MeliMelo n°6 : "Tirer le diable par la queue" [nl]
EXPRESSION
"TIRER LE DIABLE PAR LA QUEUE"
SIGNIFICATION
Vivre avec des ressources insuffisantes.
Avoir des difficultés à subvenir à ses besoins.
ORIGINE
Si c’est Dieu qui gouverne, le Diable est dans l’opposition. Et il le montre bien, glissant des peaux de banane autant que faire se peut dans les tentatives infructueuses du Créateur pour ramener l’Homme dans le droit chemin.
Ce personnage existe depuis la nuit des temps dans l’imaginaire des humains, sous une forme ou une autre. Et les histoires où un homme fait appel au Diable pour l’aider à le sortir d’un très mauvais pas sont nombreuses.
C’est pourquoi, suite au mystère qui entoure 1’origine de cette expression, de nombreux lexicographes ont tenté de l’expliquer par l’image de l’homme qui, étant dans un grand besoin, passe un coup de fil au Diable pour le faire venir. Mais une fois ce dernier présent et les raisons de rappel au secours expliquées, celui-ci décide de repartir sans accorder d’aide. Le pauvre homme, qui est pourtant prêt à vendre son âme tellement il est dans le besoin, cherche alors désespérément à le retenir par ce qui lui tombe sous la main, c’est-à-dire la queue.
Une autre explication est donnée par Pierre-Marie Quitard en 1842 dans son Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes :
« Veut-on, par exemple, découvrir la raison du dicton : Tirer le diable par la queue, on doit la chercher en prenant pour point de départ un proverbe antérieur qui nous apprend que le diable, c’est-à-dire le malheur personnifié dans l’être infernal, est souvent à la porte d’un pauvre homme. Ce proverbe a fait supposer entre le diable et le pauvre homme une lutte dans laquelle celui-ci, n’osant attaquer de front son adversaire, sans doute à cause des cornes et des griffes, le saisit par-derrière afin de l’éloigner de son logis ; et l’inutilité de ses efforts a été rendue par une métaphore empruntée de ces bêtes récalcitrantes qui s’obstinent à avancer au lieu de reculer quand on les tire par la queue. »
Ces explications pourraient satisfaire, mais Claude Duneton, grâce aux travaux récents de Pierre Enckell (écrivain, journaliste et lexicographe contemporain), signale qu’il y a longtemps, cette expression avait un autre sens.
Aux XVIe et XVIIe siècles, les textes ou elle apparaît montrent qu’elle signifiait « travailler humblement pour gagner raisonnablement sa vie ». Mais en aucun cas, il n’y avait a ce moment-là de notion allant jusqu’à la misère ou les ressources insuffisantes.
Par contre, dès 1690, Furetière donne notre signification actuelle a l’expression, sens plus marque ou, cette fois, 1a personne n’ arrive même plus a gagner sa vie.
Ces découvertes récentes ne font qu’ajouter un mystère au précédent :
on ne sait toujours pas ce qui a fait évoluer le sens de l’expression, donc le lien qu’il peut y avoir entre la misère et le diable qu’on tire par la queue ;
mais on ne sait pas plus pourquoi, auparavant, un travail humble était comparé à un « tirage » de queue du diable.
EXEMPLE
« Fils d’un petit paysan du Seeland, il aurait été condamné à tirer le diable par la queue, si le destin ne l’avait pas gratifié d’un coup de baguette magique. Une grosse usine décidée à s’implanter dans le Seeland, le pays des lacs, n’avait pas lésiné sur le prix des terres. »
Julien DUNlLAC - Le Coup de grâce - 1998
AUX PAYS-BAS
Met moeite de eindjes aan elkaar kunnen knopen - "Avoir du mal à joindre les deux bouts"
Source : Georges Planelles - Les 1001 expressions préférées des Français - expressio.fr |