Presse néerlandaise du vendredi 20 janvier 2006

Les deux collisions en chaîne qui se sont produites mercredi soir sur l’A28 près d’Assen, dans lesquelles 66 voitures ont été accidentées et qui ont fait 17 blessés, ont peut-être été causées par les fumigènes utilisés par des militaires sur un terrain de manœuvre proche, selon certains journalistes. Le groupe parlementaire PvdA exige des éclaircissements du ministre de la Défense Kamp. "Le ministre juge-t-il responsable de procéder à des manœuvres avec des fumigènes alors que la météo prévoit une combinaison de brouillard et de gel ?" veut savoir le député PvdA Niesco Dubbelboer.

-NRC Handelsblad d’hier soir : "Les données sur les étiquettes n’aident guère les clients allergiques", "Recommandation du Conseil de la Santé : La sélection des embryons FIV doit être possible", "Les NS suppriment les trains intervilles dans le nouvel indicateur"
-Trouw : "’Donnez des règles aux enfants pour les boissons alcoolisées’ - Recommandation : Il ne sert à rien de punir et de discuter, il faut donner le bon exemple"
"Suppression de la publicité sur les chaînes publiques dès cette année"
-de Volkskrant : "Van Aartsen engage Wiegel dans la bataille - Il prévoit une grande progression aux élections si Wiegel est candidat au portefeuille de premier ministre", "Oussama ben Laden propose une trêve aux Américains" (synthèse de dépêches)
-De Telegraaf : "Des doutes sur le résultat des examens pour le permis de conduire - ’Les différences régionales sont suspectes’", "’Des fumigènes sont la cause des accidents sur l’A28’", "Le froid russe se rapproche lentement de nous"
-AD Haagsche Courant  : "Holleeder est derrière les Angels - Le ravisseur de Heineken a fait des Hells Angels une organisation criminelle"

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ACTUALITE INTERNATIONALE

Pays-Bas - Afghanistan

"La Deuxième Chambre pourra tout de même prendre connaissance du rapport confidentiel que le Service de renseignement et de sécurité militaire (MIVD) a rédigé sur la sécurité dans la province afghane d’Uruzgan", relève le Volkskrant (p.4). "Le ministre de la Défense Kamp évite ainsi un heurt avec la Chambre."
"Les spécialistes de la défense pourront prochainement prendre connaissance d’un bon résumé du rapport, annoncent des sources bien informées. Kamp fera probablement savoir sa décision aujourd’hui. Le ministre, selon ces sources, garantit que le résumé contiendra toutes les informations pertinentes sur la situation en Uruzgan, la province où le gouvernement veut envoyer 1 200 militaires néerlandais à partir de cet été."
"Il a été convenu de supprimer les références à d’éventuelles sources dans le résumé. C’est également le cas pour les informations qui peuvent nuire à la position des militaires."

"Les Néerlandais qu’on enverra en Afghanistan sont des volontaires ou des soldats de métier", fait valoir le chroniqueur J.L. Heldring en page d’opinion du NRC Handelsblad d’hier soir. "Ils doivent être conscients des risques de leur profession."
"Ce qui m’a convaincu qu’il faut y aller, c’est la réputation du pays dont je suis un ressortissant. Doit-on dire des Pays-Bas qu’ils parlent toujours des droits de l’homme, de l’ordre juridique international, des interventions humanitaires, mais qu’ils décrochent le moment venu, c’est-à-dire quand les choses risquent de devenir dangereuses ?
"
"Srebrenica a déjà fait beaucoup de tort à notre réputation. Je sais bien que c’était en partie injustifié, mais il s’agit de l’impression faite. Le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’était pas bonne. Et soyons sincères : les Néerlandais ne se sont pas vraiment comportés en héros à Srebrenica. A cet égard Srebrenica est une hypothèque qui pèse sur tous les Néerlandais. Une hypothèque qu’on ne rappelle pas aux Pays-Bas dans le circuit officiel, où l’on ne se dit pas inutilement des choses désagréables. Mais tout le monde n’en pense pas moins. C’est pourquoi il faut convaincre de nouveau le monde que les Pays-Bas sont toujours prêts à passer des grandes paroles aux actes. C’est pour lever cette hypothèque que les Pays-Bas ne doivent pas décrocher. Ce n’est pas aux Américains que les Pays-Bas le doivent, ni même à l’OTAN, mais à eux-mêmes."
"Cela importe aussi pour le parti qui espère gouverner après les prochaines élections. A l’étranger on ne fait pas de différence à cet égard entre le gouvernement et l’opposition. Ce sont les Pays-Bas qui laissent une impression. En tant qu’éventuel premier ministre Wouter Bos a lui aussi intérêt à ce que l’hypothèque soit levée. Peut-être y arriverons-nous en envoyant ces 1 200 hommes en Uruzgan. Mais il sera difficile d’effacer l’impression que les Pays-Bas ont du mal à prendre des décisions. Cela peut être une raison, dans la mesure du possible, de ne pas les impliquer dans la concertation. En tout cas, le premier ministre Balkenende n’a pas eu l’air d’être un leader énergique et cela ne fera pas de bien à son autorité dans les forums où il représente les Pays-Bas."

ACTUALITE INTERIEURE

VVD

"Le chef de file du VVD Van Aartsen a demandé au coryphée Hans Wiegel (64 ans) d’être disponible comme candidat au poste de premier ministre aux prochaines élections", annonce le Volkskrant dans son grand article à la une. "Van Aartsen attend un grand gain de sièges de cette manœuvre. Mais le projet mène aussi à la division de la direction du VVD."
"Le sondeur d’opinion Maurice de Hond a constaté que Wiegel, en jouant un rôle actif, peut obtenir dix à quinze sièges de plus pour son parti." "Selon un sondage récent, plus de la moitié des électeurs du VVD est pour Wiegel comme tête de liste."
"Hier, Wiegel a publié une brève déclaration dans laquelle il dit ’soutenir carrément Jozias van Aartsen et sa ’candidature’ à la fonction de tête de liste’. Il n’a pas évoqué le portefeuille de premier ministre."
"Le député VVD Frans Weekers soutient ’pleinement’ l’idée d’avoir recours à Wiegel et juge même possible que le VVD devienne alors le premier parti." "Quelques éminents membres du VVD au sein du gouvernement et à la Deuxième Chambre trouvent ce projet déraisonnable. Ils estiment que Van Aartsen nuit à sa propre autorité. Selon eux, Wiegel peut difficilement être présenté comme l’homme de l’avenir et il suit toujours son propre cap."
"Beaucoup de cadres libéraux sont sceptiques. ’Wiegel a beaucoup de mérites, mais c’est un homme du passé’, dit un homme politique VVD local. ’Il vaut mieux nous tourner vers l’avenir, par exemple avec Mark Rutte’."
"Les rivaux politiques prennent Wiegel très au sérieux. Le premier ministre CDA Balkenende craint d’être la victime de sa participation à la campagne électorale. Le leader du PvdA, Bos, pense que ce sera le cas. ’Si Wiegel participe, ce ne sera pas une lutte entre Bos et Balkenende, mais entre Bos et Wiegel."

Intégration

A partir du 1er mars, les immigrants de pays non occidentaux qui veulent rejoindre leur famille ou leur partenaire aux Pays-Bas devront passer avec succès un examen d’intégration dans leur pays d’origine. Une majorité de la Deuxième Chambre a approuvé hier l’application par la ministre de l’Intégration Rita Verdonk de la loi sur l’intégration des étrangers. Cette loi avait déjà été adoptée par la Deuxième Chambre et le Sénat, mais il subsistait des doutes, dans les milieux universitaires, sur la fiabilité du test à passer dans les ambassades des Pays-Bas.
Les candidats à l’immigration devront téléphoner à un ordinateur qui leur posera des questions sur la langue et la société néerlandaises et qui évaluera leurs réponses. Un groupe d’experts et le bureau de recherche TNO doutent de la fiabilité du programme de reconnaissance vocale employé.
"Ce n’est que dans la pratique, avec de vrais candidats, que nous pourrons établir la qualité effective", a déclaré la ministre hier. Une majorité CDA, VVD, D66 et LPF l’a soutenue, à condition que la fiabilité soit étudiée plus amplement après l’introduction du système.
Les partis d’opposition veulent attendre le développement d’un test fiable pour appliquer la loi. Ils critiquent aussi le prix de l’examen, 350 euros (Trouw p.4, de Volkskrant p.4).

PRESSE HEBDOMADAIRE

Elsevier publie un dossier sur la puissance croissante de Google : "Comment un moteur de recherche intervient dans votre vie quotidienne." Le magazine conservateur consacre par ailleurs huit pages aux 201 meurtres de 2005, "le chiffre le plus bas depuis 1992", et juge probable, dans un article d’histoire signé Robert Stiphout, que les premiers européens à avoir vécu en Australie n’étaient pas des Britanniques, mais des naufragés néerlandais. "Des Aborigènes blonds, des ducats hollandais, une tabatière de Leyde et des maladies rares montrent que les Néerlandais n’ont pas seulement été les premiers Européens à voir l’Australie, mais aussi à y vivre."
Bart Tromp, dans sa chronique, affirme que "l’OTAN risque d’être réduite à un simple instrument de la politique étrangère américaine". "En effet, il ne s’agit plus d’un processus décisionnel commun d’alliés. Cela ressort du fait que seuls 3 des 26 membres se sont montrés prêts à envoyer des troupes dans le Sud de l’Afghanistan, et peut-être encore plus du fait qu’il apparaît impossible d’en porter le coût en commun. Si les Pays-Bas envoient des troupes, ils pourront tout payer eux-mêmes. Pour résumer : l’unilatéralisme de Bush a fait de l’OTAN une agence de travail temporaire pour mercenaires à payer soi-même." "Washington considère manifestement l’OTAN comme un fournisseur de légionnaires susceptibles de remplacer à bon marché les troupes américaines. Les Pays-Bas, par rapport à la plupart des autres Etats membres de l’OTAN, ont apporté une contribution militaire disproportionnée à l’ISAF et ’Enduring Freedom’. Au lieu de les en remercier, on les menace maintenant. C’est le monde à l’envers."
HP/De Tijd énumère "les gaffes d’un ministre : Ben Bot & l’Afghanistan". "Le ministre des Affaires étrangères a été un excellent diplomate. Mais en tant qu’homme politique débutant il accumule les erreurs, comme actuellement dans le débat sur l’Afghanistan." "Dans les coulisses, il est capable d’engranger des résultats avec expertise, mais dès qu’il doit défendre sa politique, dans les médias ou au Parlement, le ministre commence à gaffer." "Une crise ministérielle a été évitée de justesse, mais son manque de talent politique a contribué à saper le prestige du gouvernement Balkenende et à affaiblir la réputation internationale des Pays-Bas comme allié. Avec ses états de services, Bot devrait être un appui considérable. Mais il ne l’est pas."
L’hebdomadaire indépendant "enterre" aussi le D66. "Le D66 n’est pas seulement pénible pour le gouvernement Balkenende (Afghanistan), il est aussi superflu. Cinq arguments en faveur d’un gouvernement minoritaire."
Vrij Nederland, dans le cadre du Festival de Rotterdam, consacre dix-neuf pages au cinéma, dont on retiendra notamment un portrait de Philippe Garrel, "le proverbial génie méconnu, le seul vrai poète du cinéma français actuel", selon Olivier Assayas.
Le magazine progressiste contient par ailleurs un reportage sur les sept pathologistes de l’Institut Médico-légal Néerlandais, et estime, documents d’archives à l’appui, que le Prix Nobel de Chimie néerlandais Peter Debye (1884-1966) était beaucoup plus étroitement lié au régime nazi, avant la Deuxième guerre mondiale, qu’on ne le pensait.

AFFAIRES FRANÇAISES

Le NRC Handelsblad (p.5) d’hier soir et le Trouw (p.8) de ce matin évoquent l’affaire Outreau qui a secoué la justice française et sur laquelle se penche maintenant une commission d’enquête parlementaire.

Le NRC Handelsblad p.7) rend aussi compte factuellement du discours prononcé par le premier ministre Dominique de Villepin à l’Université Humboldt, à Berlin, avant de s’entretenir avec la chancelière Merkel : "Villepin veut une Europe politique".

Ce matin, le Volkskrant (pp.1 et 5), le Trouw (p.3) et l’Algemeen Dagblad (p.14) résument le discours prononcé à Brest par le Président de la République. "Le président Chirac n’exclut pas que la France riposte avec l’arme nucléaire si des terroristes, avec le soutien d’un autre pays, commettent des attentats en France", écrit le Trouw. "Chirac a affirmé que l’arsenal nucléaire n’est pas destiné en soi à dissuader les terroristes." "La France, jusqu’à présent, n’avait jamais dit qu’elle pouvait engager l’arme nucléaire en réponse à un attentat terroriste avec des armes de destruction massive. Les Etats-Unis, eux, ne l’avaient pas exclu et ils étudient la possibilité d’engager des mini-nukes."

Sur le plan culturel, le Volkskrant, dans son cahier littéraire Cicero, présente le roman "Ravel" de Jean Echenoz, basé sur la vie du compositeur.

Dernière modification : 12/05/2006

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