Presse néerlandaise du vendredi 17 octobre 2008

Les communes et provinces néerlandaises ont stocké sur des comptes islandais des fonds qui étaient des prêts de la Banque des communes néerlandaises (BNG), selon deux contrôleurs financiers qui en ont informé le quotidien à grand tirage De Telegraaf. Dans un certain nombre de cas concrets, de l’argent destiné à des investissements dans les infrastructures et les soins a été emprunté auprès de la BNG à un taux d’intérêt de trois pour cent et ensuite placé temporairement en Islande à un taux de 5,25 pour cent.
"Il n’est pas permis de spéculer avec un prêt de la BNG", explique une porte-parole de cette banque, "mais les collectivités sont libres de placer sur un compte dépôt des sommes destinées par exemple à la construction d’une route."

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- NRC Handelsblad (indépendant) d’hier soir : "Les investisseurs redoutent une récession mondiale – Nouvelle chute des cours boursiers", "Les dossiers bloqués de l’UE redeviennent fluides avec la crise", "L’économie domine le dernier débat des candidats aux Etats-Unis"
- De Telegraaf (populaire) : "L’argent évaporé était emprunté ! Les collectivités ont placé leurs crédits à la Landsbanki", "Aboutaleb satisfait de sa désignation" (Rotterdam)
- de Volkskrant (centre gauche) : "Rotterdam choisit Aboutaleb", "Les bourses sont capricieuses", "Lidl et Aldi vendent désormais de la viande de porcs non castrés"
- Trouw (chrétien progressiste) : "Aboutaleb succèdera à Opstelten à Rotterdam – Le premier maire marocain", "Les poèmes inédits de Wolkers"
- AD Haagsche Courant (indépendant populaire) : "Mettre fin à la cupidité des provinces – La Chambre : Rendre aux citoyens les milliards engrangés ’avec astuce’", "Aboutaleb suscite de vives réactions à Rotterdam"

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ACTUALITE INTERNATIONALE

Union européenne

"L’Europe a réussi là où les Etats-Unis ont échoué", écrit le Financieele Dagblad à la une, depuis Bruxelles. "Sous la pression de la crise financière, les Etats membres de l’UE, lors de leur sommet à Bruxelles mercredi et jeudi, se sont accordés rapidement sur des mesures d’urgence. Les leaders sont fiers de pouvoir aboutir à l’unanimité. Mais ceux qui pensent que leur nouvel élan lève les anciens antagonismes se trompent. Même durant ce sommet de crise les libéraux et les orthodoxes se sont affrontés comme toujours à propos du protectionnisme, du soutien d’Etat et des règles budgétaires. Les premiers estiment que cette crise est une belle occasion d’assouplir les règles, les derniers s’y opposent de toutes leurs forces."
"La France, durant ce sommet, a joué un rôle éminent dans la tentative d’aller à la rescousse des industries qui souffrent du malaise économique. Cela apparaissait bien dans les projets de déclaration successifs qui ont circulé. Mercredi ils ne parlaient pas encore de soutien à l’industrie, jeudi matin cela y figurait brusquement et après le sommet il est apparu que le texte avait de nouveau été atténué."
"Outre les règles pour le soutien, les ambitieux objectifs climatiques de l’UE et les accords budgétaires du Pacte de stabilité et de croissance ont maintenant du plomb dans l’aile. ’On a toujours tendance – et pas seulement maintenant – à relativiser ce pacte’, a dit le premier ministre Balkenende. Les Pays-Bas font partie des orthodoxes."
"Après une unanimité surprenante, la division sur les thèmes classiques est familière. Nous reconnaissons là l’Europe."
"La France, l’Allemagne et l’Italie veulent accorder un soutien financier aux fabricants d’automobiles, les Pays-Bas sont contre", résume le journal financier en page 3.

"La France fait une ultime tentative pour sauver le plan climatique européen", relève le Trouw (p.8). "Mais quelles seront les conséquences d’un échec ? ’Les Pays-Bas soutiennent pleinement le paquet climat’, a assuré le premier ministre Balkenende hier, à l’issue du sommet européen. Et la présidence française a fait confirmer par tous les Etats membres leur ambition de réduire fortement les rejets de gaz à effet de serre. Mais la réalité est que durant ce sommet le paquet climat a été sous forte pression. Sous la direction de la Pologne – et avec le soutien de l’Italie – huit pays est-européens ont exigé l’affaiblissement et le report de ces projets."
"Le premier ministre Balkenende ne voit pas dans les circonstances actuelles de raison de ralentir le pas. ’Même si nous avons une crise financière, nous devons garder notre ambition climatique’."

A noter que le NRC Handelsblad d’hier soir a repris une dépêche de l’agence néerlandaise ANP faisant mention des éloges adressés au Président Sarkozy par le ministre néerlandais des Affaires européennes Frans Timmermans, pour la manière dont il dirige l’Europe dans la lutte contre la crise financière. "Sarkozy assure la cohésion et a des idées personnelles. C’est la caractéristique d’un bon homme politique", a déclaré M. Timmermans à Bruxelles mercredi.
Selon le ministre néerlandais des Affaires européennes, "la crise montre que l’Union européenne a besoin rapidement d’un président permanent, comme le prévoit le nouveau traité européen".

Pays-Bas - Bosnie-Herzégovine

"Comparer en Europe un homme politique élu au dictateur biélorusse Loukachenko est peu diplomatique", fait valoir le Trouw (p.8). "Suggérer qu’il est pire que Loukachenko est une grossière insulte ; Pourtant, c’est exactement ce qu’a fait l’ambassadeur des Pays-Bas en Bosnie, Karel Vosskühler, en parlant de l’homme politique serbe bosniaque Milorad Dodik mercredi, dans un journal bosniaque."
"’Il aurait dû s’exprimer plus diplomatiquement’, a dit le ministre des Affaires étrangères Verhagen à propos du comportement de l’ambassadeur, après de vives protestations des Serbes bosniaques. S’il ne tient qu’aux Serbes, l’ambassadeur est persona non grata dans la partie serbe de la Bosnie" (également NRC Handelsblad pp.1 et 3 d’hier soir).

ACTUALITE INTERIEURE

Rotterdam

"La proposition de nomination d’Ahmed Aboutaleb à la mairie de Rotterdam est un jalon à de nombreux égards", souligne le Trouw dans son grand article à la une. "Pour la première fois une grande commune aura un maire qui a deux passeports (un néerlandais et un marocain). Pour la première fois aussi le CDA n’aura aucun maire dans les quatre grandes villes. Et le choix du conseil municipal de Rotterdam en faveur du social-démocrate Ahmed Aboutaleb confère une nouvelle dimension aux élections municipales. Le vote des citoyens, par le biais du conseil, a désormais une grande influence sur la coloration politique du maire. Le conseil municipal, du point de vue juridique et formel, n’a peut-être pas le dernier mot pour la nomination du maire, dans la pratique on ne s’écarte pas de son choix."

"Après la désignation d’Ahmed Aboutaleb comme maire de Rotterdam", écrit le Volkskrant de son côté à la une, "même les sceptiques les plus endurcis doivent le reconnaître : la nomination des maires n’est plus manigancée dans la Salle de Trèves." "Les chiffres le prouvent. Le nouveau système, dans lequel les candidats s’annoncent eux-mêmes ou sont mis en avant par leur parti après quoi le conseil municipal décide, est entré en vigueur en 2002. La même année le CDA est entré dans le gouvernement et y est resté depuis. Le résultat six ans plus tard est que si l’on part du nombre d’habitants des communes, le premier maire CDA n’apparaît qu’en dix-huitième position : Ton Rombouts à Bois-le-Duc. Si le gouvernement décide vraiment en catimini de la nomination des maires, le plus grand parti du pays a dû dormir d’un sommeil profond."

Commentaires

"La ville qui, il y a six ans, sous la direction de Pim Fortuyn, s’est révoltée contre la politique d’immigration aura un maire maroco-néerlandais", écrit l’éditorialiste du Trouw. "Le choix du conseil municipal de Rotterdam n’aurait pas pu être plus spectaculaire." "C’est un énorme pas en avant dans le débat national sur l’intégration."

Le Telegraaf juge le choix du conseil municipal de Rotterdam "plutôt surprenant". "Surtout parce que ce social-démocrate n’est secrétaire d’Etat des Affaires sociales que depuis peu. Une fonction dans laquelle ce social-démocrate qui, avec ses origines marocaines, a soutenu le leader PvdA Wouter Bos durant la dernière campagne électorale, n’a pas pu exceller. En dépit des qualités qu’il a indubitablement, il semble qu’Aboutaleb, en homme politique de carrière avide, ait surtout brigué un des plus importants postes dans l’administration publique."

PRESSE HEBDOMADAIRE

Vrij Nederland consacre son article de couverture à la crise du crédit et conclut que "les intérêts néerlandais sont prioritaires". "Dans quelle mesure les banques et l’épargne néerlandais sont-ils sûrs ? Quelle sera l’impact de la crise sur la patrie ? Les Pays-Bas ne portent pas la garantie de l’épargne de 38 000 à 100 000 euros pour secourir le petit épargnant, car celui-ci n’a pas tant d’argent, mais pour éviter que les gens à la bourse bien remplie ne cherchent leur salut ailleurs en Europe. Plus personne ne regarde au-delà des frontières européennes, si ce n’est pour critiquer l’Amérique. Le lauréat du prix Nobel Muhammad Yunus craint que la crise ne touche finalement surtout les plus pauvres du monde. Mais ce genre de son de cloche n’est pas plus entendu, car au plus fort de la bataille la devise est : nos propres sous d’abord."
Dans une interview, le député SP Ewout Irrgang fait valoir à propos de la crise du secteur financier que "la surveillance doit être beaucoup plus sévère". "Cette crise n’est pas seulement due à la défaillance des institutions financières, mais aussi à celle des autorités qui surveillent les échanges financiers. Aux Pays-Bas, Icesave a tout bonnement reçu l’autorisation de se rendre sur le marché." Le porte-parole pour les Finances du SP rappelle que son parti s’est toujours opposé au credo "plus de marché, moins d’état". "Les néolibéraux ont toujours clamé que l’Etat était le problème. Pendant des années il a fallu déréguler. Et maintenant, tout à coup, c’est à l’Etat de sauver les institutions financières."
On notera aussi un entretien avec l’écrivain français Michel Houellebecq sur l’échec de son film La possibilité d’une île et sa correspondance avec Bernard-Henri Lévy.

"L’Amérique va-t-elle tomber ?" titre HP/De Tijd sous un Uncle Sam pointant son index vers le lecteur. "Est-ce la fin de la suprématie des Etats-Unis ? Ceux qui l’affirment n’ont pas d’yeux pour les fondements extrêmement solides sur lesquels repose l’hégémonie américaine, crise du crédit ou non." Le dossier cite des sources comme le philosophe britannique John Gray, le politologue Francis Fukuyama, Charles Groenhuijsen, ancien correspondant de la NOS à Washington, le philosophe, journaliste et écrivain français Jean-François Revel et des médias comme le magazine allemand Der Spiegel.
S’agissant des répercussions de la crise américaine aux Pays-Bas, le directeur du Sociaal Cultureel Planbureau Paul Schnabel, fait valoir qu’alors que "tout le monde ici croyait au début que c’était un problème américain", il s’avère que "c’est un tsunami de misère qui vient d’Amérique et qui déferle maintenant sur toutes les côtes d’Europe, et certainement de notre pays avec ses grandes banques fortement orientées vers les marchés internationaux". "Le point d’ébullition de la crise ne dure que depuis quelques jours. Tout le monde, y compris moi, regarde l’orage le cœur serré. Ce n’est que plus tard que nous verrons vraiment quelles seront les conséquences pour le secteur du bâtiment ou pour la vente d’automobiles."
Sur le plan culturel, on retiendra un entretien avec le nouveau directeur du Rijksmuseum. "Wim Pijbes veut attirer tout le monde au Rijksmuseum, dont il est le directeur depuis peu. Pas seulement avec la Ronde de nuit, mais aussi avec le crâne de Damien Hirst ou, s’il le faut, Frans Bauer [chanteur populaire néerlandais]." "Il ne suffit pas d’accrocher des toiles dans le musée. Il faut rendre les thèmes émotionnels." "’Chez les Bauer’, cette série de télé réalité, était comme une scène d’auberge de Van Ostade."

AFFAIRES FRANÇAISES

Le NRC Handelsblad d’hier soir évoque l’incident de Montfermeil (p.1) et l’affaire Taser France (pp.1 et 4). Il s’intéresse par ailleurs à la question de la Marseillaise dans les stades de football, que le Volkskrant de ce matin traite également, en rubrique sportive.

Dernière modification : 26/11/2008

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