Presse néerlandaise du mercredi 14 janvier 2004

Un élève de la section vmbo (enseignement professionnel secondaire
préparatoire) du Terra College, à La Haye, a abattu hier de sang froid un professeur qui
l’avait suspendu à cause d’un accès de colère en classe. C’est la première fois aux
Pays-Bas qu’un élève tue un enseignant et le pays tout entier est choqué. Le premier
ministre Balkenende a parlé d’un "terrible incident" et la ministre de
l’Education Maria van der Hoeven, en visite de travail en Chine, l’a jugé
"horrible".

L’établissement, dont les effectifs (presque 900 élèves) sont
composés à quatre-vingts pour cent de jeunes allochtones, est très actif dans le
quartier à problème dans lequel il est situé. Il a reçu l’an dernier un prix pour un
projet impliquant les élèves dans la sécurité des lignes de tramway.

  • NRC Handelsblad d’hier soir : "Howard Dean choisit l’offensive"
    (élections primaires américaines), "Deux partis quittent le gouvernement
    Godett", "Pacte de stabilité : ’La Commission européenne saisit la
    Cour’", "Bot plus clément concernant la violation du Pacte"

  • de Volkskrant  : "Un élève tue un professeur – Le suspect se présente à
    la police avec son tuteur ; l’arme à feu n’a pas encore été trouvée", "La
    Commission saisit la justice à propos du pacte de l’euro", "’Il n’y aura pas de
    déferlement de Polonais’" (prévisions du CPB)


    Trouw  : "Un élève tue un censeur – ’Il lui a tiré dans la tête à cinq
    mètres de distance. Sans dire un mot’", "La confiance dans la police et la
    justice baisse de plus en plus", "Bruxelles affronte les ministres de l’UE"


    De Telegraaf  : "Un professeur abattu – L’homme meurt à l’hôpital –
    Le suspect (17 ans) se présente à la police", "Le Pacte de stabilité devant
    la Cour de l’UE"


    Algemeen Dagblad  : "Répugnance après le meurtre d’un professeur – Le
    suspect se dénonce", "Le maître était couché dans une flaque de sang"

* * *

Le dossier du jour : Pacte de stabilité

" La Commission européenne assigne en justice les ministres des
Finances de l’Union pour avoir suspendu les procédures de sanction du Pacte de stabilité
et de croissance, fin novembre
", annonce le journal d’affaires Het Financieele
Dagblad
à la une. "Une majorité des vingt eurocommissaires estime, sur la base
d’une recommandation de leur propre service juridique, qu’il y a eu violation des
procédures prévues par le Pacte. Veiller à l’application correcte des traités
européens est l’une des principales tâches de la Commission."

" La plupart des ministres sont cependant d’avis qu’il
s’agissait d’une décision politique visant à ’geler’ les procédures contre la France et
l’Allemagne
. Du fait que les deux pays avaient proposé de leur propre chef de
ramener leur déficit budgétaire dans les limites du Pacte en 2005, il n’était plus
nécessaire de les menacer de sanctions financières
. Les Etats membres se savent
soutenus par leurs propres conseillers juridiques."

"La Commission demande maintenant à la Cour européenne de
Justice, à Luxembourg, de traiter l’affaire en procédure accélérée, de sorte qu’elle
puisse prononcer un jugement dans trois ou six mois. Mais la Cour peut décider de suivre
la voie normale, ce qui prendra au moins deux ans. Elle peut aussi se déclarer non
recevable."

" Le ministre des Finances Gerrit Zalm s’est montré satisfait
mardi soir
. Il y a de bonnes chances que cela se passe bien’, a déclaré le
ministre, qui a dit qu’il parlait aussi au nom des Affaires étrangères
. Zalm ne
prévoit pas de retard, parce qu’une procédure accélérée est possible."

" Plus tôt dans la journée, le ministre des Affaires
étrangères Ben Bot avait encore déclaré qu’il n’était pas partisan de saisir la Cour
.
Un délai de deux ans est trop long, selon Bot, et en outre il est probablement possible
d’obtenir plus par une ’concertation constructive directe avec l’Allemagne’."

Le NRC Handelsblad d’hier soir cite à la une la réaction
du député VVD De Grave aux déclarations faites par Bot à Berlin
(cf. presse du 13
janvier) : " Il est manifeste que le ministre Bot doit encore s’habituer à son
rôle
. Un fin diplomate, c’est autre chose qu’un ministre ."

De Grave s’étonne que le ministre, dans une interview à Radio 1 hier
matin, ait semblé ignorer que le gouvernement néerlandais était partisan du recours
devant la Cour européenne de Justice
. "Alors que le premier ministre et le
précédent ministre des Affaires étrangères ont embrassé à la Deuxième Chambre la
motion De Grave, qui le demandait. Il est permis de penser qu’il serait temps que Bot se
familiarise avec la politique du gouvernement."

Ce matin, l’éditorialiste du Volkskrant juge " compréhensible
que le ministre des Affaires étrangères Bot ait profité de sa première visite à
Berlin pour lancer une petite opération de charme
". "Il a manifesté de la
compréhension pour les problèmes économiques qui font que l’Allemagne réclame une
application souple du Pacte de stabilité."

"So far so good. Mais cette compréhension veut-elle
aussi dire que les Pays-Bas révisent leur point de vue sur le respect du Pacte ?
A
Berlin, Bot a démenti expressément
. Mais hier à Bruxelles, où il s’est
concerté avec son homologue belge Michel, il a donné l’impression que les Pays-Bas
bougent effectivement
. Il s’est rallié à un plaidoyer de Michel en faveur de la
révision du Pacte. Et il n’a guère manifesté d’enthousiasme pour un recours de la
Commission devant la Cour européenne de Justice."

"Ces déclarations arrivaient au mauvais moment", estime le
journal de centre-gauche, et elles suggéraient que "les mêmes Pays-Bas qui
s’étaient d’abord érigés en grand gardien des règles budgétaires européennes
reculent maintenant que la Commission – un allié important dans cette affaire
épineuse – prend une décision logique."

"Certes, il est loin d’être sûr que cette décision aura, ne
fut-ce qu’en partie, le résultat escompté par les Pays-Bas. Il est bon que le ministre
Bot en tienne compte et agisse avec longanimité. C’est également dans l’intérêt des
Pays-Bas. Mais en tirant un rideau sur sa propre position on ne fait que saper sa
crédibilité
."

Actualité intérieure

Police et justice

" Il ressort d’une enquête du Trouw que la confiance
dans la police et la justice continue de baisser
", annonce ce journal à la une.
" Quatre adultes sur cinq estiment que la police n’impose pas assez de respect par
son action publique
. Deux tiers des Néerlandais désapprouvent la manière dont on
lutte contre la criminalité
. Ces résultats sont plus pessimistes que ceux d’une
enquête effectuée il y a cinq ans
. Les citoyens veulent une action plus dure envers
les comportements délinquants et criminels, des peines plus sévères, davantage d’agents
de police et plus de compétences pour eux. Mais aussi la distribution gratuite
d’héroïne aux toxicomanes graves. Par ailleurs il s’avère que les citoyens se sentent
de moins en moins en sécurité."

"C’est ce qui ressort de l’enquête De Staat van het Recht [l’état
du droit] que TNP-Nipo a effectuée auprès de 1 088 adultes pour le compte du Trouw.
C’est la deuxième fois que nous faisons procéder à un sondage sur le droit pénal et la
société, le premier a eu lieu en 1998."

" Les opinions sur les tâches de la police et de la justice
évoluent fortement
. La majorité (52 %) des personnes interrogées juge plus
important que la police et la justice s’en prennent à la violence et aux cambriolages,
plutôt que de poursuivre les trafiquants de drogue. En 1998, seuls trois citoyens sur dix
(29 %) étaient de cet avis. La lutte contre la criminalité devrait même primer sur
l’aide pour la police, estiment 57 %."

"Un tiers des Néerlandais (33 %) a eu affaire à la
délinquance l’an dernier, une hausse de 6 %. Les déprédations et le vandalisme
viennent en tête, suivis par les casses de voiture et les menaces. Le pourcentage de
délits du dernier type est passé de 11 % en 1998 à 17 % maintenant."

" L’enquête, dont l’Université Erasme de Rotterdam a
contribué à rédiger le questionnaire, semble montrer que la notion de responsabilité
propre gagne du terrain parmi la population
. 85 % estiment qu’une éducation
ferme est nécessaire, contre 72 % en 1998. Lors d’une enquête effectuée en 1991 et
durant laquelle les mêmes questions ont été posées, trois Néerlandais sur cinq
(60 %) s’étaient prononcés en faveur d’une éducation ferme."

Les résultats détaillés de l’enquête figurent dans le cahier de
Verdieping
du Trouw .

 Intégration

Le CDA, après le VVD, la LPF et le SP, reconnaît à son tour l’échec
de la politique néerlandaise d’intégration des trente dernières années. "Ceux qui
osent prétendre le contraire sont naïfs ou ignorants", a déclaré le président du
groupe parlementaire chrétien-démocrate, Maxime Verhagen, hier lors d’une réunion à La
Haye.

La semaine prochaine, une commission parlementaire ad hoc, dans
laquelle siège aussi un parlementaire CDA, présentera son rapport ( Trouw p.3, de
Volkskrant
p.3, De Telegraaf p.7).

 

Economie, Finances

Cotes de popularité

"Balkenende est en chute libre dans l’estime des grands
managers
", titre le Telegraaf (p.21) en rubrique économique. "Si le
premier ministre Balkenende, dans sa jeunesse, était rentré avec la note de bulletin que
les chefs d’entreprises lui donnent, il aurait certainement été privé de sortie. Les
managers des grandes entreprises indiquent pour la première fois qu’ils ne considèrent
pas le premier ministre en poste comme la personne la plus indiquée pour ce
portefeuille."

"C’est ce qui ressort de l’enquête traditionnelle du Nouvel An de
Forum, le magazine d’opinion de l’organisation patronale VNO-NCW. Au total, 138
grands managers et directeurs ont été sollicités pour noter Balkenende et ses
ministres. Alors que l’an dernier, le premier ministre était encore considéré comme le
meilleur de l’équipe (avec un 6,9 sur dix), il figure maintenant en douzième place (sur
16), avec un 6 pour ses performances. Seuls 14 % des personnes interrogées le
soutiennent."

"Selon l’enquête, les managers sont surtout mécontents,
notamment, de la façon dont Balkenende a géré les affaires concernant la Maison Royale.
Ils sont aussi mécontents de la politique étrangère et de la question irakienne."

"Le premier ministre CDA a cédé beaucoup de terrain au ministre
Zalm (Finances, VVD), qui est considéré comme la meilleure personne pour le portefeuille
de premier ministre et qui, avec la note 7,1, peut rentrer le cœur léger. Il est
suivi par le ministre De Geus (Affaires sociales), qui a un 6,8."

Affaires françaises

Pieter Kottman, dans le NRC Handelsblad (p.5) d’hier soir,
s’est entretenu à Bobigny avec des membres de la communauté sikh de France, qui
expliquent que le port du turban n’est pas une question de religion, mais d’hygiène.
"Nous devons d’abord dire aux Français qui nous sommes, car ils ne nous connaissent
pas." La commission Stasi a oublié de les entendre, selon leur jeune porte-parole.
"On nous a oubliés et nous-mêmes ne savions pas que nous pouvions nous présenter
à la commission." Les Sikhs participeront à la manifestation de samedi contre la
loi sur les signes religieux ostensibles.

Le Trouw (p.6) rapporte l’arrestation en région lyonnaise de la
famille Benchelalli, soupçonnée d’activités terroristes, et de trois autres suspects.

L’ Algemeen Dagblad (p.7) reprend le classement des villes
françaises par le magazine Le Point : "A Nantes il fait bon vivre".
"Calais : une ville à oublier très vite."

Le Telegraaf (p.13) relève que, selon Le Monde,
"Madame Chirac ambitionne un siège au Sénat".

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