Presse néerlandaise du jeudi 16 juin 2005

Un psychopathe en cavale, dont les autorités - fait inhabituel - ont publié lundi le nom et la photo en raison du danger qu’il représente pour la société, a été arrêté par hasard hier à Amsterdam. Il est vraisemblablement l’auteur du meurtre de l’habitant du logement où il se trouvait peu avant son arrestation. Le ministre de la Justice Piet Hein Donner (CDA) a été convoqué par la Deuxième Chambre pour un débat d’urgence, cet après-midi.

-NRC Handelsblad d’hier soir : "Un accord sur le budget de l’UE est improbable - La présidence de l’Union européenne est pessimiste", "Compromis en vue sur la réforme de la WAO", " Groupe Hofstad : un nouveau suspect"
-De Telegraaf : "La justice arrive trop tard - Le condamné sous tbs [protection judiciaire] abat un homme de 73 ans"
-Algemeen Dagblad : "Le condamné sous tbs s’est échappé 7 fois - Wilhelm Schippers arrêté après un meurtre", "Donner : Il n’y a pas eu d’erreur", "Les Pays-Bas resteront le premier contributeur net"
-de Volkskrant : "La longue lutte d’un condamné sous tbs tourmenté - Wilhelm S., soupçonné de meurtre après sa fuite, trouvait qu’il entrait depuis longtemps en ligne de compte pour une réinsertion sociale", "Donner déplore l’issue tragique et nie les erreurs", "Le Luxembourg jette l’éponge"
-Trouw : "Donner ne touchera pas à la tbs - Le ministre après le meurtre : Le risque de fuite est inévitable", "Hertz : L’accord sur la dette est inéquitable" (décision du G8)

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ACTUALITE INTERNATIONALE

Union européenne

"Les négociations sur le budget de l’UE, aujourd’hui et demain à Bruxelles, semblent vouées à l’échec", rapporte le Volkskrant à la une. "C’est ce que dit le premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qui dirige le sommet. Mercredi, il a encore fait quelques concessions aux Pays-Bas, mais selon La Haye sa dernière proposition n’est ’pas une amélioration’ et il ’doit se rapprocher beaucoup plus de nous’. C’est ce qu’a déclaré un porte-parole."

"La Deuxième Chambre a incité le gouvernement à se battre pour la baisse de la contribution financière à l’Union européenne", poursuit le journal de centre gauche en page 6. "Le premier ministre Balkenende a promis de le faire, mais il a mis en garde contre les espoirs démesurés. ’Ce sera difficile’."

"Les Pays-Bas versent actuellement à ’Bruxelles’ 180 euros par habitant par an. L’UE coûte 80 euros à un Allemand. Balkenende, à l’issue d’un débat parlementaire, a laissé entendre qu’il est impossible de descendre à ce niveau, étant donné les énormes divergences d’opinion dans l’UE. Certains députés, comme Timmermans (PvdA) et Herben (LPF) envisageaient même une contribution encore plus basse, de l’ordre de 70 euros par Néerlandais."

"La Chambre a estimé que les Pays-Bas, si nécessaire, devaient employer leur droit de veto pour bloquer une répartition non équitable des charges. Balkenende est resté sur la réserve : ’Je ne vais pas menacer en ce moment.’ Il a cependant qualifié d’’inacceptables’ les propositions que la présidence luxembourgeoise a posées sur le tapis les dernières semaines et les derniers jours."
"Le gouvernement voit dans le non massif de la population à la Constitution européenne une raison supplémentaire d’engager un ’combat corsé’, comme l’a dit Balkenende."

"Selon le gouvernement et une majorité parlementaire, l’Europe devra jusqu’à nouvel ordre continuer avec le Traité de Nice. Ce traité règle notamment les rapports de force entre les 25 Etats membres. ’Nice’ est plus avantageux pour la voix des Pays-Bas au Conseil européen que la Constitution."

"Le ministre de l’Agriculture Veerman estime qu’il ne faut pas abaisser les dépenses agricoles, qui représentent presque la moitié du budget de l’UE. Il défie ainsi la majorité de la Chambre et met des bâtons dans les roues du premier ministre Balkenende. Les Pays-Bas ne profitent pratiquement pas des subventions agricoles de Bruxelles. C’est en partie pour cela que les versements néerlandais sont ’excessifs’, selon l’expression employée par Balkenende, collègue de parti de Veerman."

"Le premier ministre Balkenende a affaibli la position des Pays-Bas dans les négociations sur la baisse de leur contribution à l’UE", affirme l’Algemeen Dagblad à la une. "C’est ce que pensent le PvdA, le VVD, le D66, la ChristenUnie et le SP. Le premier ministre a fait valoir hier à la Deuxième Chambre qu’il ne croyait pas que les Pays-Bas obtiendraient à Bruxelles la même contribution que l’Allemagne." "Pour arriver au même niveau que les Allemands (104 euros par habitant), il faut soustraire 1,5 milliard d’euros par an à la contribution néerlandaise, a calculé le député PvdA Timmermans. Balkenende a dit que ce n’était ’probablement pas faisable’." "Timmermans a exprimé l’espoir qu’aucun des diplomates et des journalistes étrangers n’y ait fait attention sur la tribune publique. ’Le premier ministre sape sa position dans les négociations d’un seul coup. Il a un don rare pour se tirer dans le pied. C’est incompréhensible’."

En page d’opinion du NRC Handelsblad d’hier soir, le professeur d’économie Van Praag (Université d’Amsterdam) fait valoir que "dans une Union il est tout à fait raisonnable que certains membres riches paient plus que les membres plus pauvres". "Il est évident que la Communauté européenne compte un élément de redistribution. Il n’y a pas de loi qui dispose que chaque membre doit toucher autant qu’il verse. Ce n’est d’ailleurs pas raisonnable, si l’on songe que nous avons été bénéficiaires nets pendant des décennies."

"Mais la colère sur ce point n’est absolument pas pertinente, car de quoi s’agit-il ? Il s’agit d’un montant d’environ 0,5 milliard d’euros. Certes, c’est beaucoup pour un individu quelconque, mais pour l’Etat c’est un montant minuscule. Notre revenu national est de l’ordre de 500 milliards et tout ce foin concerne donc un montant de l’ordre de un pour mille de ce revenu. En outre il part d’un principe déraisonnable et peu sympathique. C’est une vulgaire manœuvre de diversion pour faire accroire au peuple qu’on travaille d’arrache-pied pour les Pays-Bas."

Ambassades des Pays-Bas

La sécurité des ambassades des Pays-Bas à l’étranger laisse beaucoup à désirer, en dépit des menaces qui pèsent sur un certain nombre de représentations. Les fonctionnaires sont à peine conscients de la nécessité d’une bonne protection. Des centaines de personnes qui occupent un poste de confiance n’ont pas fait l’objet d’une enquête sur leurs antécédents.
C’est ce qu’on peut lire dans un rapport que la Cour des Comptes a publié hier matin. La Cour des Comptes a étudié la sécurité des ambassades de septembre 2004 à février 2005, à la suite d’un attentat contre la représentation néerlandaise à Bagdad, en janvier 2004.

Il apparaît que le ministère responsable, les Affaires étrangères, ne dispose pas d’un protocole écrit de la politique de sécurité. De ce fait, les tâches et les compétences des postes et de leurs collaborateurs ne sont pas claires dans la pratique.

Les Pays-Bas ont 145 ambassades dans le monde entier. Des 141 postes qui ont réagi à l’enquête de la Cour des Comptes, quarante pour cent font savoir qu’ils ne satisfont pas, ou seulement partiellement, aux normes de sécurité concernant le contrôle à l’entrée du poste, la gestion des clés et la protection des informations. Par ailleurs 454 fonctionnaires néerlandais n’ont pas fait l’objet d’une enquête, alors que la loi sur les enquêtes de sécurité le prescrit. C’est aussi le cas de 210 recrutés locaux.

Les enquêteurs de la Cour des Comptes se sont rendus dans huit ambassades pour juger de la situation sur place. Le ministre des Affaires étrangères Bot souscrit aux conclusions de la Cour et promet de faire amende honorable (Het Parool p.1, NRC Handelsblad p.2 d’hier soir, Trouw p.4).

ACTUALITE INTERIEURE

Donner

"Le ministre de la Justice nie que des erreurs aient été commises concernant le condamné sous tbs [protection judiciaire] Wilhelm S.", écrit le Volkskrant à la une. "Les instances concernées ont réagi ’adéquatement et diligemment’ à sa disparition, selon le responsable CDA. Elles ont aussi respecté le régime de congés renforcé que la Deuxième Chambre a approuvé l’an dernier."
"Le ministre estime donc qu’il n’est pas question de démissionner, en dépit des événements ’tragiques’. La LPF et Geert Wilders sont d’avis qu’il doit partir."

"Tous les partis politiques sont choqués par les nouvelles selon lesquelles S. a tué un habitant d’Amsterdam âgé de 73 ans, après s’être enfui durant un congé, la semaine dernière, mardi."
"La LPF et le Groep Wilders appellent à la démission de Donner parce qu’en dépit de leurs avertissements, il n’a pas mis fin à l’attribution de congés aux condamnés sous tbs dangereux. ’Cela n’aurait pas dû arriver’, a déclaré le député LPF Eerdmans. ’La seule réaction convenable est la démission’."

"Une nouvelle tempête politique se dirige vers Donner", titre le même Volkskrant en page 3, au-dessus d’une analyse. "La démission du ministre de la Justice n’est pas impensable s’il doit tout de même reconnaître que des erreurs ont été commises concernant le congé du condamné sous tbs."

"Les problèmes du gouvernement Balkenende II s’accumulent", remarque le Financieele Dagblad à la une. Le journal financier fait le bilan des "dossiers à problème" : le ministre De Geus n’a toujours pas le soutien de la coalition à son projet de nouvelle WAO, le ministre Donner doit s’expliquer à la Deuxième Chambre dans l’affaire du condamné sous régime tbs, le premier ministre est chargé d’obtenir à Bruxelles la division par deux de la contribution néerlandaise, la coalition se dispute à propos du budget des organisations publiques de radiotélédiffusion.
"Un débat incertain attend Donner", mais compte tenu des autres dossiers le journal se demande "si c’est bien le moment de renvoyer un poids lourd du CDA".

AFFAIRES FRANÇAISES

Le NRC Handelsblad (p.4) d’hier soir, sous le titre "Chirac et Blair restent en désaccord", rapporte sans commentaire particulier la conférence de presse donnée par le premier ministre britannique et la déclaration faite par un porte-parole du président français, à l’issue de leur entretien à Paris à la veille du sommet européen. "La ’grave divergence d’opinion’ signalée par Blair concerne le thème principal du sommet, le budget de 2007 à 2013."

Le correspondant Pieter Kottman rend aussi compte de la "relation détaillée" faite par la journaliste Florence Aubenas, "qui a passé cinq mois dans une petite cave de Bagdad".

Dernière modification : 16/06/2005

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