Revue de la presse néerlandaise du 15 avril 2002

NRC-Handelsblad (de samedi) : Dijkstal
ne veut pas gouverner avec le VVD

Volkskrant : Chute
du gouvernement si les ministres adhèrent aux conclusions du rapport du NIOD 
 

Trouw   : Powell continue

 
 De Grave veut démissionner
mais attend encore

Algemeen Dagblad : Les
criminels dangereux peu inquiétés

Telegraaf : Publier
les salaires des PDG

Dossier du jour  Interview du Premier ministre M. KOK  

Paul Scheffer a
évoqué récemment dans un essai publié dans le NRC-Handelsblad " les
années perdues de Kok ".

Le Premier
ministre est d’avis que " Scheffer brosse une image très partiale ",
et ajoute que " Fortuyn donne de la situation une image caricaturale ".

M. Kok tient à
rappeler dès le début de l’entretien que " au-delà des frontières,
on remarque que la prospérité et l’emploi ont connu une croissance
importante, que le niveau moyen d’éducation de la population est élevé, et
que les Néerlandais maîtrisent bien les langues. Et récemment encore, je
lisais un rapport faisant apparaître que les Néerlandais comptent, avec les
Finlandais et les Belges, parmi les populations en meilleure santé ".

" Nous
devons nous attaquer aux problèmes, mais nous devons aussi bien faire
comprendre ce que l’Etat a en son pouvoir, et ce qu’il n’a pas. La société
a changé à une vitesse énorme. La demande de soins, d’éducation et de
mobilité s’est considérablement accrue. Mais il ne faut pas non plus oublier
de rappeler les gens à leurs responsabilités ".

Concernant le
problème de la sécurité, M. Kok
souligne qu’il " est impossible de mettre un agent devant chaque porte.
Lorsqu’il s’agit du comportement des gens, le contrôle que l’on peut
avoir est limité. A certaines heures, il est pratiquement impossible de prendre
le tram ou de traverser une place sans s’exposer à des violences physiques.
Cela ne veut pas dire que l’Etat a renoncé à accomplir sa tâche, cela veut
dire qu’une partie de la population a un comportement qui gâche l’existence
des autres ". Le chef du gouvernement se demande " s’il y a un
lien entre la croissance de la prospérité et la croissance de
l’insatisfaction. On attend beaucoup plus de l’Etat de nos jours. Je ne
m’en plains pas, nous devons essayer d’y apporter une réponse ".

Mais, fait
remarquer M. Kok, parfois, on attend l’impossible de l’Etat : " On
veut trop de choses à la fois. Avec 25% d’augmentation de la prospérité en
huit ans, la mobilité s’est énormément
accrue. Mais les gens ne veulent plus partir travailler le matin à six heures
moins le quart. On ne veut pas non plus davantage d’infrastructure, et encore
moins payer pour ". Les automobilistes 
ne " veulent pas que les routes passent devant chez eux. Ne
veulent pas surcharger la Randstad, ni entamer le Cœur Vert. Ils ne veulent 
pas non plus de taxe kilométrique ou de péage, ils demandent à récupérer
les 25 cents de Kok, ....mais avec toutes ces considérations, ils se retrouvent
pare choc contre pare choc ".

" Parfois,
trouve Kok, on demande l’impossible ", conclut le Haagsche Courant.

 

Dans ce contexte,
note le journal de La Haye, " Pim
Fortuyn
exploite l’insatisfaction des Néerlandais ".

" Nous
avons certainement pris des coups. Selon (les) enquêtes, l’insatisfaction était
déjà latente depuis un certain temps. Et maintenant, la politique est indéniablement
devenue plus animée. Mais il reste à voir si Fortuyn tiendra longtemps. Car
les Néerlandais sont tout de même des gens sensés, 
qui regardent de près la marchandise. Fortuyn propose-t-il des solutions ?
Je ne les vois pas. ...Je pense que les gens vont en avoir assez des grandes
promesses ’dans quatre ans ceci, dans quatre ans cela’....sans indiquer
comment on compte s’y prendre ".

Le Premier
ministre reproche " avec agacement " aux auteurs de l’interview,
qui rappellent les critiques de Pim Fortuyn sur l’enseignement, la santé et
la sécurité de donner une présentation réductrice de ces questions :
" comme si parlions de la santé publique dans son ensemble, ou des
transports en commun. Comme si tous les problèmes venaient de l’Etat. Je
proteste... Je ne suis pas en colère, j’essaie seulement de structurer votre
question. J’essaie d’éviter que l’on dise que l’Etat doit veiller à ce
que les citoyens ne se conduisent pas comme des ploucs. Une bonne politique peut
permettre d’éviter beaucoup de problèmes, mais l’Etat n’est pas
responsable de ce que les gens ont entre les oreilles, et ne peut pas non plus
être tenu pour responsable de la disparition du sens civique ".

" Le
sentiment de malaise des gens (vis-à-vis des allochtones) est dû à un
changement rapide du monde et de l’environnement quotidien. Cela
s’accompagne parfois d’une montée de la criminalité et de la violence dans
la rue. Avant même de le savoir, l’ennemi commun est désigné, c’est l’étranger.
Le nombre des demandeurs d’asile est en recul, cette année déjà. On ne peut
pas parler de politique accueillante qui nous distinguerait des autres pays " .

 

Le Premier
ministre conclut son interview en demandant aux journalistes " d’arrêter
de parler du succès de Pim Fortuyn, car petit à petit je commence à en avoir
par-dessus la tête de la proclamation de son succès ". Mais, note-il
" sur un ton plus calme ", " grâce à Fortuyn, la campagne
électorale nous permet de toucher plus de cœurs et de têtes . C’est plus
animé ". 

 

Affaires interieures  

Congrès du parti Libéral VVD Ce congrès,
tenu vendredi à Veldhoven, a bénéficié d’une bonne couverture dans les média,
qui ont retenu à son issue d’une part, que Dijkstal
est favori comme Premier ministre "
et d’autre part que Dijkstal
ne veut plus gouverner avec le PvdA ".

 

Pour le Trouw
de samedi, qui rappelle que le
leader libéral s’est beaucoup vu " reprocher par son parti de ne pas
mener une campagne assez dure ", Dijkstal a " déclaré la guerre au PvdA " , avec
lequel il serait impossible de s’attaquer aux problèmes des encombrements de
la circulation, des listes d’attente dans les hôpitaux et de l’immigration.

Le Volkskrant
de ce matin interprète les déclarations de M. Dijkstal comme le " pari maximum " pour que son parti redevienne le plus grand.

" Si
l’on regarde les sondages d’opinion ", note le quotidien de centre
gauche, "on voit que si le VVD refuse de s’allier au PvdA, la seule solution
possible reste une coalition avec le CDA et la liste Pim Fortuyn. Aucune des
autres combinaisons ne permet de réaliser une majorité parlementaire. Il
n’est pas crédible que Hans
Dijkstal ait ainsi volontairement tendu la main à Pim Fortuyn. Ces dernières
semaines, lui-même et d’autres
ont indiqué clairement qu’ils y répugnaient. Indépendamment des antipathies,
les libéraux trouvent que Fortuyn n’a pas un programme financier solide. Une
autre option pour interpréter les propos de 
Dijkstal serait de penser qu’il a voulu annoncer le retour de son parti
dans l’opposition pour quatre ans. ’Votez pour une opposition forte, votez
VVD’ aurait peut-être été un meilleur slogan dans ce cas. Mais même si
l’on a pu faire beaucoup de reproches à Hans Dijkstal ces derniers mois, on
ne peut pas lui faire celui de la sottise politique. Cette déclaration étonnante
doit donc être considérée comme
une trouvaille stratégique dans un combat pour la survie politique. Il faut éviter
que les électeurs aient du VVD et du PvdA l’image de deux partis qui se
retrouveront après quelques joutes
électorales Le message est que l’électeur
a réellement le choix 
".

 

Le Telegraaf
a publié samedi une enquête montrant que la popularité
du leader VVD
dans de nombreux domaines. Pour 31% des personnes interrogées,
il part favori pour le poste de Premier ministre (contre 26 % à A. Melkert, 20
à JP Balkenende et 6 à Pim
Fortuyn).

Pour 66% il est
l’homme politique le plus
sympathique (contre 40% pour A. Melkert, 53 pour JP Balkenende et 31 pour Pim
Fortuyn).

Pour 70% il est
le plus fiable (contre 57% pour A. Melkert, 63 pour JP Balkenende et 19 pour P.
Fortuyn).

Pour 75% il est
le plus qualifié " (contre 75% pour A. Melkert, 72 pour JP Balkenende et
34 pour P. Fortuyn).

21% des
personnes interrogées seulement souhaitent le retour d’une coalition
violette, 74% sont favorables à une autre combinaison.

34% se déclarent 
favorables à une coalition PvdA-CDA-Groen Links ; 33% à
VVD-CDA-LPF et 28% à VVD-CDA-PvdA.

 

Conséquences possibles du rapport du NIOD pour la
coalition gouvernementale
 

a) 
démission
du ministre de la Défense

Les
journaux évoquent depuis samedi une éventuelle démission de M. De Grave, qui
voudrait tirer les " conséquences constitutionnelles " des
dysfonctionnements décrits dans le rapport du NIOD au niveau des relations
entre le ministre et les responsables militaires.

Pour
l’éditorialiste du Telegraaf du week-end, ces considérations " méritent
le respect ", même si, juge le grand quotidien populaire, " on
n’a pas grand chose à lui reprocher " . 
Le journal met en garde
contre toute exploitation électorale d’une " affaire trop sérieuse
pour cela ".

Le
même journal n’exclut pas ce matin une stratégie personnelle du ministre de
la défense, qui " irrite le VVD " : " la direction du
parti soupçonne De Grave d’avoir un agenda caché. Son éventuelle démission
à cause de Srebrenica lui fournirait de bonnes références, après le 16 mai,
pour prendre la succession du leader du parti Hans Dijkstal. En cas de résultat
dramatique aux élections, il est certain que celui-ci devra céder la place à
un collègue de son parti. Bien que jusqu’à présent Zalm fasse partie des
favoris, De Grave a suffisamment d’ambition pour y aspirer ".

Mais
lui reproche le Telegraaf, " par cette opération, il met en péril
l’ensemble de la coalition ".

 

b) 
avenir
de la coalition gouvernementale

Après les velléités
de démission exprimées par M. De
Grave, relève ce matin le Volkskrant ,
on note " un appel croissant à la démission de l’ensemble du
gouvernement, et à la démission du Premier ministre. Pim Fortuyn l’a demandé
vendredi dernier dans un débat avec le leader PvdA Melkert. Le socialiste Peper
a déclaré à NOVA qu’il pensait que Kok allait démissionner. 
A. Melkert, pour sa part,
est d’accord avec les leaders VVD pour trouver qu’aucun ministre n’a
besoin de démissionner. Il a déclaré ce week-end que le rapport du NIOD a
montré que ’les militaires et
les politiques ont fait ce qu’ils pouvaient raisonnablement faire dans cette
situation’ "... " Kok a fait pression jeudi soir sur De
Grave pour qu’il ne démissionne pas dès le week-end. Ils se sont entretenu
durant des heures. Il a été convenu en conseil des ministres que Kok, De Grave
et Van Aartsen allaient préparer la réaction officielle du gouvernement au
rapport du NIOD ".

 

Pour l’éditorialiste
du Trouw , " Kok doit faire un
geste décisif ".

" Ne rien
faire n’était pas une option " a répliqué récemment 
le Premier ministre au ministre Pronk,
qui mettait en cause la responsabilité des politiques 
dans l’affaire de Srebrenica. Mais, objecte le Trouw, " entre ne
rien faire et envoyer un bataillon au-devant d’une mission impossible, il y a
de multiples possibilités ". " Pour
l’heure, le ministre de la défense envisage de démissionner " à
cause des conclusions du rapport concernant une politique d’étouffoir au
ministère de la Défense. " Cela n’est rien à côté des
responsabilités combien plus lourdes des politiques pour cette mission dans son
ensemble. Personne ne comprendrait donc que De Grave soit le seul à tirer les
conséquences politiques de Srebrenica. Bien pire, la démission de De Grave
donnerait l’impression que c’est l’armée, et donc Dutchbat, qui était
fautive, et non les politiques. Cela
n’est évidemment pas possible. Les politiques ont systématiquement fui leurs
responsabilités. Après la parution du rapport du NIOD, le moment est venu de
faire un bilan et d’établir les responsabilités. Le seul ministre à pouvoir
faire ce geste n’est pas Pronk, mais le Premier ministre Kok. Il était
Vice-Premier ministre au moment du départ de la mission, et il était Premier
ministre au moment du drame. Il lui faudra reconnaître que la politique a
lamentablement échoué. Reconnaître cela implique presque inévitablement sa démission
et celle de l’ensemble du gouvernement. "

 

 

Affaires françaises  

La presse du
week-end se caractérise comme souvent par des articles touristiques (Forêt de
Compiègne à l’occasion du Paris-Roubaix, cafés parisiens).

Martin Sommer,
dans le Volkskrant , évoque le thème de la criminalité dans la campagne électorale.
Il constate que " dans certaines banlieues règne le droit du plus fort ".
(ex. La Courneuve). " Il y a quelques années, il était encore
tabou de dire que les immigrants sont sur-représentés dans les chiffres de la
criminalité. Les politiques craignaient de faire le jeu de l’extrême droite
et de stigmatiser des groupes de population. Actuellement, aucun politique ne
s’en prive. Ils montrent du doigt les banlieues colorées lorsqu’ils parlent
de la montée de la criminalité ".

Pieter Kottman,
dans le NRC, s’intéresse pour sa
part au phénomène des " guignols de l’information ".

Dernière modification : 21/04/2010

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