Presse néerlandaise du mardi 18 septembre 2007

La Cour européenne de Justice à Luxembourg a confirmé la condamnation du géant américain des logiciels, Microsoft, pour abus de position dominante. La Cour a donné raison sur la plupart des points contestés à l’eurocommissaire néerlandaise Neelie Kroes (Concurrence). Elle a estimé que c’était à juste titre que Bruxelles, en 2004, avait infligé à Microsoft une amende de 497 millions d’euros, pour avoir intégré le Media Player à Windows.
"Microsoft, les dernières années, n’a pas fait preuve de beaucoup de respect pour les règles du marché", remarque l’éditorialiste du Trouw. "Il faut espérer que cela va changer."
Pour le Telegraaf, cette "victoire" renforce "la réputation de Kroes et de l’UE comme adversaires des monopoles néfastes".
"La Commission européenne a des raisons de jubiler", estime le Volkskrant, qui fait valoir en marge d’un "profil" de l’ancienne ministre VVD que "si quelqu’un gagne de l’argent pour l’Europe, c’est bien Neelie Kroes".

NRC Handelsblad (libéral) d’hier soir : "Verdonk ne veut pas rendre son siège à la Chambre", "La Cour de l’UE soutient la sanction imposée par Bruxelles à Microsoft", "Greenspan ’profondément attristé’ par Bush - L’ancien président de la Fed prévoit une inflation permanente de 5 pour cent", "Kouchner suggère une guerre contre l’Iran à cause de ses ambitions nucléaires"
De Telegraaf (populaire) : "Les charges vont augmenter de 7 milliards - Les travailleurs perdront du pouvoir d’achat", "Rutte n’est pas encore débarrassé de Verdonk"
de Volkskrant (centre gauche) : "La Note des Millions est une revanche de Bos", "Sondage dans les soins : les patients ne sont plus en sécurité", "Le ministre des Finances et la Banque des Pays-Bas approuvent la scission d’ABN Amro"
Trouw (chrétien progressiste) : "La membre Verdonk provoque des grincements de dents au VVD", ""Une série télévisée raconte l’Holocauste aux Iraniens, sans les chambres à gaz"
AD Haagsche Courant (indépendant populaire) : "Rita Verdonk met la direction du VVD au pied du mur - L’ex-membre du groupe parlementaire veut garder à la fois son siège et la carte du parti"

* * *

LE DOSSIER DU JOUR :Rita Verdonk

"L’annonce que Rita Verdonk veut rester membre du VVD, tout en gardant son siège de sécessionniste à la Deuxième Chambre, a provoqué des grincements de dents à la direction du parti", écrit le Trouw dans son grand article à la une."
"Verdonk est néanmoins cohérente : durant sa lutte incessante avec Mark Rutte pour le leadership elle n’a menacé à aucun moment de quitter le VVD avec sa base. Maintenant qu’elle a été exclue du groupe parlementaire elle poursuit tout bonnement cette ligne. Le VVD reste son parti, a-t-elle affirmé hier soir, lorsqu’elle a fait savoir durant le programme télévisé Netwerk qu’elle resterait active au Parlement hors du groupe VVD. ’C’est toujours à ce parti que va mon cœur’."
"Son but est clair. En tant que membre du parti, elle pourra plus tard regagner du terrain en direction du leadership du parti. Cela n’est évidemment pas du goût de la direction du parti, après que le tumultueux congrès de Veldhoven a décidé de sortir cette trouble-fête du groupe. En maintenant qu’elle veut rester un membre fidèle du parti, Verdonk contraint le président Jan van Zanen et les membres de la direction à boire la coupe jusqu’à la lie. Le bureau du parti, à La Haye, doit maintenant motiver la possible radiation de Verdonk. Anton van Schijndel, qui avait fait sécession plus tôt, avait bien été radié. Le leader du parti Mark Rutte est clair sur ce point. Il a qualifié le choix de Verdonk de ’construction tordue’, qui est impraticable du point de vue politique. A la question de savoir si elle doit aussi être exclue du parti, il a répondu : ’Si c’est nécessaire, c’est nécessaire’."
"Selon les statuts du parti et le règlement interne, la direction principale a la possibilité de mettre Verdonk à la porte. Les textes disent que les membres ne doivent pas nuire aux intérêts du parti. Quand des ’groupes’ distincts se forment au sein du parti, ils ne peuvent pas présenter publiquement des points de vue différents de ceux du parti, sans l’autorisation de la direction."
"Mais Verdonk invoque une motion que les membres ont adoptée lors du congrès de samedi. Cette motion dit que tout doit être fait pour la conserver en tant qu’’éminent membre’. Même Rutte a approuvé cette motion. Il a cependant posé une condition cruciale avant le vote : elle devra d’abord rendre son siège à la Chambre. Or c’est ce qu’elle ne fait pas."
"Il n’empêche qu’une décision de radiation peut susciter une nouvelle agitation parmi la base. Certaines fédérations locales ne menacent-elles pas déjà de faire sécession dans les conseils municipaux ?"
"Qu’elle soit membre ou non, Verdonk pourra mettre en place son nouveau mouvement à partir de sa Stichting Stem Rita Verdonk [Fondation Votez Rita Verdonk], fondée durant la campagne pour la tête de liste et qui n’a jamais été dissoute, en dépit de l’interdiction de Rutte. La nouvelle membre de la Deuxième Chambre ne participera d’ailleurs pas au prochain débat politique général, après Prinsjesdag. Elle a cependant un nouveau ’fer de lance’, à côté de la politique des étrangers : elle va aider à résoudre le problème des bouchons aux Pays-Bas."
"Verdonk était en train de s’étioler dans un coin de la Chambre, emmurée vivante", remarque Sylvain Ephimenco dans le cahier de Verdieping du journal chrétien progressiste. "Il est tout de même étonnant que Rutte, dans un moment d’aberration, ait abandonné cette stratégie payante." "Rutte reste un débutant dans son métier. En raison d’une remarque qui, au sein d’un parti politique, tombe généralement sous la liberté d’expression il a fait de Rita une formidable victime. D’ambitieuse egomane et de putschiste dilettante, Rita est devenue maintenant une Madone sacrifiée, qui aura désormais tout loisir de se venger. C’est impardonnable, Monsieur Rutte."
"Rita Verdonk reste à la Deuxième Chambre, bien qu’elle ait été renvoyée par son groupe", note le commentateur du Telegraaf. "Avec plus de 600 000 votes préférentiels, c’est son bon droit. Mais elle veut aussi rester membre du VVD. Ce n’est pas possible, il doit s’agir d’une plaisanterie déplacée de sa part."

ACTUALITE INTERNATIONALE

Pays-Bas - France

Tous les quotidiens rendent compte factuellement des prises de position adoptées par le ministre Bernard Kouchner vis-à-vis du programme nucléaire de l’Iran.
"Si l’Iran ne cesse pas d’enrichir de l’uranium, il faut lui imposer des sanctions plus sévères", relève le correspondant du Volkskrant (p.5), Ariejan Korteweg. "Et si celles-ci n’ont pas d’effet, il faut rappeler l’Iran à l’ordre par les armes. Ce point de vue, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, l’a adopté à plusieurs reprises ces derniers jours. Son homologue néerlandais Maxime Verhagen, en visite de travail à Paris hier, était d’accord avec l’idée d’étendre les sanctions. Il ne s’est pas prononcé sur d’autres mesures. ’Même en temps de crise, ou pis, il faut négocier’, a dit Kouchner à l’issue de la rencontre. ’Nous devons dialoguer jusqu’au tout dernier moment. Mais nous devons aussi manifester notre détermination. Négocier, tout en accroissant la pression.’ Kouchner veut étendre les sanctions dans le cadre européen, mais il a aussi suggéré que les pays occidentaux y réfléchissent chacun de son côté, dans le domaine économique et bancaire." "Verhagen a exprimé sa préférence pour des mesures décidées au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies, mais il n’exclut pas une action européenne. ’Si l’on n’arrive pas à s’y entendre, l’Union européenne et les Etats-Unis devront envisager des sanctions communes’" (également AD Haagsche Courant pp.3 et 13, Trouw p.10, De Telegraaf p.11).

ACTUALITE INTERIEURE

Note des Millions
"Wouter Bos, qui présentera aujourd’hui sa première Note des Millions à la Chambre, est en mauvaise posture en tant que leader de parti", souligne le Volkskrant à la une. "Son Parti du travail est en perte de vitesse dans les sondages, les revenus supérieurs restent un ’dossier migraine’ et dans l’affaire Jami [comité des ex-musulmans] il n’a essuyé que des critiques."
"Mais son premier budget montre une autre image du ministre des Finances. A la lecture des mesures, force est de conclure que Bos a beaucoup obtenu. En tant que ministre technique il a su prendre une revanche considérable. Les points communs avec sa fameuse conférence Netspar (avril 2006) sont légion. Le PvdA préfère qu’on ne lui rappelle pas cette conférence, que Bos a prononcée peu après la grande victoire de son parti aux élections municipales, alors que les sondages d’opinion lui accordaient 60 sièges."
"Dans son discours Bos avait exposé sa vision de l’Etat-providence. Il avait parlé de la déductibilité fiscale des intérêts sur les prêts immobiliers, du danger qu’il y a à ne penser qu’à la dette publique, de l’importance de l’enseignement et, ne l’oublions pas, de l’AOW [retraite de base]. Les retraités aisés pourraient la cofinancer un peu, selon Bos qui n’était pas entré dans les détails."
"Il aurait mieux fait de le faire, car ce qu’on appelle la fiscalisation de l’AOW était de la dynamite politique. Sous la houlette du chroniqueur Marcel van Dam les critiques se sont enflées. Le thème a poursuivi Bos jusqu’aux élections de novembre."
"Participation à l’effort et nivellement, voilà de quoi il retourne aujourd’hui, Prinsjesdag", écrit le Telegraaf à la une. "Alors que l’économie tourne à plein régime, peu de gens en cueillent les fruits. La situation de beaucoup de gens va même régresser en 2008. Le gouvernement CDA-PvdA-ChristenUnie offre aux citoyens néerlandais un alourdissement des charges de sept milliards d’euros au total. Ce montant doit être prélevé pour ne pas mettre en danger les milliards que le gouvernement investit dans l’enseignement, les quartiers déshérités et l’environnement. Et il faut réserver des fonds pour le problème du vieillissement de la population."
"Les raisins sont amers pour les citoyens. Seuls les personnes seules bénéficiant des minima sociaux verront leur pouvoir d’achat augmenter l’an prochain. Les gens qui ont un emploi perdront en moyenne un quart de pour cent de leur pouvoir d’achat."
"Dans le Discours du Trône que la Reine Beatrix prononcera cet après-midi, le gouvernement insistera sur la croissance, la durabilité, le respect et la solidarité. Dans la pratique, cela signifie une série de mesures désagréables."

Lutte contre le terrorisme

L’ensemble de la presse mentionne la condamnation de Samir A. par la Cour d’appel d’Amsterdam, après deux acquittements antérieurs. La Cour l’a condamné hier à quatre ans de prison pour la préparation d’un attentat terroriste en 2004. Selon la Cour, Samir A. disposait à l’époque d’équipements indiquant qu’il avait l’intention de commettre un attentat contre des bâtiments publics.
Le Ministère public, qui avait requis six ans, avait montré qu’A. possédait notamment des plans du Binnenhof, de l’aéroport de Schiphol, de la centrale nucléaire de Borssele et du bâtiment du service de renseignement AIVD. Il détenait aussi un chargeur, un silencieux, une veste pare-balles, des jumelles de vision nocturne, des produits chimiques et de l’engrais artificiel.
La Cour a conclu que ces objets étaient "manifestement destinés à commettre un attentat", en dépit du caractère provisoire d’une partie du matériel.
A. avait déjà été condamné à huit ans de prison en décembre 2006 dans l’affaire "Piranha" (de Volkskrant p.3, Trouw p.5, AD Haagsche Courant p.6, De Telegraaf p.7).

AFFAIRES FRANÇAISES

Une brève correspondance d’Ariejan Korteweg dans le Volkskrant (p.5) laisse entendre que Bernard Kouchner, lundi, aurait été approché par les Néerlandais au sujet d’Ibrahime Diallo, l’étudiant guinéen qui s’est vu refuser un visa alors qu’il a été admis à l’Université de Limoges, en droit international. "Donnez-moi son nom et ses références et je verrai ce que je peux faire pour lui", cite le journaliste.
Le NRC Handelsblad (p.12) d’hier soir résume une interview donnée par le Président de la République au quotidien Le Monde. En page d’opinion, il reprend un article de Dominique Moïsi publié dans le Financial Times : "Peu de coopération sous Sarkozy".

Dernière modification : 21/10/2008

Haut de page