Presse néerlandaise du vendredi 10 juin 2005

Les
manchettes restent disparates ce matin. Tandis que le Trouw aborde un de
ses thèmes de prédilection, l’enseignement, le Volkskrant rend compte des
condamnations "remarquablement légères" prononcées par le tribunal de Rotterdam
dans le procès de la fraude dans le bâtiment. L’Algemeen Dagblad suit l’affaire des factures fantaisistes des hôpitaux, sur laquelle
il a déjà titré hier, et le Telegraaf s’inquiète des vols dans les
magasins.

• NRC Handelsblad
  d’hier soir : "La justice fait une descente à Staalbankiers - Possible
  implication dans un délit d’initié", "Une fête peu islamique à Téhéran"
  (qualification pour le Mondial 2006), "Les fonctionnaires ne font grève que
  dans quelques villes"
• De Telegraaf
   : "Les plaintes des commerçants n’ont aucune chance - Les délits ne sont
  pratiquement pas punis", "Les femmes allochtones : Rosenmöller ne daignait pas
  nous regarder", "Peines légères pour la fraude dans le bâtiment"
• de Volkskrant
   : "’Le secteur du bâtiment est une organisation criminelle’ - Les suspects
  satisfaits de la légèreté des peines", "Tous les quarts d’heure un nouveau
  cercueil" (reportage d’Addis-Abéba)
• Trouw
   : "Les ’écoles noires’ doivent supprimer 400 emplois", "Une affaire : Un rein
  d’un Chinois exécuté" (actualité israélienne)
• Algemeen Dagblad
   : "Les factures fantaisistes suscitent la colère - La Chambre : Demi-tarif
  pour les petites interventions", "Sparta de retour en première division"

* * *

Actualité internationale

Union européenne

" Quelle
Europe voulons-nous  ?" s’interroge le chroniqueur Ronald Plasterk ,
partisan du "non" à la Constitution européenne, en page d’opinion du Volkskrant . " Nous avons longtemps fait cap sur les Etats-Unis d’Europe ."
" Peut-être aurait-il été possible de former une unité constitutionnelle avec
l’Europe des Dix, mais à 25 ou plus ce n’est plus faisable de la même façon .
Les différences de revenu sont gigantesques et donc on fera d’autres choix
politiques en Roumanie [par exemple]. Les cultures sont variées et il n’y a pas
de demos, et donc pas de base pour une véritable démocratie. C’est
pourquoi l’Europe fera bien de faire d’abord cap sur une Europe d’Etats
autonomes, qui font ensemble ce qu’il faut faire ensemble, mais pas plus . Une Europe allégée ."

Suivent
six suggestions pratiques de simplification du Traité constitutionnel (qui ne
devrait plus porter ce nom, selon Plasterk), dont la dernière est celle-ci : "Le
nombre d’Etats membres est désormais tellement grand qu’il faut une langue
véhiculaire unique, le mauvais anglais. C’est déjà le cas à la Banque centrale
européenne. Et on peut fermer le siège à Strasbourg. Même si cela ne rapporte
pas grand-chose, ce sera un signal aux électeurs que l’UE est pragmatique et
économe."

"Une telle liste est
discutable, mais elle reflète mieux le débat néerlandais que la seule baisse de
la contribution néerlandaise à Bruxelles."

Antilles néerlandaises

" Le
premier ministre antillais Ys se fera répondre du tac au tac aujourd’hui ",
prévoit l’ Algemeen Dagblad (p.5). "Ys est aux Pays-Bas cette semaine pour
protester contre le règlement de rapatriement des jeunes Antillais délinquants
que propose par le gouvernement", rappelle le journal de Rotterdam.

" Le
ministre Alexander Pechtold (Affaires
antillaises et arubaines) a l’intention de lui rendre la monnaie de sa pièce cet
après-midi, durant un entretien personnel .
Il estime qu’Ys n’a pas voix au chapitre tant qu’il n’a pas réglé ses affaires
chez lui. Pechtold : ’Les grands problèmes des Antilles sont l’économie et les
dettes. ’Que faites-vous pour redresser l’économie, M. Ys ?’ lui demanderai-je.
Le programme d’urgence du gouvernement Ys n’a guère eu de résultat jusqu’à
présent. Je constate que seulement 20 pour cent de ses projets ont été exécutés ’."

"’La
pauvreté, la drogue, Willemstad peut aussi s’y attaquer de son côté. Puisque Ys
parle avec fermeté au gouvernement néerlandais, je m’adresse à lui à mon tour.
Je lui rappelle ses responsabilités’."

Pechtold enverra encore 22 inspecteurs de police aux Antilles néerlandaises,
pour renforcer l’équipe antillo-néerlandaise qui lutte contre la criminalité
organisée transfrontalière dans les Caraïbes.

Actualité intérieure

Incapacité de travail

" Le
ministre des Affaires sociales De Geus devra modifier son projet de nouvelle WAO
pour les inaptes au travail partiels ", annonce le Volkskrant à la
une. "Aucun parti de la Deuxième Chambre n’approuve son idée de faire appliquer
ce règlement par l’instance de versement des indemnités UWV de concert avec des
assurances privées. De ce fait, l’application de la loi le 1er janvier 2006 est
presque certainement impossible."

" Une
majorité parlementaire PvdA, VVD, GroenLinks et SP estime que la nouvelle WAO
doit être appliquée uniquement par l’UWV . Les libéraux optent ainsi pour un
autre cap que leurs partenaires de coalition le CDA et le D66, qui sont
partisans de l’application par les assurances."

"La
députée VVD De Vries, durant le débat d’urgence jeudi, a laissé une marge de
négociation. Elle est ’pour le moment’ en faveur de l’application par l’UWV,
parce que l’autre option est trop coûteuse. De Geus a calculé que le coût
initial de l’application par les assurances s’élèvera à six milliards d’euros au
maximum, parce qu’il faudra verser une indemnité aux inaptes au travail alors
qu’il n’y a pas encore beaucoup de cotisations. ’Un tel alourdissement des
charges de la société serait irréaliste’, estime De Vries."

" Le
PvdA, GroenLinks, le SP et la ChristenUnie ont vainement réclamé le retrait
du projet de loi, parce qu’il ne bénéficierait plus de suffisamment de soutien.
De Geus l’a défendu sans fléchir. La Chambre poursuivra lundi son débat avec lui
sur le nouveau règlement ."

" Seul
De Geus soutient son projet WAO ", titre le journal de centre gauche en page
2, au-dessus d’un article de fond sur le "grand œuvre" du ministre
chrétien-démocrate. "Deux années de travail acharné semblent perdues, maintenant
que le VVD s’est également exprimé en termes négatifs sur le magnum opus
de De Geus" (également Trouw p.3, Het Financieele Dagblad pp.1 et
3, De Telegraaf p.3, Algemeen Dagblad p.11).

Femmes allochtones

" Après
deux ans de débat ’polder’, la commission Máxima a présenté hier ses projets de
lutte contre le retard linguistique : un ensemble d’engagements et de bonnes
intentions ", relève le Trouw (p.2). "La situation ne se présente pas
mal pour les femmes allochtones ayant un retard linguistique dans les grandes
villes. La probabilité qu’elles ratent tel ou tel cours (langue néerlandaise,
intégration, épanouissement personnel, dialogue social ou préparation au
travail) semble particulièrement faible. Et autrement, elles font partie d’un
club quelconque plein d’exemples de réussite."

"C’est du moins ce que pense la commission Pavem (participation des femmes de
minorités ethniques) qui a publié hier une liste d’’engagements concrets’,
d’accords ordinaires, de projets d’action, de projets ordinaires et
d’intentions, à côté d’un ’instrumentaire nouvellement développé’." " Le
rapport a été présenté hier au premier ministre Balkenende et aux ministres De
Geus (Affaires sociales) et Verdonk (Intégration) ."

"Pour trois raisons, la Pavem est devenue plus connue que mainte autre
commission envoyée dans la bureaucratie du polder par le gouvernement. La
participation de l’allochtone de pointe du pays, la princesse Máxima, a donné
une énorme impulsion à la commission. Le salaire élevé du président Paul
Rosenmöller (ancien leader de GroenLinks) a suscité une polémique. Une affaire
de moindre envergure concernait les propos du membre Hans Dijkstal (ancien
leader VVD), qui a profondément vexé sa collègue de parti Verdonk en comparant
son système de mesure de l’intégration au port obligatoire de l’étoile de
David."

"La
commission a parcouru le pays pendant deux ans, pour parler avec tout le monde
des changements nécessaires. Le résultat est l’aride rapport présenté
aujourd’hui, qui constate que les trois quarts des femmes allochtones sont sur
la touche. femmes devront être intégrées au plus pressé, avant 2010.
Mais n’était-ce pas déjà l’intention de l’actuel gouvernement Balkenende ? "

" La
grande question est de savoir si cette commission était nécessaire pour
constater tout cela . Ses membres et le gouvernement répondront évidemment
oui." "Mais quand on examine le contenu du rapport on voit surtout une vue
d’ensemble de tous les projets des trente grandes villes pour aider les femmes
en retard. Il n’y a pratiquement pas de nouveaux fonds des collectivités pour
ces projets, à côté des moyens déjà disponibles. Ils seront tout au plus
’réaffectés’. Se pourrait-il que ces projets aient aussi été développés sans
cette commission ? Ce n’est pas exclu, compte tenu de l’action des diverses
collectivités dans ce domaine, les dix dernières années."

" La
PaVEM est un fiasco ", affirme le Telegraaf à la une. " Les femmes
allochtones n’en sont pas plus avancées pour autant. Seul le porte-monnaie du
président, Paul Rosenmöller, en a profité . C’est ce que disent trois femmes
de l’Equipe de participation de la commission PaVEM, qui a présenté hier à La
Haye les résultats de deux années de travail."

Presse hebdomadaire

HP/De Tijd
s’intéresse dans son article de couverture à quatre demandeurs d’asile en
instance de rapatriement que la VARA a présentés dans sa série documentaire
26 000 visages. L’Iranien Safa, portraituré dans Manque de bol, "n’a
pas bien pu expliquer les raisons de sa fuite", Ram n’a jamais été membre des
Tigres tamils et Georges, un Mauritanien venu aux Pays-Bas en tant que demandeur
d’asile mineur non accompagné et qui devrait maintenant être âgé de 22 ans, "en
fait 30 au Bureau d’assistance juridique de Groningue". Le magazine critique la
référence faite par la VARA aux enfants nés aux Pays-Bas, pour soutenir certains
cas : "Les ’réfugiés’ ont choisi eux-mêmes d’engager des procédures qui
n’avaient aucune chance d’aboutir. Il est triste que dans certains cas il y ait
des enfants qui ne connaissent même pas le pays de leurs parents. Mais n’est-ce
pas surtout imputable aux parents ?"

Charles Groenhuijsen, de retour des Etats-Unis où il était correspondant, va
succéder à Philip Freriks comme présentateur du journal télévisé NOS. Il a écrit
un livre intitulé Amerikanen zijn niet gek (les Américains ne sont pas
fous). "Aux Pays-Bas et au-delà, surtout depuis l’avènement de George W. Bush,
une image s’est formée selon laquelle l’Amérique serait peuplée d’idiots, avec
le président actuel comme super-idiot." "Les Pays-Bas ont changé", selon
Groenhuijsen. "Beaucoup sont ce qu’ils reprochent aux Américains : vulgaires,
égoïstes, grossiers." Sur le plan politique, il prédit que "si Hans Wiegel
participe aux élections de 2007, il remportera une grande victoire, un
glissement de terrain, et il deviendra premier ministre. Qui d’autre que Wiegel
pourrait reconstruire la fourmilière néerlandaise en ruines ?"

John
Vinocur, de l’International Herald Tribune, interviewé à Berlin, fait
valoir que les Pays-Bas sont de loin le pays le plus intéressant de l’Union
européenne, en ce moment. "Le rejet de la Constitution aux Pays-Bas, c’était
comme aller chez le médecin pour avoir une second opinion et revenir avec
un meilleur diagnostic que le premier : you’re not well, Mr. Brown, you have
a problem. Mais le deuxième diagnostic était beaucoup plus réfléchi et plus
précis. Les Néerlandais ont vu le vrai visage de l’Europe et ils ont dit : nous
n’en voulons pas. A juste titre, d’après moi. Presque personne chez vous ne
croit que l’UE actuelle se préoccupe le moins du monde des soucis et des
souhaits des Néerlandais. Et bien, je ne vous contredirai pas." "L’idée qui
domine chez les Allemands est que la crise en Europe n’est en tout cas pas due à
eux. Alors que c’est justement le cas. C’est exactement ce que les Néerlandais
ont exprimé dans leur référendum : nous ne sommes pas tellement opposés à
l’Europe, nous sommes opposés à l’Europe de Schröder et de Chirac. Très bien.
I like the Dutch."

Vrij
Nederland
a passé une semaine dans les bureaux du cabinet d’avocats de Britta Böhler, qui
a compté parmi ses clients la princesse Margarita, Volkert van der G. (le
meurtrier de Pim Fortuyn), le "baron de la drogue" Kobus L. et Samir A.,
soupçonné de terrorisme. "Nous suscitons de vives irritations."

Le
magazine progressiste constate d’autre part que les Tokkies, une famille
asociale suivie par la réalisatrice de télévision Ingeborg Beugel dans une série
de six émissions, est "de retour à la case départ après une année de gloire et
de prospérité". L’engouement pour les Tokkies est passé, plus aucune discothèque
ne veut plus les produire et l’argent qu’ils ont gagné est dépensé.

Elsevier ,
qui adopte un ton indigné dans sa rétrospective du référendum sur l’Europe,
remarque que "les Pays-Bas s’avèrent plutôt une lobbycratie qu’une démocratie".
"Tenir plus de référendums n’est pas la solution au vrai mal politique : des
élus qui ne représentent pas le peuple. ’La démocratie représentative
néerlandaise a des traits autoritaires’." Les députés néerlandais viennent en
grand nombre de la fonction publique, rarement du secteur privé. "La démocratie
représentative de 1917, si belle sur le papier, a en réalité fait qu’un peloton
d’intéressés, y compris les fonctionnaires, peut faire ce qu’il veut."

Bart
Tromp, dans sa chronique, juge "inévitable que des ’groupes pionniers’ se
forment dans l’UE". "Après les référendums français et néerlandais sur le Traité
constitutionnel, il faut s’attendre à une longue période de stagnation." "L’Union
européenne actuelle, considérée à long terme, est loin d’être un tout stable. Le
remède que toutes sortes de médecins non qualifiés prescrivent après les
référendums revient à observer une pause. Cela ne guérira pas le mal."

Le
correspondant à Paris Olivier van Beemen présente le nouveau premier ministre
Dominique de Villepin. "A côté de sa relation avec Sarkozy, la coopération entre
De Villepin et son ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie sera
d’une importance vitale. Ensemble ils devront réussir à réduire enfin le
chômage, qui met beaucoup de Français au désespoir."

Affaires françaises
 

Le
Volkskrant (p.6) évoque en rubrique économique les privatisations
partielles qui doivent contribuer à réduire le déficit budgétaire. Il pense
d’autre part que "les riches pourraient bien succomber au romantisme de la
Renault la moins chère", la Logan fabriquée en Roumanie.