Remise des insignes de Chevalier des Arts et Lettres à M. John Leighton
Discours prononcé par M. Jean-Michel Gaussot, Ambassadeur de France aux Pays-Bas, à l’occasion de la remise des insignes de Chevalier des Arts et Lettres à M. John Leighton, Amsterdam, le 28 février 2006
Monsieur le Directeur,
Monsieur le Burgermeester,
Madame la Wethouder à la culture,
Mesdames et Messieurs,
Il me revient l’insigne honneur d’être l’un des premiers orateurs à s’exprimer lors de cette soirée. Exercice redoutable s’il en est, mais auquel je me livre avec plaisir, puisqu’il s’agit de remettre la haute distinction des arts et lettres au directeur de l’un des musées les plus emblématiques au monde.
Cher John Leighton, est-ce à votre formation à l’Edinburgh College of Art ou au Courtauld Institute que l’on doit votre amour pour l’art français du 19ème siècle ? Cet intérêt marqué pour l’art de notre pays - un intérêt non exclusif, bien entendu - s’exprime en tout cas très tôt puisque votre thèse portera sur Pissaro.
Il se mesure également à la qualité des articles que vous avez publiés dans de prestigieux magazines et des conférences que vous avez prononcées sur des artistes aussi divers que Sisley, Puvis de Chavannes, Henri Rousseau et vos grands amours, Signac et Degas.
Conservateur durant dix ans à la National Gallery de Londres, vous fûtes à l’origine de l’acquisition d’œuvres importantes d’artistes tels que Jacques-Louis David, Claude Monet, Georges Seurat, Cézanne, Corot, ou encore Degas. Grâce à vous, des œuvres de Seurat, Picasso et Braque furent également prêtées à cette institution de premier ordre.
Parmi les nombreuses expositions concernant l’art français que vous organisez dans les années 80 et 90 en Grande-Bretagne, on peut retenir entre autres French Paintings from the USSR ou encore Art in the making : Impressionnism, exposition capitale et couronnée d’un prix, ou encore les très belles expositions dédiées à David, Corot, Manet ainsi que la merveilleuse exposition consacrée aux Baigneurs de Seurat.
Vous êtes depuis cette période considéré internationalement comme un grand spécialiste de la peinture du XIXème siècle en général et de la peinture française de cette période en particulier.
Directeur du Musée Van Gogh d’Amsterdam, dont vous conduirez brillamment le projet d’expansion, vous poursuivez une politique d’acquisition de chef-d’œuvres notamment français. Parmi les plus remarqués, je citerais "la Seine à Courbevoie" de Signac, deux paysages hollandais de Monet ainsi qu’un toile de premier plan de Caillebotte. Mais aussi des tableaux et dessins de Seurat, Pissarro, Gauguin.
Cher John Leighton, il vous revient d’avoir organisé ces dernières années de grandes expositions consacrées à l’art français du XIXème siècle, souvent d’ailleurs en collaboration avec les musées de notre pays comme les expositions de Signac et Théo van Gogh au Musée d’Orsay à Paris, et Un ami de Cézanne et van Gogh : le Docteur Gachet aux Galeries nationales du Grand Palais .
Vous avez ainsi fait du Van Gogh Museum un véritable trait d’union culturel entre nos deux pays, conformément à la vocation naturelle de cette institution.
A Amsterdam, vous nous faites le plaisir de nous offrir des expositions aussi convaincantes sur le plan scientifique que sur celui de l’émotion artistique, comme Manet and the Sea (2003/2004), ou le dialogue "amoureux" de Van Gogh-Gauguin (2002). Ces grandes manifestations sont très remarquées en France et attirent alors bon nombre de nos compatriotes français. Je crois d’ailleurs savoir que le public français est le premier contingent étranger à fréquenter votre musée.
Considéré aux Pays-Bas comme l’un des grands directeurs de musée les plus dynamiques et les plus compétents du moment, associé par les autorités néerlandaises à la réflexion sur l’avenir du paysage muséal de ce pays, vous avez été, durant ces années passées à Amsterdam, un acteur incontournable de la scène artistique de ce pays. Je ne doute pas que l’Ecosse, votre prochaine destination, vous réserve l’accueil que vous méritez. Je ne doute pas davantage que vous aurez l’occasion de déployer aux Galeries Nationales la même énergie, la même passion, la même intelligence que celles que vous nous avez généreusement offertes ici.
Cher John Leighton, l’estime que la France vous porte depuis longtemps trouve enfin l’occasion de s’exprimer. Avec le tact qui vous caractérise, vous avez placé cette réception sous le signe d’Edouard Manet, dont la Jetée de Boulogne-sur-mer figure sur le carton d’invitation de cette soirée. Vous avez souhaité conjuguer l’émotion de votre départ à la joie de rassembler vos proches et vos amis, et conférer ainsi à cette soirée d’adieu une tonalité résolument optimiste. Je suis convaincu que l’amitié dont vous témoignent vos collègues français et les plus hautes autorités françaises continuera à se manifester en Ecosse.
C’est donc avec le plus grand plaisir que, au nom du Ministre de la Culture et de la Communication, je vous fais chevalier des arts et lettres.