Revue de presse néerlandaise du lundi 7 août 2006

La presse néerlandaise continue de suivre factuellement l’évolution de la situation au Liban et ouvre sa une à une série de faits divers et d’affaires criminelles, telle l’arrestation dans un camping de la Costa Brava du « principal suspect de plusieurs liquidations - un tueur à gages de la mafia des Polder » - dans le cadre de l’enquête sur les activités de Willem Holleeder. Dans le domaine sportif, l’Algemeen Dagblad consacre un grand article à la nageuse française Laure Manaudou, relevant que sa mère est néerlandaise, ce qui expliquerait sans doute sa « détermination hollandaise ».

- Trouw : Un escalier s’effondre pendant un concert Israël pour le plan de paix, le Hezbollah contre
- Volkskrant : Israël vit un dimanche sanglant
- Telegraaf : Arrêté pour liquidations ; Journée noire pour Israël
- Algemeen Dagblad : Drame après l’effondrement d’un escalier

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AFFAIRES INTERNATIONALES

Liban

Les journaux rendent compte de façon factuelle des événements du week-end, et relèvent ce matin qu’ « un projet de résolution visant à mettre fin aux hostilités entre Israël et le Liban devrait être adopté aujourd’hui ou demain au Conseil de Sécurité. Pour Israël, la proposition est acceptable, mais le Liban et le Hezbollah la rejettent », note le Trouw). Le « dimanche sanglant » vécu par Israël est plus particulièrement évoqué par le Volkskrant.
Le NRC de samedi relève pour sa part que les Pays-Bas passent de « pro à anti-Israël » en tête d’un article en forme d’inventaire des positions de différents partis politiques néerlandais. Les doutes de Dries van Agt (CDA), du SP - « plus naturellement » - et même du député de la Christen Unie, André Rouvoet, dont « la solidarité avec Israël découle de sa foi », mais qui « se pose des questions » y sont exposés. Une chercheuse de L’Institut Néerlandais pour la Documentation de Guerre (NIOD) et professeur d’histoire juive moderne à l’Université d’Amsterdam, Evelien Gans, a consacré sa thèse aux « sociaux démocrates juifs et à leurs aux sentiments mêlés vis-à-vis d’Israël. Pour des juifs critiques, comme elle même, il est impossible de garder un sentiment stable vis-à-vis d’Israël ; elle ‘passe sans cesse de la fierté à la peur et à la honte ; de la même façon que la situation des Juifs dans le monde est toujours un mélange de force et de fragilité’. Elle compare le sentiment vis-à-vis d’Israël - elle a été la première à le faire dans sa thèse - avec ce que l’on peut ressentir vis-à-vis de sa famille ; un lien indéniable existe, mais il peut devenir très ennuyeux. ‘Dans une période comme celle que nous vivons actuellement, je suis en colère et je suis inquiète, je veux en parler avec des amis juifs et non juifs. Est-ce que je dois me joindre à une manifestation ? Je ne veux pas participer à une démonstration purement pro-israélienne, mais pas davantage à une manifestation anti-israélienne. Y aurait-il quelque-chose qui exprime mes sentiments ? »

ACTUALITE INTERIEURE

Partis politiques

. SP

Sous le titre « gouverner est une étape logique de notre évolution », le Trouw publie une interview du député SP Harry van Bommel.
« Je n’ai pas douté , je continue », explique H.van Bommel, qui figurera en bonne place sur la liste du SP aux élections législatives de novembre prochain. « En 2004, j’ai eu des doutes, j’avais été porte-parole du SP sur des questions diverses, et me demandais s’il n’étais pas temps de faire autre chose. Mais 2005 a été une année passionnante pour moi ; j’ai joué un rôle important sur la question du referendum sur la Constitution Européenne et mon parti a considéré que le Non néerlandais représentait une victoire pour le SP. Cela m’a valu deux beaux surnoms, ‘Doctor No’ et ‘Dirty Harry’. Cela m’a beaucoup stimulé, j’ai compris que l’opposition a besoin de députés expérimentés. La qualité n’est pas toujours très élevée au parlement, il y a trop de changements. Je fais partie des 40 plus anciens députés ; cela n’est pas normal, cela ne doit pas être un travail d’intérim. Il est très important de maîtriser les procédures et de connaître les us et coutumes de la Chambre. D’après les sondages, nous pouvons espérer une groupe SP important. Une petite bande de Gédéon a son charme, mais nous avons besoin d’un groupe plus conséquent pour contrôler les quinze ministres. Essayons d’arriver à un nombre équivalent. Si le SP se trouvait en situation de participer à un gouvernement, nous ne devons pas renoncer à mener des actions, faute de quoi, nous perdrions nos électeurs. Gouverner est une étape logique de notre évolution En cas de participation à un gouvernement, nous devons réclamer les Affaires Européennes. Nous pouvons mieux que quiconque faire entendre une voix critique en Europe. Et je trouverais fantastique de pouvoir le faire ».

. D66

Après l’annonce du départ du Parlement de Boris Dittrich et de Loesewies van der Laan la semaine dernière, qui s’ajoute à celui de la spécialiste des questions d’enseignement, Ursie Lambrechts, « le groupe D66 se retrouve d’un coup diminué de moitié », relève le NRC-Handelsblad de samedi. « Le seul député expérimenté qui accepte de rester est Bert Bakker (élu en 1994). Après avoir longtemps hésité, il a décidé de se représenter aux élections. Mais le groupe n’en perd pas moins trente année d’expérience politique. Les jeunes députés Boris van der Ham et Fatma Koser Kaya resteront aux côtés de Bakker. Ce qui est frappant au D66 », estime le NRC, « c’est que les députés ont décidé librement de ne pas se représenter. Généralement, il y a toujours quelques membres qui ne souhaitent pas briguer à nouveau un siège, mais c’est surtout la commission électorale qui doit intervenir pour faire partir certains députés. Dans les autres partis, une majorité de députés ont déjà indiqué qu’ils souhaitent figurer à nouveau sur la liste électorale. La raison du départ des députés D66 réside pour partie dans la lutte pour la tête de liste des derniers mois : Dittrich et Van der Laan ne sont en effet pas des amis politiques du vainqueur de l’ élection, l’ex ministre de la réforme administrative Alexander Pechtold. Pechtold a succédé à Thom de Graaf en 2005 à son poste de ministre, tandis que Dittrich ambitionnait une place au gouvernement. Et Pechtold a battu van der Laan (de justesse) en juin lors de l’élection de la tête de liste. Le mois dernier, Lambrechts a décidé qu’après 12 ans sur les questions d’enseignement, il était temps de passer le flambeau ; Dittrich ne s’est pas relevé du débat sur l’Afghanistan, il a renoncé à son poste de président du groupe parlementaire et réfléchit à une nouvelle carrière ; pour Van der Laan, les choses sont plus compliquées. Elle a une relation plutôt fraîche avec la tête de liste du parti, Alexander Pechtold. Cela ne la gêne pas d’être numéro deux sur la liste, mais elle ne veut pas gêner Pechtold, déclare-t-elle. Des divergences de fond jouent également un rôle ; la réforme des institutions, l’idéal sur lequel a été fondé le D66 il y a quarante ans, ne représente plus une priorité à ses yeux (..) Les quatre ans de participation au gouvernement n’ont pas non plus fait de bien au D66, constate Bert Bakker. Les 18 derniers mois ont été particulièrement pénibles pour Thom de Graff, Boris Dittrich, et plus récemment, van der Laan. (...) Le plus grave est qu’il ne semble pas suffisant de diminuer de moitié le groupe parlementaire . Même les trois ‘fidèles’ ne sont pas certains de retrouver leur siège. Selon un sondage publié hier, le D66 est crédité de deux sièges. Aux côtés de Pechtold, il ne resterait donc de place que pour un des trois démocrates. »
Le Volkskrant rappelle que « l’histoire du D66 est faite de hauts et de bas. Après des succès importants comme 17 ou 24 sièges, le D66 redescend toujours a ce qui est considéré comme sa taille - apparemment - stable, soit 6 sièges. Contrairement au CDA, au VVD ou au PvdA, où les électeurs se retrouvent dans une idéologie, ceux du D66 ne se retrouvent que sur un objectif commun. Le D66 a été fondé par l’ancien journaliste Hans van Mierlo dans l’intention de combler le fossé entre le citoyen et la politique. Par deux fois, d’importantes réformes institutionnelles ont été très proches pour le D66, le référendum correctif (1999) et l’élection du maire (2005), qui ont échoué à quelques voix près au Sénat. Quarante ans n’auront pas suffi aux démocrates pour réaliser leurs vœux. Et pourtant, pour un petit parti, ils ont relativement souvent participé à des coalitions gouvernementales. Entre temps, d’autres partis se sont approprié les joyaux de la couronne du D66 : le VVD a récemment inscrit à son programme le referendum et l’élection des maires, dont le groupe PvdA est également devenu un ardent défenseur. (...) Le D66 a un autre problème : la distance entre PvdA et VVD a diminué avec l’arrivée de Wouter Bos et Mark Rutte, et le D66 ne semble plus trouver tout naturellement sa place entre les deux. C’est une lourde tâche qui attend le nouveau leader D66 Alexander Pechtold. Il n’envisage pas une seconde de supprimer le D66 ou de l’intégrer au VVD. Ce n’est pas la première fois que le parti traverse une passe difficile et il a montré qu’il est parfaitement capable de remonter la pente. Durant les quarante dernière années, il y a toujours eu une niche électorale pour une pensée économique de droite combinée à une sensibilité culturelle de gauche. Pechtold compte que cela ne changera pas ».

AFFAIRES FRANCAISES

Dans une « lettre de Paris » publiée dans le supplément M du NRC de samedi, le correspondant de ce journal se demande si la France pourrait être moins tournée vers le passé et réaliser davantage de réformes. « Le simple fait de se représenter un avenir où l’histoire jouerait un rôle plus modeste serait déjà une révolution », déduit-il d’entretiens avec entre autres l’historien Jacques Marseille.

Dernière modification : 07/08/2006

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