Presse néerlandaise du mercredi 28 février 2007

Les entreprises qui ont fait installer des faux plafonds démontables dans leurs toilettes, douches et vestiaires se font voler à grande échelle par leurs propres employés. L’espace entre le vrai et le faux plafond est un endroit idéal pour cacher temporairement des objets de valeur dérobés, en attendant une occasion de les emporter sans risque.
Selon la société Securitas, numéro un mondial de la surveillance, le préjudice subi est de plusieurs millions d’euros par an. "Dans un quart des entreprises dont nous examinons les risques de sécurité nous trouvons des objets dans les plafonds", fait savoir un consultant de Securitas.

NRC Handelsblad (libéral) d’hier soir : "Les hôpitaux sont négligents avec leurs dossiers - L’Inspection : les patients courent des risques", "Beatrix rend hommage à Atatürk" (correspondance d’Ankara), "La Deuxième Chambre soutient ABN Amro" (contre un fonds d’investissement agressif)
De Telegraaf (populaire) : "Coup dur pour les Bourses - Réaction en chaîne après la chute des cours en Chine", "La Reine de retour sur les bancs d’école", "Les faux plafonds aident les voleurs"
de Volkskrant (centre gauche) : "Chute des Bourses dans le monde entier - Une dégringolade en Chine provoque des chutes de plus de 3 pour cent à la Bourse de New York", "Un nouveau ton vis-à-vis de la Turquie lors du banquet - La Reine exprime les préoccupations du gouvernement concernant l’adhésion à l’UE"
Trouw (chrétien progressiste) : "L’initiateur de la violence au Darfour est un membre du gouvernement - La Cour pénale internationale accuse un secrétaire d’Etat soudanais", "Grave revers pour les bourses en Chine"
AD Haagsche Courant (indépendant populaire) : "La psychiatrie juvénile est surchargée - 12 000 jeunes ayant des problèmes psychiques graves en attente de traitement", "La princesse Máxima est le centre rayonnant du banquet d’Etat en Turquie"

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LE DOSSIER DU JOUR :Visite d’Etat en Turquie

"Le nouveau gouvernement est nettement plus réservé vis-à-vis de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne que ceux des dernières années", écrit le Volkskrant à la une, sous une grande photo de la Reine Beatrix au banquet d’Etat donné en son honneur à Ankara. "C’est ce qu’on peut conclure du discours que la Reine Beatrix a prononcé mardi soir lors d’un dîner officiel dans la résidence du président Sezer."
"Ce ton était déjà sensible dans l’accord de coalition du nouveau gouvernement Balkenende. Beatrix a qualifié les pas franchis pour permettre l’adhésion de ’certainement impressionnants’. Mais le ton était plus réservé que durant son discours de 2001, lors de la visite aux Pays-Bas du président Sezer."
"Beatrix a exprimé mardi la position du nouveau ministre des Affaires étrangères, Maxime Verhagen. Dans HP/De Tijd, Verhagen avait déclaré il y a quelques mois : ’La Turquie ne satisfait toujours pas aux critères. (...) S’il apparaît qu’ils ne satisfont pas à nos critères, nos chemins ne pourront que se séparer.’"
"La Reine, dans son discours, n’a pas parlé des violations des droits de l’homme que la Cour européenne de justice a récemment reprochées aux Turcs. En revanche, Beatrix a dit que la Turquie est considérée ’comme un allié puissant de l’OTAN, qui partage avec d’autres pays des valeurs communes, tel que le respect des libertés fondamentales’."

"Le premier jour de la visite d’Etat de la Reine Beatrix était une vraie fête", souligne le Trouw (p.5). "Le soleil brillait, l’intérêt manifesté par la presse était grand et il n’y a pas eu de remarques critiques sur les droits de l’homme." "Beatrix, le premier jour de sa visite d’Etat, n’avait manifestement pas l’intention de gâcher la fête avec des propos critiques sur les droits de l’homme ou la délicate question de l’adhésion de la Turquie à l’UE. Et encore moins en évoquant la question sensible du génocide arménien. Au contraire, dans son allocution la Reine a insisté sur l’amitié séculaire avec la Turquie et sur les tentatives de rapprochement entre la Turquie et l’Europe. Elle a rappelé que c’est sous les auspices de sa grand-mère Wilhelmina qu’a été fondée aux Pays-Bas une association néerlando-turque, seize ans après la proclamation de la République turque en 1923. Sezer a lui aussi souligné les étroits liens d’amitié entre les deux pays."
"Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Maxime Verhagen, qui faisait partie des invités, en était pour ses frais. Verhagen est connu pour être critique vis-à-vis d’une éventuelle adhésion de la Turquie à l’UE. Mais qui sait ce qu’il dira à son homologue turc lors de leurs rencontres. Au demeurant, la visite a été préparée par le précédent ministre des Affaires étrangères, Bot, qui était plus clément vis-à-vis de la Turquie que Verhagen."

ACTUALITE INTERNATIONALE

Srebrenica

"Le jugement de la Cour internationale de justice sur le génocide de Srebrenica peut avoir des conséquences pour l’Etat néerlandais", relève le Trouw (pp.1 et 9). "’Il est exploitable’, déclare Liesbeth Zegveld à propos du jugement rendu lundi dernier. L’avocate représente des proches de personnes qui sont mortes dans la chute de Srebrenica en 1995. Elle a introduit l’an dernier une requête civile contre l’Etat néerlandais. Les Pays-Bas auraient agi ’de façon illégitime’ en renvoyant après la chute de l’enclave des Bosniaques qui étaient au service des militaires néerlandais de l’ONU."
"Zegveld pense que deux points du jugement de la CIJ peuvent lui être utiles. La Cour a déterminé lundi que la Serbie a enfreint la Convention sur le génocide. Selon les juges, la Serbie aurait dû faire de son mieux pour empêcher le génocide de Srebrenica. ’Secondo, la Cour dit que la Serbie a failli parce qu’elle aurait pu savoir qu’un génocide allait avoir lieu, à cause de la haine profonde entre Musulmans et Serbes bosniaques.’ ’Les Pays-Bas ont toujours dit qu’ils ne pouvaient pas prévoir ce qui arriverait aux gens tombés entre les mains des Serbes bosniaques. Cet argument, ’nous ne savions pas’, n’est plus valable.’ Maintenant qu’il est établi juridiquement que la Serbie aurait pu prévoir le génocide, le comportement des Pays-Bas est également ’plus blâmable’, selon Zegveld. Le fait que la Cour accorde beaucoup d’importance aux liens étroits entre la Serbie et les Serbes bosniaques n’y change rien, selon elle." "’Alors que la Serbie était à distance, les Néerlandais avaient le nez collé sur les faits’. Zegveld souligne encore un autre point : ’Les Pays-Bas disent toujours : même si nous avions fait plus, nous n’aurions pas pu prévenir le génocide’. Les Pays-Bas ne peuvent plus se retrancher derrière cet argument. ’La Cour dit qu’il faut intervenir, quel que soit le résultat’."

Pour l’éditorialiste du NRC Handelsblad d’hier soir, l’arrêt de la Cour "permet à la Serbie de franchir deux pas importants sur le plan politique : une condamnation parlementaire du massacre de Srebrenica et la pleine coopération avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, notamment en arrêtant deux acteurs principaux qui courent toujours, Mladic et l’ancien leader politique Radovan Karadzic".

Double nationalité

"L’Europe s’étonne de la discussion sur les nationalités", titre le Volkskrant (p.3) au-dessus d’un article de fond. "Dans l’ensemble, on suit avec étonnement à l’étranger le débat qui se déroule maintenant aux Pays-Bas - naguère un des pays les plus tolérants d’Europe - à propos des passeports de deux secrétaires d’Etat, Aboutaleb (Affaires sociales, PvdA) et Albayrak (Etrangers et Intégration, PvdA). Aboutaleb, outre la nationalité néerlandaise, a aussi la nationalité marocaine, Albayrak a aussi la nationalité turque."
"Ils sont en très bonne compagnie : selon le professeur de droit des migrations Ulli d’Oliveira, la Reine des Pays-Bas a deux nationalités. Du fait qu’elle descend de Sophie, Electrice de Hanovre, elle est automatiquement citoyenne britannique. Sa nationalité britannique découle de The Act for the Naturalization of the Most Excellent Princess Sophia, Electress and Duchess Dowager of Hanover, and the Issue of her Body, de 1705. Cette loi n’est plus en vigueur depuis 1948, mais Beatrix est née en 1938."
"Aux Pays-Bas, le prince Bernhard a dû renoncer à la nationalité allemande pour son mariage avec la reine Juliana en 1937. Mais la princesse Máxima a toujours un passeport argentin. Tout comme Aboutaleb, elle ne peut pas renoncer à sa double nationalité, aux termes des lois de son pays d’origine."
"Les Pays-Bas, par suite de l’opposition de Geert Wilders à la double nationalité de dignitaires, sont le seul pays d’Europe à mener un débat vif au point qu’il puisse aboutir à des motions de censure", souligne le journal de centre gauche dans son tour d’horizon des doubles nationalités aux Pays-Bas et ailleurs.

ACTUALITE INTERIEURE

Guerre d’Irak

Le Volkskrant (pp.1 et 2) annonce que le D66 va essayer d’obtenir une enquête parlementaire sur les raisons que les Pays-Bas avaient en 2003 d’accorder leur soutien politique à l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. "Si nous n’arrivons pas à obtenir une majorité cette semaine, durant le débat sur la déclaration de politique générale, nous devrons essayer à la Première Chambre, après l’élection des Etats Provinciaux", dit Alexander Pechtold. "Il y aura peut-être une faible majorité au Sénat. Le PvdA n’y est pas tenu à l’accord de gouvernement. Nous devons maintenir la pression, sinon les Pays-Bas seront le seul pays impliqué dans la guerre d’Irak où la question n’a pas été examinée."

ECONOMIE, FINANCES

Pays-Bas - Allemagne

"Les Pays-Bas subissent un préjudice d’au moins 7,8 milliards d’euros par an parce qu’on parle très mal allemand dans nos entreprises", relève l’Algemeen Dagblad (p.17). "C’est ce que conclut l’organisation des exportateurs Fenedex à la suite d’une enquête parmi ses membres. Plus de quatre-vingt-dix pour cent des répondants indiquent qu’ils ont un manque à gagner à cause de la mauvaise connaissance de la langue allemande. Fenedex calcule que le chiffre d’affaires des exportations vers l’Allemagne s’élève à 78,5 milliards d’euros. ’Mettons que nous en manquions dix pour cent, une estimation prudente, le préjudice est alors de 7,8 milliards’, fait valoir F. Hauwert, directeur de Fenedex, qui envoie aujourd’hui une lettre d’alarme au ministre de l’Education et au secrétaire d’Etat aux Affaires économiques. Il y réclame un meilleur enseignement des langues. ’C’est une catastrophe’, s’emporte-t-il. ’Je suis interloqué par la mauvaise qualité de l’enseignement. En tant que Néerlandais, nous étions longtemps connus pour notre maîtrise des langues. Mais nous avons galvaudé cette réputation. C’est catastrophique’."
"Le cri d’alarme de Fenedex est entre autres soutenu par la Chambre de commerce, les écoles supérieures, les entreprises et l’association patronale VNO-NCW."
"Presque un quart du chiffre d’affaires des exportations néerlandaises est réalisé chez nos voisins de l’Est. ’Les Allemands aiment qu’on leur adresse la parole dans leur propre langue. Si quelqu’un vous recommande un produit en mauvais néerlandais, vous doutez aussi. Et tout autant si le mode d’emploi est plein de fautes de néerlandais’, dit Hauwert."

AFFAIRES FRANÇAISES

Outre des articles factuels sur les meurtres de ressortissants français en Arabie Saoudite et au Brésil, on notera des correspondances sur la campagne électorale dans les banlieues (Trouw p.8, De Telegraaf p.11).
Le Volkskrant (p.5), dans ce contexte, note que "Sarkozy et Royal s’en prennent à Bayrou". "’Sarko’ et ’Ségo’ ont été considérés pendant des mois comme les candidats qui s’affronteraient au deuxième tour des élections présidentielles, le 6 mai". "Mais ce heurt classique de la gauche et de la droite est devenu incertain avec la montée spectaculaire de celui que les médias, pour le moment, appellent le troisième homme." "Curieusement, c’est le moins médiagénique des trois candidats les mieux placés qui marquent des points en ce moment. Le parallèle avec le premier ministre néerlandais s’impose. Bayrou deviendra-t-il le Balkenende français ?"

Dernière modification : 25/01/2010

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