Presse néerlandaise du mercredi 26 janvier 2005

La
Maison Royale, avec la Reine Beatrix, le prince héritier Willem-Alexander et son
épouse Máxima, la princesse Margriet et Me Pieter van Vollenhoven, était
largement représentée à la commémoration des victimes néerlandaises du tsunami
du 26 décembre, hier, au Binnenhof. De nombreuses personnalités politiques
étaient également présentes et le premier ministre Balkenende a pris la parole
au nom du gouvernement.

A
l’issue de la réunion dans la Ridderzaal, la famille royale s’est entretenue à
huis clos avec les parents et proches des victimes et disparus. Plus tard dans
la journée, à la télévision, le prince Willem-Alexander a appelé les Néerlandais
à se rendre en touristes dans les régions sinistrées, pour soutenir la
population. 

  • NRC Handelsblad
    d’hier soir : "Accueil à part des enfants difficiles - Il ne faut plus placer
    les non-criminels dans les prisons", "Restriction de la liberté de circulation
    contre le terrorisme", "’Submission’ retiré du programme" (du Festival
    cinématographique de Rotterdam)
  • Trouw  : "Plus
    de 280 000 morts - L’Indonésie ne compte plus que les victimes enterrées du
    séisme marin", "Le procès de Mohammed B. commence sans lui"
  • Algemeen Dagblad
     : "Dépressif ? Mieux vaut marcher que de prendre des pilules - Nouvelle
    directive de traitement", "Commémoration déchirante du tsunami - La famille
    royale émue jusqu’aux larmes"
  • de Volkskrant  :
    "Le Vlaams Belang fait de l’œil à Wilders - Les nationalistes de droite belges
    veulent prêter assistance à leurs partisans aux Pays-Bas", "Pas un drapeau
    irakien ne flotte à Dohuk" (reportage du Kurdistan irakien)
  • De Telegraaf  :
    "Sanctions si les taxes immobilières sont trop élevées - Wijn s’irrite de
    l’imposition abusive
    " (taxes locales)

 

* * *

Le
dossier du jour : Référendum sur la Constitution européenne

L’ensemble de la presse rend compte de l’approbation par la Première Chambre du
projet de référendum sur la ratification de la Constitution européenne.

" Pour
la première fois dans l’histoire parlementaire, les Pays-Bas connaîtront un
référendum national
", annonce le journal d’affaires Het Financieele
Dagblad
à la une. " La population pourra se prononcer sur le Traité
constitutionnel pour l’Europe - probablement entre fin mai et juin. Mardi, le
groupe VVD de la Première Chambre a assuré la formation d’une majorité en faveur
d’un référendum consultatif. Seuls le CDA, la ChristenUnie et le SGP ont voté
contre
. Ces partis détiennent 27 des 75 sièges de la Première Chambre."

"Le
référendum sur la Constitution européenne est une initiative de trois partis de
la Deuxième Chambre : GroenLinks, le D66 et le PvdA", rappelle le journal
financier. "Formellement, le résultat de cette consultation n’est pas
contraignant, mais plusieurs partis de la Deuxième Chambre ont déjà fait savoir
qu’ils le respecteraient si le taux de participation est élevé, même s’il
s’écarte de leur propre position."

" Les
partis qui organiseront une campagne du ’non’ à la Constitution européenne sont
le SP, la LPF, la ChristenUnie et le SGP. Les autres partis conseilleront aux
citoyens de voter ’oui’
."

"Le
coût du référendum néerlandais est estimé à environ 27 millions d’euros. Il y
aura un fonds de subvention de 1 milliard d’euros pour les organisations et
associations qui veulent tenir des débats sur la Constitution européenne."

" Le
VVD a hésité jusqu’à la dernière minute, à cause du coût du référendum et de
l’intention d’autres partis d’en respecter le résultat quel qu’il soit
. Les
libéraux qui, traditionnellement, ne sont pas favorables au référendum,
soulignent qu’il s’agit d’un ’référendum consultatif unique’."

"Le
sénateur CDA Alfons Dölle, en revanche, affirme qu’un ’précédent
constitutionnel’ vient d’être créé. Selon un des initiateurs, le député PvdA
Niesco Dubbelboer, ce référendum ’exerce bel et bien une pression pour consulter
plus souvent la population sur des sujets importants’."

"Le SP
prédit une ’lutte inégale’. ’Les campagnes pour le ’oui’ et pour le ’non’ ne
seront pas équivalentes’, selon le sénateur SP Ronald van Raak. ’Les intérêts
commerciaux des entreprises sont grands.’ Il estime d’autre part qu’il est
mauvais que le gouvernement ne soit pas neutre, mais conseille de voter pour."

Ce
premier référendum national est " une horreur pour le CDA, une chance pour
Wilders et un test pour le VVD
", remarque le même Financieele Dagblad
en page 3. " Alors que le CDA fera campagne à contrecœur, le ’nouveau venu’
Geert Wilders le fera avec plaisir. Le référendum sur la Constitution européenne
lui offre une excellente occasion de promouvoir son propre mouvement. Wilders
emploiera sa position sur l’adhésion de la Turquie pour sa campagne de refus de
la Constitution
."

"Selon
le sénateur Eimert van Middelkoop, de la ChristenUnie, le Socialistische Partij
est la preuve qu’un parti peut se faire connaître ’aux dépens de l’Europe’. ’Le
SP a grandi après le Traité de Maastricht’, fait valoir Van Middelkoop. Selon
lui, il y avait toujours une dizaine de membres actifs du SP derrière le
microphone, lorsque les politiques, à l’époque, ont essayé d’expliquer le traité
dans les petites salles. ’Aux premières élections qui ont suivi, le SP entrait
pour la première fois à la Deuxième Chambre. Ils avaient saisi l’occasion qui
s’était présentée’."

" Outre
qu’il offre une occasion à leur ex-collègue de parti [Wilders], ce référendum a
encore une autre signification pour le VVD. Le déroulement de ce référendum
importe pour sa future vision de ce genre de consultation des électeurs
."
"Le VVD veut examiner cas par cas si un thème donné se prête à un référendum.
Mais le déroulement de cette première consultation aura beaucoup d’influence sur
son attitude lorsque le prochain cas se présentera."

" La
mise est la plus élevée pour le D66
. Le prochain référendum sur la
Constitution européenne, du point de vue de la forme, n’est pas idéal pour lui.
Il s’agit en effet d’un référendum consultatif initié par des députés. Le D66
préfère le référendum correctif : une initiative présentée par les citoyens qui
permet de modifier une décision. Mais cette différence échappera à beaucoup de
citoyens. Ce qui ne leur échappera pas, c’est l’expérience de ce référendum et
le sentiment qu’ils en garderont. Ils en tiendront compte aux prochaines
élections, dans le jugement qu’ils porteront sur le D66, qui tire son droit
d’existence de la lutte pour les référendums
."

De
l’avis de l’éditorialiste du Volkskrant , " il n’est certainement pas
impensable que les adversaires de la Constitution européenne gagnent le
référendum
". " Si c’est le cas, il se créera une situation intéressante .
GroenLinks, le PvdA et le parti gouvernemental D66 ont déjà fait savoir qu’ils
s’inclineront devant le suffrage populaire. Une majorité contre la Constitution
de l’UE ne sera alors plus impensable. Ainsi, le référendum sera un test pour le
gouvernement Balkenende, qui fera campagne en faveur du traité de l’UE."

Le
journal à grand tirage De Telegraaf , proche du VVD, estime que ce
référendum consultatif est " un curieux phénomène dans notre droit
constitutionnel, dans lequel ce sont les élus qui ont le dernier mot et pas les
électeurs
". "Formellement, cela ne changera pas. Mais en fait, le Parlement
devra bien respecter l’avis des électeurs."

"La
non-conformité à notre droit constitutionnel n’est d’ailleurs pas la seule
objection contre cette consultation des citoyens. Le sujet même ne s’y prête
pas. Etant donné la complexité de la nouvelle Constitution, une nette
amélioration par rapport aux règles de bases actuelles de l’UE, aucun électeur
n’est capable de dire clairement ’oui’ ou ’non’
." " D’autre part, des
groupes d’électeurs risquent d’abuser de ce référendum pour exprimer leur
aversion pour le gouvernement ou pour souligner leur refus de l’adhésion de la
Turquie à l’UE
, bien qu’elle n’ait rien à voir avec la Constitution."

" Il
aurait donc mieux valu ne pas organiser ce référendum
", conclut le journal
populaire.

 

Actualité
internationale

Pays-Bas - Belgique : extrême-droite

" Le
chef de file du parti nationaliste de droite Vlaams Belang
[intérêt flamand] Filip Dewinter, propose un pacte de non-agression à son ami politique Geert
Wilders
", annonce le Volkskrant dans son grand article à la une, une
correspondance d’Anvers. ’Il ne sert à rien de nous quereller, cela ne profite
qu’à nos adversaires’."

" Dewinter
a récemment écrit une lettre à Wilders, mais il n’a pas encore de réponse. Il
veut éviter que Wilders, tout comme Pim Fortuyn il y a trois ans, se distancie
de lui
. ’Il y avait beaucoup de circonstances atténuantes, à l’époque. Il
avait déjà assez de difficultés, même sans prendre parti pour nous’."

"Ce
tabou est rompu, selon Dewinter. Hilbrand Nawijn, mardi, a été le premier
député néerlandais à prendre la parole en public lors d’une réunion du Vlaams
Belang, à Anvers
. Le Vlaams Belang a été fondé après l’interdiction du
Vlaams Blok pour racisme, l’an dernier."

"Par
analogie avec le vieux slogan ’Eigen Volk Eerst’ [les nôtres d’abord], Nawijn a
dit que les Pays-Bas sont maintenant un pays où la devise ’Eigen Volk Laatst’
[les nôtres en dernier] est en vogue. ’Les vieillards risquent d’être placés en
centre hospitalier, à quatre dans une chambre avec une table de chevet pour seul
bien. Ce n’est qu’après beaucoup de résistances politiques que la population
pénitentiaire néerlandaise, formée à 80 pour cent d’allochtones, passe enfin à deux détenus par cellule."

"Selon
Nawijn, les petits entrepreneurs ploient sous le knout du fisc et il faut placer
les allochtones ’devant le choix contraignant entre l’assimilation et le
retour’. Cette déclaration a suscité des applaudissements dans la salle occupée
par huit cents membres du Vlaams Belang."

" Nawijn,
qui ne fait plus partie de la LPF, a annoncé à Anvers la fondation de son propre
parti, la Liste Hilbrand Nawijn, qui participera aux élections municipales de
mars 2006 à Zoetermeer
, où il réside. Il escompte au moins dix sièges. Ensuite, il a l’intention de fonder un parti national qui portera un autre nom .
’J’en parle avec des Néerlandais connus des milieux politiques, des affaires et
des sports’. Nawijn est resté sur la réserve s’agissant d’une possible
coopération avec Wilders
."

"Nawijn
veut ’rompre des tabous’ et affirme que la liberté d’expression est cruciale à
cet égard. ’C’est pourquoi la députée VVD Hirsi Ali peut s’exprimer. Si ce
qu’elle dit est raisonnable est une autre affaire. En définitive, c’est aux
électeurs d’en juger’."

"Dewinter,
du Vlaams Belang, a déclaré vouloir assister ses amis politiques aux Pays-Bas.
Il a fait l’éloge du changement aux Pays-Bas. ’Ils sont enfin un pays-phare,
mais plus du socialisme multiculturel utopique, mais du sain conservatisme
populaire de droite’."

 

Pays-Bas - France

" L’Ambassade
de France a dépassé les bornes
", titre le Trouw (p.3) au-dessus d’un
article signé Kustaw Bessems. " La manière dont l’Ambassade de France a fait
pression sur un festival littéraire haguenois pour qu’il n’invite pas un penseur
musulman controversé est ’indésirable et inconvenant’, selon Jan Melissen,
spécialiste de Clingendael dans le domaine des relations diplomatiques
."

"Selon
Melissen, qui dirige la section de recherche diplomacy and global gouvernment
de l’Institut Clingendael pour les Relations Internationales, il est tout à fait
inhabituel qu’une ambassade essaie d’intervenir de cette manière. ’On voit bien
les diplomates se mêler de plus en plus aux débats, les dernières années, mais
ils le font ouvertement. En l’occurrence, l’ambassade a essayé de tenir
quelqu’un à l’écart et avec des moyens disproportionnés. Cela dépasse les
bornes’."

Le
journal haguenois Haagsche Courant (p.8) précise en page Art que Tariq Ramadan "est considéré actuellement comme un intellectuel
musulman controversé"
. "Les Etats-Unis et la France lui ont refusé un visa
parce qu’il aurait de la sympathie pour des groupements radicaux et
terroristes."

 

Economie,
Finances

Propriété et endettement

Le Volkskrant (p.7) consacre un grand article en rubrique économique à la
"croissance explosive" des ventes forcées de maisons. En 2004, plus de 1 500
ventes forcées d’habitations ont eu lieu, le triple de 2001. En 2005 aussi,
beaucoup de propriétaires auront des problèmes à cause du montant de leurs
dettes et de leur retard dans le remboursement de leur prêt immobilier.

C’est
ce qui ressort des chiffres du Cadastre et des statistiques annuelles de la
Nationale Hypotheek Garantie (NHG), qui sont publiées aujourd’hui. En 2004, 1
734 personnes se sont adressées à la NHG avec un retard dans leurs paiements, 40
pour cent de plus que l’année
précédente.

Dans
331 cas, la NHG a dû venir en aide au propriétaire en difficulté parce que sa
maison, à la vente forcée, avait rapporté moins que le montant du prêt à
rembourser.

Le
directeur de la NHG discerne deux grandes causes de ces problèmes financiers :
"En 2004, beaucoup de gens ont eu des difficultés à cause du chômage ou d’un
divorce."

Plusieurs graphiques et une carte montrant les ventes forcées par province
accompagnent l’article.

 

Affaires françaises  

Le NRC Handelsblad (p.4) d’hier soir remarque que "les journaux français sont
plus dépendants de l’Etat que jamais". Un état des lieux des grands journaux,
qui ont tous leurs difficultés spécifiques.

Le Volkskrant (p.9) contient un reportage de Fokke Obbema sur les céréaliers :
"Les céréaliers ’ont effectivement du mal’ - Les subventions de la Commission
européenne sont chiches et viennent tard, de l’avis des bénéficiaires".

Le Trouw (p.11) présente le documentaire "10e chambre, instants d’audience", de
Raymond Depardon, dans le cadre du Festival cinématographique de Rotterdam.

Dernière modification : 26/01/2005

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