Presse néerlandaise du vendredi 8 février 2008

Les autorités américaines ont refoulé Patrick van der Eem, l’infiltrateur du journaliste d’investigation Peter R. de Vries dans l’affaire Joran. Après un vol de plus de neuf heures, Patrick van der Eem, qui devait accompagner le reporter lors de sa tournée des grandes chaînes de télévision américaines, a été arrêté à l’aéroport John F. Kennedy, pour être renvoyé par le premier avion à destination d’Amsterdam, quelques heures plus tard.
Selon Peter R. de Vries, une demande de visa refusée dans le passé et une condamnation aux Pays-Bas datant de treize ans lui ont été fatales.

NRC Handelsblad (libéral) d’hier soir : "Le général américain NcNeill : Les Etats-Unis peuvent prendre le commandement dans le Sud de l’Afghanistan", "Après les électeurs, c’est la caisse qui décide - Hillary Clinton fait un ’investissement sain’ de 5 millions de dollars dans sa campagne"
De Telegraaf (populaire) : "Les Etats-Unis refoulent Van der Eem - Un trafic de drogue lui a été fatal", "Atterrissage en catastrophe d’un avion d’acrobatie"
Trouw (chrétien progressiste) : "’Un débat sur le rôle des citoyens dans les investigations’ - Le Ministère public loue Peter R. de Vries", "Les récompenses ont un effet favorable sur la désintoxication"
de Volkskrant (centre gauche) : "La mise en observation sous contrainte des vagabonds [aliénés] est un échec", ’L’OSCE ne s’occupera pas des élections présidentielles russes", "Le carême doit devenir aussi ’cool’ que le ramadan"
AD Haagsche Courant (indépendant populaire) : "Danger d’infection dans une polyclinique - Des centaines de personnes ont peut-être été contaminées avec un instrument souillé", "L’infiltrateur de l’affaire Joran refoulé par les Etats-Unis"

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ACTUALITE INTERNATIONALE

OTAN

L’ensemble de la presse, dans sa couverture factuelle de la réunion de l’OTAN à Vilnius, rapporte la réaction du ministre néerlandais de la Défense, Eimert van Middelkoop (ChristenUnie), aux critiques du secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, concernant l’engagement des alliés en Afghanistan.
"Le ministre néerlandais de la Défense, Van Middelkoop, a estimé que l’approche de Gates était bonne", écrit Frans Dijkstra dans le Trouw (p.9), depuis la capitale lituanienne. "Il est bon que les Américains aient ’mis une saine pression à l’OTAN pour assurer le succès de l’engagement en Afghanistan’, a dit Van Middelkoop."
"Les tiraillements au sujet de troupes supplémentaires suggèrent que les choses ne vont pas bien en Afghanistan. Les ministres démentent, mais l’idée qu’il n’y a pas de solution militaire semble désormais être partagée. Les ministres s’entretiendront aujourd’hui avec l’UE, l’ONU et la Banque mondiale" (également de Volkskrant p.5, AD p.13).
Le Telegraaf (p.11) rapporte dans une brève que "le chef de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, redoute des attentats, entre autres à Amsterdam, si la mission de l’alliance militaire en Afghanistan échoue".

Tchad

"Mardi, Sarkozy a soutenu le président tchadien Deby, qui avait été mis en mauvaise posture par une coalition de milices rebelles, le week-end dernier", écrit l’éditorialiste du NRC Handelsblad d’hier soir. "Mercredi, son ministre de la Défense arrivait à N’Djamena pour préparer les cantonnements des troupes françaises que Sarkozy avait promises le cas échéant. Deby pouvait ainsi revendiquer la victoire. Ses adversaires ont fait savoir qu’ils se regroupaient pour une offensive définitive. Les deux revendications se valent, car le Tchad est l’un des pays les plus instables d’Afrique. Il ne s’agit plus de savoir qui sont les bons et qui sont les méchants. Au Tchad, où l’on ne cultive pas seulement du coton mais où l’on trouve de plus en plus de pétrole, c’est à qui s’appropriera le pouvoir." "La guerre au Tchad est un conflit international. Deby, corrompu, est soutenu par son mentor, la France. Les rebelles du Nord et de l’Est jouissent du soutien du Soudan, qui est tout aussi corrompu et qui se venge ainsi de l’aide de Deby aux rebelles du Darfour. Et il y a la Chine qui guette sa chance."
"Dans cette situation confuse, Sarkozy a pris l’initiative avec des moyens militaires traditionnels. Cette intervention appelle deux questions. Réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont toujours échoué ? Cela ne paraît pas très probable. Une autre question, plus importante, est de savoir si l’Europe arrive encore à le suivre. En aidant Deby, Sarkozy contrecarre le projet de l’Union européenne - que la France promeut elle aussi - de s’interposer au Darfour [sic]."
"L’opération Eufor semble maintenant vouée à l’échec, car il est illusoire de croire que les parties belligérantes ou les groupes de population du Tchad distingueront les militaires français portant un insigne tricolore de ceux qui portent l’insigne de l’Eufor. Sur le terrain, ces soldats seront considérés comme faisant partie d’une seule et même tribu : les Français."
"La France a ruiné le projet Eufor, que Paris dominait. Elle a ainsi montré son jeu. Manifestement, l’UE n’est pas de la partie en Afrique francophone. L’Europe ne peut guère qu’attendre."

"L’attitude bienveillante des troupes françaises (...) à N’Djamena, la capitale du Tchad, a un effet secondaire inattendu", croit savoir Ariejan Korteweg dans le Volkskrant (p.7) de ce matin. "Le président Idriss Deby s’avère tout à coup disposé à gracier les membres de l’Arche de Zoé."

ACTUALITE INTERIEURE

Congrès VNO-NCW

"Les Pays-Bas souffrent de ’sclérose’", relève le Trouw (p.12). "Les changements se font trop attendre, estime le premier ministre Balkenende, applaudi par les entrepreneurs." "Les procédures et le processus décisionnel ne sont pas assez rapides, selon Jan Peter Balkenende. C’est surtout le rythme des grands travaux infrastructurels qu’il faut accélérer, estime-t-il. ’Si les Pays-Bas veulent faire partie en 2020 des pays les plus dynamiques et compétitifs du monde, il faut avoir du cran. Il y a une chausse-trape : la sclérose’, a fait valoir Balkenende hier, au congrès annuel de l’organisation patronale VNO-NCW, où des centaines d’entrepreneurs se sont interrogés sur les Pays-Bas dans douze ans."
"Le premier ministre a immédiatement été soutenu par le public et le PDG de Shell, Jeroen van der Veer, qui a exprimé l’espoir que les futurs grands projets seront réalisés beaucoup plus vite que la deuxième Plaine de la Meuse et l’A4. ’Nous ne devons pas essayer de convaincre jusqu’au dernier opposant. La démocratie ne signifie pas que chacun a droit à son propre retard’, a dit Van der Veer."
"Selon le président de la VNO-NCW, Bernard Wientjes, les Pays-Bas peuvent être parmi les meilleurs en 2020 si les entreprises et les entrepreneurs s’y sentent à l’aise. Pour cela, il faudra prendre beaucoup de décisions courageuses, selon Wientjes. Le moteur de la libre entreprise a des ratés à cause du ’marécage de réglementation’. Selon lui, il n’est pas possible d’expliquer pourquoi l’Etat, dans un monde qui se globalise et où les décisions deviennent plus rapides, a besoin de plus en plus de temps pour le processus décisionnel. ’Des projets comme l’A4 prennent plus de temps que les cathédrales du Moyen Age’" (également Het Financieele Dagblad p.4).

Le texte du discours du premier ministre Balkenende est paru en page d’opinion du NRC Handelsblad d’hier soir.

ECONOMIE, FINANCES

Travailleurs âgés

"Il faut transformer le licenciement automatique des salariés quand ils atteignent l’âge de 65 ans en droit de prendre sa retraite à cet âge-là", note le Volkskrant (p.9). " L’initiative appartiendra alors aux salariés, de sorte que davantage de personnes âgées resteront actives. Durant les prochaines années, l’âge d’entrée en AOW [retraite de base] doit être reporté d’un mois chaque année. C’est ce qui ressort du rapport final du groupe régional GrijsWerkt dirigé par Ed Nijpels. Le Commissaire de la Reine en Frise a étudié les trois dernières années les possibilités de faire travailler plus longtemps les personnes âgées. ’Actuellement, les plus de 65 ans doivent supplier leur patron pour rester actifs’, affirme Nijpels. ’Un capital de talents se perd ainsi’."
"Si le gouvernement veut atteindre son objectif de faire travailler 80 pour cent de la population active en 2016, il faudra que beaucoup des choses changent, selon Nijpels. Les gens qui travaillent plus longtemps de 55 à 65 ans doivent bénéficier d’une réduction fiscale, les conventions collectives ne comportant pas de paragraphe concernant l’age des travailleurs ne doivent plus s’appliquer à l’ensemble du secteur et il faut supprimer les mesures spéciales telles que les ’jours de congé seniors’ collectifs, dans l’optique de Nijpels. Et le levensloopregeling, qui permet aux travailleurs d’économiser des jours de congé, ne doit plus être employé pour la préretraite" (également Het Financieele Dagblad p.4, De Telegraaf p.7, Trouw p.13).

"Ce sont des propositions réalistes", remarque l’éditorialiste du Telegraaf.

PRESSE HEBDOMADAIRE

Vrij Nederland a placé sur sa couverture une photo du journaliste d’investigation Peter R. de Vries et du sondeur d’opinion Maurice de Hond, sous le titre "Limiers civils - Peter R. de Vries et Maurice de Hond vont-ils trop loin ?" "En ’résolvant’ la disparition de Natalee Holloway, Peter R. de Vries, le shérif assistant autodésigné des Pays-Bas, a réalisé sa percée internationale la semaine dernière", écrit l’hebdomadaire dans le chapeau d’un "profil" signé Marian Husken. "Quel est son secret ? Où s’arrête la journalistique et où commence la justice privée ?" "La Cour de Cassation, prochainement, décidera sans doute de ne pas rouvrir l’affaire du meurtre de Deventer. Ce serait un nouveau revers pour Maurice de Hond, qui persiste à clamer l’innocence de l’auteur condamné. Pourquoi ?" Le sondeur d’opinion dit à propos de son acharnement à dénoncer ce qu’il considère comme une grave erreur judiciaire : "Je ne veux pas vivre dans un pays où l’on fait une telle pagaille des principes de base de notre Etat de droit. Nous avons une police judiciaire incapable et incompétente. Le Ministère public a pour manuel Kafka. Il ne trouve pas de preuves et dit ensuite : vous êtes tellement roué que vous n’avez pas laissé de preuves. Ça, c’est Kafka."

Pour HP/De Tijd, dont le dossier est "un aperçu de la folie d’Amsterdam au quotidien", Peter R. de Vries est un "chasseur de prime" qui s’inscrit dans la tradition américaine, telle qu’on la voit dans les westerns. "Forcer une percée dans une affaire de disparition presque impossible à résoudre est une performance qui n’est pas donnée à beaucoup de journalistes, voire de policiers."

Elsevier consacre un dossier à la maladie d’Alzheimer. "En l’an 2050, un demi-million de Néerlandais seront atteints de démence, dans la plupart des cas de la maladie d’Alzheimer. Ce groupe de personnes désorientées et dépendantes posera de grands problèmes au pays. Il faut mettre en place un ’Plan Delta’ contre la démence, disent les experts."
Un reportage abondamment illustré présente "L’Aruba de Joran" et le rédacteur en chef Arendo Joustra fait valoir à propos de l’émission télévisée de Peter R. de Vries que "quand on arrive à retenir sept millions de téléspectateurs, on connaît son métier".

AFFAIRES FRANÇAISES

Le Trouw (p.8) suit factuellement le dossier Société Générale.