Presse néerlandaise du vendredi 10 février 2006

La fraude aux assurances paie, selon le populaire De Telegraaf. Telle est la conclusion à laquelle aboutissent les compagnies elles-mêmes dans une toute nouvelle enquête rapportée par le journal. Les déclarations frauduleuses sont surtout faciles dans le domaine des assurances de responsabilité civile et des assurances voyage ; s’agissant des assurances de dommage, la branche estime les prestations versées à la suite de réclamations indues à presque un milliard d’euros par an.

-NRC Handelsblad d’hier soir : "L’UE limite l’ouverture des frontières aux services - La directive sera moins libérale", "Arnall nommé nouvel ambassadeur des Etats-Unis [à La Haye], "Les produits laitiers danois font les frais de la querelle des caricatures"
-De Telegraaf  : "Les assurances sont faciles à tromper - ’La branche veut décupler le risque de découverte’", "Wijn monte au créneau pour les personnes âgées - Restitution de la cotisation maladie dès cette année", "Arnall vient définitivement aux Pays-Bas"
-de Volkskrant  : "’Le mur entre la liberté et la non-liberté tombera’ - Ayaan Hirsi Ali, à Berlin, s’érige en gardienne de la fragile démocratie et en défenseuse des Lumières", Lousewies van der Laan veut ’préserver le gouvernement’", "Découverte d’un tombeau à Louqsor"
-AD Haagsche Courant  : "L’homme derrière les émeutes contre les caricatures", "Des morts à cause de la médication de l’asthme"
-Trouw  : "La terre se réchauffe à une vitesse inouïe - La deuxième moitié du XXe siècle a été la période la plus chaude en 1 200 ans"

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LE DOSSIER DU JOUR :D66

"Le D66 a été un parti trop élitiste dans le passé", écrit le Trouw (p.3). "’Sous Fortuyn il est apparu que ce n’est pas l’élite, mais la masse - qui se croyait exclue - qui s’est émancipée. Le D66 n’a pas encore réussi à jeter un pont vers cette masse’."
"C’est ce que dit la nouvelle présidente du groupe parlementaire D66, Lousewies van der Laan, dans une interview au Trouw. Elle estime que le parti doit trouver de nouvelles formes de démocratisation pour rapprocher les gens de la gestion du pays."
"Elle dit qu’en tant que députée elle appartient à la ’génération post-Fortuyn’. Rétrospectivement, Van der Laan, qui se considère aussi comme le leader politique du parti, estime qu’il a été fondé par une élite intellectuelle qui en avait assez de la mentalité de régent qui régnait à l’époque. Mais les démocrates n’ont pas réussi à devenir un large mouvement de masse."
"Après la dramatique démission de Boris Dittrich en tant que leader du D66, elle a eu des entretiens avec le premier ministre Balkenende et le vice-premier ministre Zalm. ’Je leur ai dit qu’ils n’avaient pas d’inquiétude à avoir. Nous resterons dans la coalition tant qu’il n’y aura pas de rupture de confiance’."
Dans le cahier de Verdieping, Lousewies van der Laan dément que la coalition n’ait tenu qu’à un fil durant le processus décisionnel sur la mission en Afghanistan. Mais il ne s’en est pas fallu de beaucoup. "Nous étions contre et nous restons contre cette mission. Mais maintenant que la décision est prise nous disons : nous soutenons les gens qui partent pour l’Afghanistan."
"Je n’ai pas encore de préférence en ce moment", dit-elle à propos de la prochaine coalition. "Nous pourrions très bien nous associer à un gouvernement de gauche. Je frémis à l’idée d’un prochain gouvernement CDA-PvdA, car ce sera vraiment un gouvernement pinailleur."
A la question de savoir si elle comprend pourquoi André Rouvoet, de la ChristenUnie, l’a qualifiée de "femme dangereuse", Van der Laan répond : "Pas vraiment. Rouvoet m’a collé cette étiquette lorsque la ministre de l’Education Van der Hoeven a envisagé de réserver une place dans les cours de biologie au ’dessein intelligent’, comme alternative chrétienne à la théorie de l’évolution des espèces. Je m’y suis opposée mordicus parce que le dessein intelligent n’est pas une théorie scientifique vérifiable et n’est donc pas à sa place dans cette matière. Je veux bien qu’on en parle en cours de philosophie ou de religion. Je trouve c’est un point de vue très raisonnable."
"Je suis athée, mais certainement pas antireligieuse. Le principe d’égalité importe beaucoup pour moi et je trouve par conséquent qu’il n’y a pas de raison de faire une distinction entre croyants et non-croyants. C’est pourquoi je me suis querellée avec le ministre de la Justice Donner, lorsqu’il a annoncé juste après le meurtre de Theo van Gogh qu’il voulait dépoussiérer l’article sanctionnant le ’blasphème’." "Je ne vois pas pourquoi les croyants bénéficieraient de plus de protection contre les remarques offensantes que les non-croyants."

Le Volkskrant, à la une, annonce une interview de la nouvelle dirigeante du D66 dans son édition de samedi. "L’enjeu politique du nouveau leader du groupe parlementaire D66, Lousewies van der Laan, est de préserver le gouvernement Balkenende II. ’Je n’ai en tout cas pas l’ambition en ce moment de faire éclater le gouvernement’."

ACTUALITE INTERNATIONALE

Etats-Unis - Pays-Bas

"L’entrepreneur américain Roland Arnall deviendra le nouvel ambassadeur des Etats-Unis à La Haye", écrit le NRC Handelsblad d’hier soir à la une. "Cette nuit, le Sénat américain a approuvé la nomination d’Arnall en assemblée plénière."
"Arnall, fondateur et propriétaire du fournisseur d’hypothèques Ameriquest, avait déjà été proposé l’été dernier par le président George W. Bush", rappelle le journal du soir. "Mais sur l’initiative de quelques Démocrates, une commission sénatoriale a refusé de porter la candidature d’Arnall aux voix jusqu’à mercredi. Les Démocrates étaient d’avis qu’Arnall ne pouvait pas être envoyé en poste à La Haye tant qu’Ameriquest faisait l’objet d’une enquête judiciaire."
"Avec Roland Arnall (66 ans), qui succède à Clifford Sobel, les Pays-Bas auront de nouveau un ambassadeur américain sans expérience diplomatique. Des sources liées à sa nomination disent qu’il n’a pas le langage et le comportement d’un diplomate. Le dernier semestre, il avait du mal à faire preuve de patience face aux procédures bureaucratique qui entravaient sa nomination ; on dit même dans son entourage qu’il voulait retirer sa candidature."
"La fortune d’Arnall est estimée à 3 milliards de dollars. Cela fait des années que sa femme et lui soutiennent financièrement des personnalités politiques, aussi bien des Démocrates que des Républicains. En 2004 il a apporté une contribution de 12 millions de dollars à la réélection de Bush" (également Trouw p.3, AD Haagsche Courant p.4).

Caricatures de Mahomet

"Ayaan Hirsi Ali est venue à Berlin pour y défendre le droit à l’offense", écrit le correspondant à Berlin du Volkskrant, Sander van Walsum, dans le grand article à la une. "Pour critiquer les intellectuels qui vivent de la liberté d’expression, mais acceptent la censure. Pour faire valoir au premier ministre Jan Peter Balkenende que son homologue danois Anders Fogh Rasmussen a beaucoup plus de courage que lui. Pour dire à son audience que l’exigence des musulmans radicaux de ne pas faire de représentation de leur prophète est en fait une exigence de soumission."
"Elle a choisi Berlin parce que cette ville symboliserait la lutte contre l’absolutisme idéologique. Et parce que les Pays-Bas sont peut-être un peu petits désormais pour la tâche qu’elle s’est donnée. Ayaan Hirsi Ali s’érige en gardienne de la fragile démocratie et en défenseuse des nobles valeurs du Siècle des Lumières. Elle a des partisans, Rasmussen est l’un d’eux, mais ils ne sont pas nombreux. Le groupe alimentaire suisse Nestlé essaie de sauver sa part du marché au Moyen-Orient en assurant que ’nous ne sommes pas danois’."
"Ailleurs en Europe de l’Ouest, cible des musulmans radicaux, domine la médiocrité de ceux qui parent le danger existentiel en lançant des appels rituels au dialogue. Mais un dialogue exige le respect mutuel et un langage que les interlocuteurs maîtrisent. Ces conditions manquent totalement en ce moment, estime Hirsi Ali."
Beaucoup de journalistes accourus au centre de presse gouvernemental, à Berlin, viennent des pays scandinaves, souligne le journal de centre gauche. "Ils veulent savoir si l’affaire des caricatures est un incident grave ou l’amorce du choc des cultures tant redouté. Ils expriment leur crainte que l’extrême droite ne profite de la crise actuelle. Et ils se demandent si les musulmans pacifiques ne vont pas tomber sous le charme de leurs coreligionnaires radicaux."
"Hirsi Ali dit qu’elle a ’trop de respect pour les musulmans modérés pour les considérer comme des moutons’. D’un autre côté, cette affaire a peut-être une influence positive. ’Elle met au jour la peur de l’islam radical parmi les écrivains, les cinéastes, les caricaturistes et les journalistes. Et elle montre qu’une importante minorité en Europe n’accepte pas la démocratie libérale.’ Cette conclusion fâcheuse est plus importante pour l’Occident que la foi dans un dialogue."
"Cette notion, selon Hirsi Ali, autorise une certaine confiance dans l’avenir. ’Ceci est la ville de l’optimisme. Ici a échoué le communisme. La période actuelle est peut-être difficile, mais je suis confiante que le mur virtuel entre ceux qui aiment la liberté et ceux qui succombent à la tentation des idées totalitaires tombera un jour’" (également Trouw p.3, De Telegraaf p.3, AD Haagsche Courant p.3).

PRESSE HEBDOMADAIRE

Vrij Nederland consacre treize pages à la reconstruction d’un quartier déshérité de La Haye. "Clandestins, drogue, criminalité : lorsque les médias parlent du quartier haguenois Transvaal, c’est immanquablement en mauvaise part. Pour lutter contre la paupérisation, on démolit et reconstruit le quartier ’noir’ pour quelque cinq cents millions d’euros. Objectif : moins de locataires pauvres, plus de classe moyenne. Moins de criminalité, plus de cohésion sociale. Est-ce que ça marche ?" Beaucoup de photos d’intérieurs allochtones accompagnent ce reportage.
L’affaire des caricatures du prophète est évoquée par l’acteur et metteur en scène égypto-néerlandais Sabri Saad El Hamus, dont le premier volet de "Pax Islamica", une série de cinq représentations sur les principes de base de l’islam, est à l’affiche depuis la semaine dernière. "L’islam n’est vraiment pas dénué d’humour. En Egypte on rit plus que partout ailleurs, même à propos de Mahomet. Le fait que ces blagues ne paraissent pas dans les journaux est une autre affaire. C’est une question de temps." "Laissez-nous nous moquer nous-mêmes de notre religion. Nous, les artistes musulmans, les caricaturistes musulmans, les gens de théâtre, les cinéastes, les chansonniers musulmans. Cela viendra. Cela a déjà commencé et rien ne nous arrêtera. Mais la révolution ne doit pas venir de l’extérieur."

Pour Elsevier, "la colère islamique incite à la prudence ; c’est compréhensible, mais il n’est pas souhaitable de fléchir". "Pour empêcher l’islamisation de l’Occident, il est nécessaire de faire comprendre que le mauvais goût est préférable à l’intolérance." "On a à peine tiré qu’on hisse déjà le drapeau blanc", remarque Syp Wynia à ce propos. "Si l’Europe ne redresse pas le dos et si les pays de l’UE ne se serrent pas les coudes face à la non-liberté, la lutte contre le terrorisme sera aussi un tigre de papier. Le terrorisme aura alors gagné."
Sur le plan politique intérieur, Arendo Joustra aborde une question "délicate" : "Quand Wouter Bos va-t-il mettre une cravate ?" Selon l’éditorialiste du magazine, la cravate de Bos sert de thermomètre de la fièvre électorale. En effet, "les électeurs verront-ils un futur premier ministre en Bos s’il reste sans cravate ?"
L’écrivain et chroniqueur Leon de Winter estime de son côté que "ce que nous avons vu dans les rues de Beyrouth et Damas, c’est la religion sous son jour le plus laid : aveugle de haine, malade du besoin de vengeance, stupide et crue dans toute sa mentalité primitive". "Le problème est celui-ci : plus longtemps les modérés resteront muets, plus les radicaux deviendront fous."
HP/De Tijd darde ses traits sur la gauche. Le PvdA a soixante ans et l’hebdomadaire saisit l’occasion pour publier une galerie de portraits assortie de remarques critiques à l’encontre des sociaux-démocrates. "Le Partij van de Arbeid a toujours eu beaucoup d’idéaux et de prétentions. Mais le fossé entre le rêve et l’action était souvent grand et il n’était pas toujours facile de donner le bon exemple." Le tour d’horizon s’achève sur "une variante du titre du récent petit livre de Wouter Bos : ce parti peut faire beaucoup mieux".
S’agissant des dessins satiriques danois, Dirk-Jan van Baar remarque que "le jeu n’en vaut pas la chandelle". "En tant que publiciste, je soutiens les Danois, mais ils ont dit ce qu’ils voulaient dire et personne n’a envie de dimanches sans voiture. Je veux pouvoir rouler quand je veux ; un monde libre ne se laisse pas prendre en otage par des questions de principes. La liberté (matérielle) de mouvement compte en l’occurrence plus que la liberté (abstraite) d’expression, qui n’est plus vraiment réversible à l’âge d’Internet. C’est le monde musulman lui-même qui se ridiculise. Voyez les photos de supermarchés arabes dans lesquelles des femmes voilées poussent leur caddy pendant que des vendeurs retirent des produits danois des rayons. Ces images sont plus grotesques que quelque caricature que ce soit. Elles montrent que le monde occidental pénètre partout, même dans les sociétés les plus fermées."

AFFAIRES FRANÇAISES

Le Trouw (p.8) évoque la stratégie que Carlos Ghosn se propose de suivre chez Renault : "Le stratège de l’automobile voit des possibilités de croissance dans le Tiers Monde".

Le Volkskrant (p.5) suit l’affaire d’Outreau.

Dernière modification : 11/05/2006

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