Presse néerlandaise du vendredi 25 juin 2004
Gabegie de l’instance chargée du versement des indemnités, lutte contre le
terrorisme, attentats en Turquie à la veille d’un sommet de l’OTAN et football :
les grands titres de la presse sont très variés ce matin.
- NRC Handelsblad
d’hier soir : "Les Etats-Unis renoncent à l’exemption de poursuites devant la
Cour pénale internationale", "Les poètes irakiens luttent contre
l’incroyance" (reportage de Bagdad) - Trouw
: "Des bombes explosent en Turquie", "L’Etat doit rembourser le préjudice
causé par l’affaire des subventions du FSE - Un verdict qui peut coûter des
centaines de millions au Trésor" - de Volkskrant
: "L’alarme contre le terrorisme suscite des résistances - Les pays de l’UE en
désaccord sur un système uniforme", "Une école musulmane fait un mauvais usage
de ses subventions", "Des trèfles à quatre feuilles au lieu de claques pour
Seedorf ’renouvelé’" (football) - Algemeen Dagblad
: "’Cessez d’éreinter Advocaat’ - Les responsables politiques : L’anathème
contre l’entraîneur du onze national est inadmissible", "Tous au Portugal" - De Telegraaf
: "L’UWV gaspille de nouveau des millions", "La fièvre orange montre", "Le
Portugal se place", "Le prince Bernhard remet les Œillets d’Argent"
* * *
Actualité internationale
Union européenne
Présidence néerlandaise .
" Le gouvernement néerlandais présente un programme de présidence de l’Union
européenne insipide, à l’exception d’une discussion sur les normes et les
valeurs ", écrit le Financieele Dagblad (p.9) dans le chapeau d’un
papier de son correspondant à Bruxelles, Hendrik Jan van Oostrum.
" Le débat sur les normes et les valeurs que Balkenende a essayé d’entamer aux
Pays-Bas ne s’est jamais vraiment animé. Le thème est trop abstrait pour cela. A
cet égard, les perspectives sont meilleures dans le cadre européen. La demande
d’adhésion de la Turquie à l’Union rend le thème concret et à la fois
potentiellement explosif . Cela fait des mois que les chrétiens-démocrates
allemands, la CDU et la CSU, font campagne contre l’adhésion de la Turquie."
"Les chrétiens-démocrates allemands estiment qu’un partenariat spécial est
suffisant, parce que la Turquie ne fait pas partie de la même communauté de
valeurs, autrement dit parce qu’elle n’est pas un pays chrétien. Dans les
milieux chrétiens-démocrates français et parmi la propre base de Balkenende, le
CDA, on nourrit la même objection, bien qu’on ne le dise pas tout haut."
"Le gouvernement néerlandais part du principe que les chefs d’Etat et de
gouvernement ont promis à la Turquie de trancher en décembre, sur la base des
progrès enregistrés dans le domaine des réformes politiques et économiques La religion n’est pas un critère de jugement et ne devrait donc pas être prise
en considération. De ce point de vue, il est ironique que le gouvernement, par
des réunions sur la communauté de valeurs, propose un podium pour discuter in
extremis de cet élément ."
"Que le programme du gouvernement néerlandais se conforme par ailleurs à
l’agenda politique européen en cours n’est guère surprenant. Les partis
gouvernementaux, le CDA, le VVD et le D66, ont bien fait du brainstorming en
petit groupe sous la direction du premier ministre Balkenende, avec la
participation du commissaire européen Frits Bolkestein, mais ces sessions ne
pouvaient pas déboucher sur beaucoup d’idées créatrices pour deux raisons."
"La première raison est une question de force majeure. La présidence
néerlandaise commence alors qu’un Parlement européen nouvellement élu s’occupera
surtout de lui-même, les premiers mois (constitution de commissions, formation
des nouveaux membres). D’autre part, une nouvelle Commission européenne sera
installée en novembre. Ces relèves font que la présidence néerlandaise, par
définition, consistera beaucoup à garder la boutique . La deuxième raison est
que les partis gouvernementaux sont loin d’être unanimes sur ce que les Pays-Bas
veulent en Europe. Le VVD se soucie du marché intérieur et de la sécurité et
estime pour le reste qu’il faut laisser faire le plus possible les Etats
membres. Le CDA doute de son penchant traditionnel pour le fédéralisme : le
ministre CDA des Affaires étrangères, Bernard Bot, a récemment plaidé en faveur
de la restitution aux Etats membres de tâches de l’Union. Quant au D66
fédéraliste, il est trop petit au sein du gouvernement pour peser dans la
balance."
Sur la même page, le rédacteur Hans Schlaghecke
fait valoir que les Pays-Bas ont un excellent candidat à la présidence de la
Commission européenne, le chrétien-démocrate Hans van den Broek, si l’Irlande
règle la question avant la présidence néerlandaise . "L’usage veut que la
présidence ne propose pas de compatriote. Mais on peut se demander si Ahern
est vraiment pressé, même s’il en fait l’impression . A La Haye circule un
scénario dans lequel le conservateur Ahern ambitionnerait lui-même la présidence
de la Commission. Si c’est le cas, il reportera la question au-delà de sa propre
présidence. Balkenende aura alors pour tâche de lui présenter le poste
bruxellois sur un plateau."
Le Volkskrant (p.2), dans sa rubrique
Haagse mores (mœurs haguenoises), évoque la "ligne de cadeaux" mise en
place pour la présidence néerlandaise , "les bricoles conçues pour faire
plaisir aux chefs d’Etat et de gouvernement, à leurs délégations et aux milliers
de journalistes qui viendront aux Pays-Bas". " Mais le plus grand cadeau que
les Pays-Bas, le 1er juillet, donneront à l’Europe, c’est évidemment Jan Peter
Balkenende . Il recevra les hôtes de marque, dirigera les conseils,
formulera, et forcera s’il le faut, les décisions. Et surtout, il fera oublier
durant cette présidence tous les déboires de ses deux ans en tant que premier
ministre. Il établira une fois pour toute sa stature d’homme d’Etat. C’est du
moins ce que tous les chrétiens-démocrates claironnent depuis des mois,
suscitant ainsi des attentes qui peuvent aussi tourner à la déception, ça va de
soi. On force le premier ministre à jouer le rôle d’un sprinter qui doit
reprendre après avoir fait une mauvaise chute en début de saison. Cela fait déjà
quelque temps qu’il roule de nouveau bien, mais on lui impose brusquement le
rôle de favori dans un grand tour. Balkenende supportera-t-il la pression ? "
Lutte contre le terrorisme .
" L’idée de codes d’alerte uniformes comme ceux qu’utilisent les Etats-Unis a
été amplement débattue vendredi dernier par les chefs des services
antiterroristes des 25 Etats membres de l’UE ", rapporte le Volkskrant
dans son grand article à la une. "Tous les pays ne sont pas partisans d’un tel
système. Les opposants font valoir qu’on appelle les citoyens à être vigilants
sans qu’on leur indique comment entreprendre une action adéquate."
"Le directeur d’Europol, Jürgen Storbeck,
confirme qu’il est question d’un système européen. Les inconvénients sont
manifestes, selon lui, mais il discerne surtout des avantages. Le débat
contraint les Etats membres de l’UE à réfléchir à une définition de la menace
terroriste acceptable pour tous . Que signifie le passage à la phase orange
ou rouge, ou à la phase 3 ou 4 L’unanimité sur un système général
d’avertissement favorisera l’harmonisation de la lutte européenne contre le
terrorisme ."
On notera dans ce contexte que le Français
Jérôme Courtailler, condamné lundi par la justice néerlandaise à six ans de
prison pour participation à une organisation terroriste, s’est rendu hier matin
à la police de Rotterdam, qui l’a écroué ( De Telegraaf p.3, de
Volkskrant p.4, Trouw p.5).
Pays-Bas - Flandre
Le Trouw (p.6) et le Telegraaf (p.15) signalent l’ouverture
solennelle à Bruxelles, hier, de la Maison de Flandre et des Pays-Bas . La
cérémonie avait surtout un caractère symbolique, car la maison, qui doit être un
institut culturel commun et un "centre de débat et de réflexion", est loin
d’être achevée. Elle ne sera fin prête que vers la mi-2006.
La secrétaire d’Etat néerlandaise à la Culture, Medy van der Laan, a déclaré
hier lors de l’inauguration que les Pays-Bas tenaient à cette date pour pouvoir
rendre hommage au ministre flamand de la Culture Paul van Grembergen, qui
quittera prochainement la politique. Par ailleurs, cette inauguration coïncide
plus ou moins avec le début de la présidence néerlandaise de l’Union européenne,
le 1er juillet.
Van der Laan comme Van
Grembergen s’est réjouie de l’existence d’une maison commune, après trente
ans de discussion , comme pendant du Centre culturel flamand "De Brakke Grond",
à Amsterdam.
La Maison de Flandre et des Pays-Bas, Rue
Léopold, se trouve à un jet de pierre du Théâtre de la Monnaie, où a commencé la
révolte belge en 1830, sous le roi Guillaume Ier.
Presse
hebdomadaire
Elsevier
nous propose cette semaine un dossier "santé" : "Le soleil est bon pour vous".
"Des années durant on nous a prévenus que le soleil était cancérigène et des bus
d’information médicale parcouraient les plages. Selon de nouvelles conclusions,
passer quelques minutes au soleil chaque jour est au contraire une panacée qui
réduit le risque de maladies graves. Bronzer reste tabou." "Allochtones, ’nerds’,
vieillards : tous sur la terrasse et commandez un hareng."
Bart Tromp, dans sa rubrique, appelle la prochaine présidence néerlandaise de
l’UE à "désidéologiser et rendre plus efficace" la politique européenne de la
drogue. "Les Pays-Bas ont toujours insisté sur la lutte contre la nuisance et la
promotion de la santé publique, s’agissant des drogues, au lieu de
l’interdiction et de la répression. A cet égard, ils ont été un exemple pour
beaucoup d’autres Etats européens qui appliquent désormais tacitement une
politique similaire, parce qu’elle est plus efficace que la stratégie répressive
qu’ils prônent formellement." "Selon des initiés dans le domaine de la lutte
internationale contre la drogue, l’une des principales entraves est le préjugé
idéologique, à l’étranger, concernant une politique de tolérance qui n’existe
plus depuis longtemps aux Pays-Bas. Dans les déclarations officielles on insiste
toujours sur la nécessité d’une politique ’plus dure’ et plus répressive, mais
tous ceux que cela concerne savent que c’est une voie sans issue." "Beaucoup
d’Etats qui réclament dans le cadre européen un régime plus sévère laissent sur
leur propre territoire la main droite ignorer ce que la main gauche fait très
pragmatiquement. A Marseille, il y a des distributeurs publics d’aiguilles pour
les consommateurs de drogues dures, mais il reste à savoir si le président
Jacques Chirac le savait lorsqu’il s’est scandalisé de la politique
néerlandaise."
HP/De Tijd ,
à la suite d’un fait divers récent, se penche sur le "cauchemar" des parents
isolés qui tuent leurs enfants et se suicident.
L’hebdomadaire indépendant évoque aussi le succès des auteurs néerlandais en
Allemagne. "Qu’est-ce que nos voisins apprécient tant dans l’œuvre de Nooteboom,
Mulisch et Palme ? ’Dans la littérature néerlandaise on peut au moins rire’."
"Harry Mulisch : ’Quand je lis toutes ces lettres d’Allemagne et les mémoires de
maîtrise qu’on y consacre à mon œuvre... Peut-être que l’enseignement y est
meilleur qu’ici.’"
"Brusquement, tout le monde parle d’elle", constate Renate van der Zee à propos
de la chanteuse néerlandaise Wende Snijders (25 ans), qui s’est "jetée
spontanément sur les classiques français". Et de lui consacrer également quatre
pages illustrées de portraits.
On notera aussi un article de J.A.A. van Doorn très critique à l’encontre du
rédacteur en chef du NRC Handelsblad, qui, dans les chroniques de Youp
van ’t Hek et d’Ellian, laisse passer "aussi bien des allégations stupides que
des mensonges évidents".
Vrij Nederland ,
dans sa rubrique Het profiel, prend congé du commissaire européen en
instance de départ Frits Bolkestein, "l’ailier droit de l’Europe". "Il aimait la
confrontation, mais il lui manquait la Wille zur Macht [la volonté de
pouvoir], le véritable instinct de tueur politique. C’est pourquoi Bolkestein
n’a jamais atteint le sommet absolu aux Pays-Bas - ni en Europe. Portrait d’un
politique atypique, qui a manqué la bataille contre le fortuynisme chez nous et
qui a été plaqué à Bruxelles par la coalition de circonstance Volkswagen-Gerhard
Schröder. Car ce dernier fait est la véritable raison pour laquelle Bolkestein a
maintenant le temps d’écrire son livre." "Il va aller à Vienne pour y étudier le
Jugenstil. Bolkestein prend déjà des cours d’allemand (il parle couramment
l’anglais, le français, le suédois et l’espagnol, mais pas encore l’allemand).
Ensuite il faudra finir le livre qu’il veut écrire depuis sa vingt-cinquième
année, sur la difficile relation entre les intellectuels et la démocratie
parlementaire."
Economie, Finances
Epargne
"Les Néerlandais sont des épargnants plus fanatiques que jamais", note le Volkskrant (pp.1 et 7). "En 2003, ils ont épargné en moyenne un milliard
d’euros par mois. L’avoir total des Néerlandais approche deux cents milliards
d’euros. Fin avril de cette année, plus de 191 milliards étaient déposés sans
risque sur des comptes bancaires d’épargne, un summum historique. Chaque
Néerlandais dispose en moyenne d’un avoir d’épargne de 11 800 euros ; l’avoir
par ménage s’élève à 27 000 euros."
"En comparaison de l’année précédente, l’avoir d’épargne a augmenté de 10 pour
cent." Une partie de la croissante de l’épargne s’explique par la vente
d’actions. "Dans les années 2001 et 2002, des investisseurs privés déçus ont
vendu des actions et placé la recette sur un compte épargne", déclare Michel
Vergeer, du Centraal Bureau voor de Statistiek (CBS), qui a publié les
nouveaux chiffres hier.
L’épargne fanatique des Néerlandais en période
de vaches maigres aggrave et prolonge la récession, souligne le CBS (également
Algemeen Dagblad p.9).
Affaires françaises
Le NRC Handelsblad d’hier soir évoque les
critiques que suscite la loi contre l’homophobie (p.4) et suite le dossier
Messier (p.15) en rubrique économique.
Le Trouw (p.6) publie une photo avec
légende des protestations contre la privatisation d’EDF et de GDF à Marseille.