Presse néerlandaise du vendredi 27 décembre 2002

Le traditionnel Discours de Noël prononcé par la Reine Beatrix et
diffusé par la radio et la télévision néerlandaises reçoit une attention
particulière cette année, après les événements qui ont secoué la société
néerlandaise et ceux qui marqué la vie de la famille royale.

 

  • De Telegraaf  : "Des cellules dans les magasins, pour les voleurs – Le
    suspect sera retenu jusqu’à l’arrivée de la police
    ", "Beatrix :
    Préoccupée par la dégradation"

  • Algemeen Dagblad  : "Les discos restent dangereuses – Les pompiers veulent
    pouvoir imposer des sanctions" (enquête annuelle du journal), "Beatrix insiste
    sur la ’coexistence’ dans un discours particulier"


    de Volkskrant "Le CPB : L’Etat va reprendre les soins – La nationalisation
    menace, selon le directeur Don", "Les dindons mordent la poussière face aux
    lièvres des dunes – Les Américains tiennent au Koweït les plus grandes
    manœuvres depuis 1991", "Beatrix parle de l’agitation et du malaise"


    Trouw  : "Le PvdA : De Geus est ’inconvenant’", "Daniel arap Moi
    laisse les Kenyans plus pauvres qu’avant", "Le discours de Noël de Beatrix
    souligne la tâche des citoyens", "Une campagne en faveur des radars – le
    public doit apprécier les contrôles de vitesse"

 

* * *

 

Le dossier du jour : Discours de Noël

" La Reine Beatrix, dans son discours de Noël, a essayé
d’expliquer le mécontentement et l’agitation de la société néerlandaise, qui se sont
exprimés aux élections législatives du 15 mai
", relève le Volkskrant
à la une. "La Reine a parlé des conséquences du règne du ’politiquement correct’.
L’agitation et le malaise ont été réprimés trop longtemps. L’indulgence
obligatoire, avec laquelle on tolère ce qui est essentiellement inacceptable, mène à
une fausse tolérance.’
Dans son discours Beatrix a évoqué l’éruption de
mécontentement électoral."

"Le Discours du Trône prononcé le dernier Prinsjesdag
[jour de la présentation du budget national] s’était à peine arrêté au glissement de
terrain politique, au meurtre de Pim Fortuyn et aux causes du virage à droite. Plus de
1,4 millions de téléspectateurs ont regardé le discours de Noël, un demi-million de
plus que l’an dernier
."

"Selon Beatrix, les Pays-Bas sont entrés dans une ’période
déroutante’, ’détachée des vieilles ancres’, ’pleine de mécontentement et de
sentiments d’angoisse indéfinissables’. Le chef de l’Etat signale que ’les Pays-Bas
semblent se dégrader’. Beatrix touche du doigt la dégénérescence de la correction
politique, qui aurait longtemps empêché de parler de beaucoup de questions. Mais cette
fausse tolérance a aussi un autre côté, selon Beatrix : La tolérance ne doit pas
non plus dégénérer en indifférence, ni être une excuse pour se détourner des vrais
problèmes.’
La Reine, dans son discours, a appelé à la vraie tolérance et à
l’implication, en écoutant et en dialoguant pour mieux tenir compte de différences
fondamentales concernant l’origine ethnique, la nature et le caractère. Elle a aussi
appelé les citoyens à s’opposer à l’inégalité de traitement, à la violence et à
l’injustice."

"Le discours, que 1,4 million de personnes ont regardé, avait
aussi un caractère personnel", ajoute le Trouw à la une. " La Reine a
qualifié cette année, durant laquelle le Prince Claus est mort, de ’profondément
éprouvante’ pour sa famille et pour elle-même
. Avec un mariage, une naissance, un
baptême et la mort, toutes les phases de la vie ont défilé devant nous."

" Beatrix juge surtout préoccupante la manière dont on aborde
les problèmes complexes que posent les migrations
", constate l’ Algemeen
Dagblad
dans son analyse à la une. "Elle n’a pas employé les termes ’demandeur
d’asile’, ’étranger’ ou ’nouveaux venus’, mais ses allusions ne permettent pas de se
tromper sur ses intentions." " En termes quelque peu voilés, elle a ensuite
constaté qu’il n’y a pas d’alternative à la société multiculturelle
. Beatrix l’a
fait sur un ton positif : ’La différence est l’une des richesses de l’humanité. Mais
quand les différences mènent à l’inégalité et à l’injustice, tout un chacun est tenu
de s’y opposer."

" La vérité naît dans le dialogue, pas en présentant des
thèses et des opinions
", cite l’éditorialiste du Trouw . "Cette
constatation touche au cœur de la question : les dernières années se sont
caractérisées par un relativisme poussé, cimenté par une forme étouffante de
correction politique. Une réaction était inévitable. Il était soulageant de pouvoir
enfin dire ce qui nous tracassait. Mais il ne faut pas en rester là. En définitive, il
faudra comparer nos opinions à celles des autres. Ne serait-ce que pour définir les
limites de la tolérance dans notre société."

Tous les quotidiens publient le texte intégral de l’allocution en page
intérieure.

 

Actualité internationale

Irak

" Quatre Néerlandais sur cinq estiment que notre pays ne doit
pas participer activement à une guerre contre l’Irak
", rapporte l’ Algemeen
Dagblad
à la une. "C’est ce qui ressort d’un sondage d’opinion du bureau
Intomart effectué pour le compte de RTL Nieuws. des personnes interrogées
estiment néanmoins qu’il faut agir contre l’Irak
. Les trois quarts disent ne
jamais, ou rarement, avoir confiance dans les informations dispensées par les Etats-Unis
sur l’Irak
."

 

Bosnie

Plusieurs quotidiens relèvent que le secrétaire d’Etat Van der Knaap
(Défense) a échappé de justesse à un accident d’hélicoptère en Bosnie, mardi
après-midi. L’appareil en question s’est écrasé peu après avoir déposé Cees van der
Knaap et sa suite, probablement après avoir touché un câble à haute tension. Les trois
occupants slovaques de l’hélicoptère ont été blessés ( De Telegraaf p.3 et
autres).

 

Actualité intérieure

Euthanasie

La Cour de Cassation, mardi, a repris la conclusion de la Cour d’Appel
d’Amsterdam dans l’affaire Brongersma , un cas d’euthanasie dans lequel un médecin de
Haarlem avait aidé à mourir un octogénaire en bonne santé, mais "fatigué de
vivre". Fin 2001, la Cour d’Appel d’Amsterdam avait jugé le généraliste P.
Sutorius coupable d’assistance au suicide, sans cependant lui imposer de peine car il
avait agi par compassion avec le vieillard. Selon la Cour d’Appel, le médecin aurait dû
diriger son patient vers d’autres instances susceptibles de l’aider à redonner un sens à
sa vie. La Cour de Cassation a jugé cette motivation suffisante.

En première instance, un tribunal de Haarlem avait relaxé le
médecin, une décision que le ministre de la Justice, Benk Korthals, et la classe
politique avaient vivement critiquée. Le Ministère public avait fait appel. Le procureur
général, dans son réquisitoire, avait estimé qu’une souffrance insupportable – le
motif de l’ancien sénateur Brongersma – ne pouvait être constituée que par une
maladie médicalement diagnostiquée ( NRC Handelsblad de mardi p.1 et tous
journaux de ce matin).

" Quand on est vieux et las de vivre, quand on estime –
comme l’ancien sénateur PvdA Brongersma – que ’la mort vous a oublié’, on ne peut
pas s’adresser à son médecin pour qu’il vous aide à mourir"
, commente le Trouw
(p.3). " La Cour de Cassation, mardi, a eu le dernier mot dans une discussion qui a
duré deux ans
. Au centre de cette discussion, il y a toujours eu la question de
savoir ce que la notion de ’souffrance insupportable et sans issue’, une des notions
cruciales de la loi néerlandaise sur l’euthanasie, voulait dire exactement."

"Pour le médecin généraliste Sutorius, le combat juridique est
terminé maintenant. Mais pas la discussion sur l’euthanasie pour les personnes qui en ont
’assez de vivre’. ’Il s’agit de différentes discussions’, selon le juriste Legemaate [de
l’Université de Rotterdam]. La Cour de Cassation dit uniquement : selon les critères
de la loi actuelle, un médecin n’a pas le droit d’aider quelqu’un comme Brongersma à
mourir. Si nous le voulons tout de même, nous devrons changer la loi.’
Le débat sur
cette question ne pourra pas être empêché, prédit Legemaate."

" Le dernier arrêt de la Cour de Cassation n’aura probablement
pas une valeur éternelle
", estime aussi l’éditorialiste de l’ Algemeen
Dagblad
. "Au généraliste Sutorius, qui n’a pas été sanctionné en raison en
sa minutie, revient le mérite d’avoir voulu tester ouvertement la loi. Seulement, les
temps n’étaient pas encore mûrs."

 Soins

" Les assurances maladie risquent d’être nationalisées si
elles ne font pas un succès du secteur des soins dans les années à venir
",
annonce le Volkskrant dans son grand article à la une. "Selon Henk Don,
directeur du Centraal Planbureau,
la nationalisation sera une conséquence
logique si le marché des soins ne fonctionne pas. Il a déjà prévenu les assureurs en
cercle restreint, fait-il savoir aujourd’hui dans une interview au Volkskrant. Don craint
que les assureurs se liguent entre eux et se partagent le marché
. S’ils le font, le
secteur ne fonctionnera pas mieux et le coût des soins ne baissera pas, craint Don. ’Les
assureurs ont leur chance maintenant. Ils peuvent avoir le marché. Il y a beaucoup
d’argent à gagner, mais il faudra qu’ils nous offrent de la qualité. Sinon, les
autorités reprendront le marché’, affirme le directeur du CPB."

" Le gouvernement veut modifier le système de sécurité
sociale à partir de 2005, pour améliorer les soins et les rendre meilleur marché
",
rappelle le journal de centre-gauche. "Les assureurs se verront attribuer un rôle
central. Ils devront négocier avec tous les fournisseurs de soins, comme les hôpitaux,
en se faisant concurrence. Les assurés choisiront l’assureur le moins cher ou le
meilleur. Ce n’est qu’alors que les prix baisseront et que la qualité
s’améliorera."

" Don estime que l’autorité néerlandaise de surveillance de la
concurrence (NMa) n’est pas encore équipée pour bien surveiller le secteur des soins
.
La NMa ne dispose pas d’instruments pour éviter que les parties se partagent le marché
avant que le système ne change, par le biais de fusions ou d’autres accords."

 

Financement des partis politiques

" Il faut obliger les partis politiques à publier la provenance
des moyens financiers pour leur campagne électorale
", rapporte l’ Algemeen
Dagblad
dans une brève à la une. " des électeurs veulent savoir si
des bailleurs de fonds privés alimentent les caisses des partis et combien ils sont
.
C’est ce qui ressort d’un sondage d’opinion représentatif effectué par Interview NSS
pour notre journal. Il n’y a pas d’obligation légale de transparence concernant le budget
de la campagne. Les électeurs du PvdA et de la LPF sont le plus fortement pour,
respectivement 82 et 78 %. Mais une majorité de la base du CDA et du VVD est également
favorable à la publication de ces données."

 

De Geus

" Le groupe parlementaire PvdA accuse le ministre De Geus
(Affaires sociales) de manquer de décence et d’intégrité
", écrit le Trouw
à la une. "La députée Noorman-Den Uyl exprime ce sévère reproche à la suite du
plaidoyer du ministre CDA en faveur de l’augmentation des prestations de l’Assistance pour
ceux qui en vivent depuis plus de cinq ans. La semaine dernière, De Geus s’était encore
opposé à une initiative du PvdA allant dans le même sens."

"Le CDA rejette les reproches et parle de ’pièce de théâtre’.
Au demeurant, GroenLinks et la centrale syndicale FNV ont aussi du mal à accepter la
ligne politique du ministre De Geus."

"La vice-présidente du groupe parlementaire CDA, Gerda Verburg,
et la députée PvdA Jet Bussemaker se reprochent mutuellement de pratiquer une
’rhétorique électorale’", note aussi le Volkskrant (p.3).

 

Economie, Finances

Euro

"Wim Duisenberg, président de la Banque centrale européenne
(BCE), a finalement reconnu que l’introduction de l’euro a rendu la vie plus chère",
relève le Trouw (p.5). "Duisenberg a battu sa coulpe lors d’une interview
accordée à la station commerciale RTL-Z. D’après le patron de la BCE, les
ministres des Finances européens et lui auraient mieux fait d’être plus ouverts sur
’l’euro-inflation’. Il a estimé que les prix ont en moyenne augmenté de 0,2 % de plus à
cause de l’introduction de l’euro."

"Au demeurant, la monnaie unique prend de plus en plus de valeur
par rapport au dollar américain. A New York, la monnaie américaine était notée 0,96
euro, c’est-à-dire que l’euro vaut actuellement 1,033 dollar."

 

Affaires françaises

Le Volkskrant (p.29) contient une longue correspondance de Fokke
Obbema sur la communauté œcuménique de Taizé.

Le Telegraaf (p.27) présente la Peugeot Partner.

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