les 4 et 5 décembre. Le premier ministre Balkenende a ensuite l’intention
d’évoquer les principales conclusions de ce sommet lors de la réunion des chefs
d’Etat et de gouvernement européens, à la mi-décembre.

" Je
trouve courageux de la part du premier ministre qu’il veuille engager un débat
en Europe qui, pour changer, n’a pas pour thème l’argent, le pouvoir et la
sécurité, mais la question : Quelle Europe voulons-nous ?
", retient la
rédactrice Michèle de Waard de son entretien avec Rob Riemen. "Est-ce l’Europe
de la technologie ? L’Europe deviendra-t-elle une grande Silicon Valley avec des
entreprises high tech auxquelles tout sera subordonné ? Ou bien investirons-nous
aussi dans la culture européenne, dans l’enseignement ? Chaque ville
conservera-t-elle sa bibliothèque ? Constaterons-nous qu’il y a des différences
entre l’art et les divertissements ? Y aura-t-il toujours une librairie dans
chaque localité ? Il s’agit de la qualité de l’existence humaine. On ne gagne
pas l’âme des citoyens avec des lois et des directives de Bruxelles
. Nous
espérons arriver à ce que tout le monde comprenne que, si nous ne chérissons pas
l’Europe en tant qu’idée, l’Europe en tant que civilisation disparaîtra et nous
ne pourrons plus l’admirer que dans un musée, comme la civilisation de
Babylone."

 

Actualité
intérieure

 

Stedelijk Museum

Le
musée municipal d’Amsterdam, actuellement délocalisé pour rénovation et
extension des bâtiments du Museumplein, aura un nouveau directeur le 1er janvier
2005. Gijs van Tuyl (63 ans), qui est encore directeur du Kunstmuseum de
Wolfsburg (RFA), succèdera alors au directeur intérimaire Hans van Beers pour
une période de cinq ans.

Le
nouveau Stedelijk Museum doit ouvrir ses portes début 2008 ( de Volkskrant
pp.1 et 16, Trouw p.3, De Telegraaf p.7).

 

Vrij
Nederland

Le Volkskrant (p.2) et le Trouw (p.5) annoncent la démission de la
rédactrice en chef de l’hebdomadaire progressiste Vrij Nederland (cf.
presse du 30 août), Xandra Schutte, et du rédacteur en chef adjoint Jan-Jaap
Heij. Ils n’avaient plus la confiance de leur rédaction, après un conflit sur la
politique du personnel.

 

Economie,
Finances

L’euro

"En
Allemagne, on l’appelle le ’Teuro’ [le chérot]", remarque le Financieele
Dagblad
à la une. "C’est l’appellation la plus lapidaire illustrant la
méfiance des citoyens européens vis-à-vis de la monnaie unique. L’euro a
mauvaise réputation. Il a provoqué la flambée des prix et - par hasard ou non -
son introduction s’est accompagnée d’une période de croissance très réduite en
zone euro. Pourtant, la monnaie s’avère avoir aussi un revers brillant. Grâce à
l’euro, le commerce extérieur - tant l’import que l’export - des participants à
la zone euro a augmenté de 10 % supplémentaires. C’est ce qu’affirme Hamid
Faruqee, chercheur du Fonds monétaire international, dans une étude. Et ce
’n’est pas fini’, dit-il. Les effets de la nouvelle monnaie ne sont pas encore
dissipés."

"Les
Pays-Bas sont l’un des grands gagnants. Selon les calculs du FMI, leur commerce
extérieur a connu une croissance supplémentaire de 17 % de la fin des années
quatre-vingt-dix à la fin 2003"
(également Trouw p.6).

 

Affaires françaises  

 

Le NRC Handelsblad (p.5) d’hier soir rend compte d’une manifestation contre
l’enlèvement de deux journalistes français en Irak. Il relève aussi que
l’incendie d’un centre social juif de Paris est probablement l’œuvre d’un
ex-employé juif bénévole.

Le Volkskrant (p.5) fait un tour d’horizon de la "remarquable campagne" en
faveur de la libération des otages français : "Une politique étrangère pleine de
compréhension pour le monde musulman se solde maintenant par un soutien pour la
libération des journalistes français." "Même le Hamas demande à ses amis
politiques de faire preuve de clémence."

Le
journal de centre gauche publie aussi un "profil" des deux journalistes. 

Dernière modification : 16/09/2004

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