Presse néerlandaise du vendredi 25 mars 2011

LES GRANDS TITRES

- Trouw (chrétien progressiste) : Le Portugal jette une ombre sur le Pacte pour l’Euro.
- De Volkskrant (centre gauche) : La position de Hillen de plus en plus menacée.
- AD Haagsche Courant (indépendant populaire) : Punir plus sévèrement les violences dues à l’alcool
- De Telegraaf (populaire) : Le MIVD fermé pendant le week-end de crise.
- NRC-Handelsblad : La Défense n’a pas évalué le risque de ‘Syrte’.

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ACTUALITE INTERNATIONALE

Libye

- Hélicoptère

La plupart des journaux consacrent ce matin des articles aux récentes révélations sur l’échec de la mission d’évacuation d’un Néerlandais en Libye. Le Volkskrant note à la une « que ces informations mettent la position du ministre de la Défense, M. Hillen, en danger. En effet, la marine néerlandaise a commencé le 27 février une action sans le conseil stratégique du service de renseignement militaire néerlandais, le MIVD. Ce service aurait été saisi, mais l’action a échoué avant qu’une réponse ait été reçue. C’est ce qui ressort de l’enquête de la Commission de surveillance des services de renseignement, effectuée à la demande de la Deuxième Chambre. Les ministres des Affaires étrangères, M. Rosenthal, et de la Défense, M. Hillen, n’avaient pas signalé ces faits dans leur lettre à la Deuxième Chambre sur cette opération. L’enquête montre que la frégate, d’où l’action d’évacuation a eu lieu, a demandé au MIVD des renseignements stratégiques deux heures avant le départ de l’hélicoptère. Demande qui est arrivée le dimanche par courriel au MIVD, mais qui est restée sans réponse puisque ce jour-là il y avait moins de personnel présent. Personne n’a appelé le MIVD, bien que M. Hillen ait mentionné dans une lettre à la Deuxième Chambre qu’on aurait dû le faire. Ce n’est que le soir, après l’échec de l’action, que le ministère de la Défense en a informé le MIVD. En outre, les ministres ont indiqué à la Deuxième Chambre que des informations sur la situation à Syrte n’étaient pas disponibles. Le rapport de la Commission d’enquête révèle que le MIVD suivait minutieusement la situation sécuritaire en Libye et avait fait savoir que le manque d’autorisation de la part des autorités libyennes représentait un facteur de risque supplémentaire ». Le journal note « que les partis PvdA, SP, GroenLinks, ChristenUnie et D66 commencent à perdre patience vis-à-vis de M. Hillen. Le CDA et le VVD continuent à le soutenir, mais la position du PVV n’est pas connue. Le chef de file du D66. M. Pechthold, remarque : ‘Les services du ministère de la Défense travaillent chacun de leur côté et le gouvernement envoie deux cents militaires dans une région dangereuse sous la responsabilité d’un ministre qui n’arrive même pas à estimer à sa juste valeur une information cruciale’ ». (Volkskrant p1, AD p5, Telegraaf p7)

- Commentaires sur l’opération alliée en Libye

Sous le titre « La Libye présente des caractéristiques de guerre civile », Rob de Wijk ( directeur de l’Institiut d’Etudes stratégiques de la Haye Hcss) , dans sa chronique du Trouw, rappelle que « l’Allemagne s’est abstenue de voter (au Conseil de sécurité) parce qu’elle craint de se trouver impliquée dans un conflit intérieur. C’est justement pour cette raison que je suis très réservé sur cette opération militaire. Dans la pratique, des interdictions de survol et des bombardements ne sont pas des moyens qui permettent de retourner la situation au sol en faveur des rebelles. Voyez la guerre du Kosovo en 1999 » (…) Si l’on y ajoute la difficulté de savoir qui parle au nom du peuple libyen et la complexité des relations tribales dans le pays, estime M. de Wijk, on en vient rapidement à se demander si « l’Occident peut faire périr des soldats dans une opération terrestre qui découlerait d’une mauvaise appréciation de la nature du conflit.(…) C’est une bonne chose que le gouvernement néerlandais ait choisi de participer pour l’instant à une action limitée pour faire respecter les sanctions des Nations Unies ».
A l’inverse, l’éditorialiste de ce journal estime que « Le gouvernement n’a aucune raison d’attendre l’OTAN pour élargir sa contribution à l’opération en Libye ». La participation au maintien de l’embargo sur les armes « ne suffit pas. La contribution néerlandaise pourrait être plus importante. Il est dommage que le gouvernement attende une décision de l’OTAN (…) Une opération sous pavillon de l’OTAN est certes préférable, mais ce n’est pas une condition indispensable. La résolution 1973 apporte une base suffisante pour se joindre aux Français et aux Britanniques et contribuer à la mise en place de la ZEA, comme l’a déjà fait le Danemark ». Le correspondant à Paris, Kleis Jager, sous le titre « Nicolas Sarkozy joue volontiers le va-tout », écrit : « Est-ce que tout est réellement calcul chez Sarkozy ? Non, l’aventure libyenne est un mélange fascinant d’opportunisme et de considérations morales, voire même d’obligations morales. Il est certain que sans les attaques aériennes, la poche rebelle de Benghazi serait tombée et que la population civile n’aurait pas pu être protégée de cette caricature de despote. Selon Dominique Moïsi (…) le Président a fait ‘le seul bon choix. Le coût d’une non intervention, d’un signal à tous les dictateurs qu’une campagne de terreur est acceptable, serait beaucoup plus élevé’ ». Dans le Nederlands Dagblad, sous le titre « Bavardages stupides et néfastes sur la Libye », Jan van Benthem appelle les multiples commentateurs qui s’expriment dans les média néerlandais à éviter de parler de sujets qu’ils ne connaissent pas. Il rappelle l’évolution des relations de l’Occident avec le leader libyen et, concernant le passé récent où « Kadhafi voulait être reçu avec tous les égards », il estime que « si l’on pense à son programme nucléaire, il était du plus grand intérêt d’entretenir une bonne relation avec ce mégalomane. Estimons-nous heureux qu’ainsi l’uranium soit aux Etats-Unis et en Russie et pas en Libye. Embrasser ‘l’ami’ Kadhafi était un devoir politique, au nom de la sécurité. (…) Une bonne discussion dans les média ne peut pas faire de mal, mais il faut que celle-ci soit basée sur des faits. Sinon, comment Henk et Ingrid [symboles, pour le PVV, du citoyen moyen] pourront-ils juger des décisions prises par les responsables politiques – et nous savons à quel point la politique joue un rôle décisif dans les humeurs variables de Henk et Ingrid…. ».

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ACTUALITE INTERIEURE

Financement des partis politiques

Le Volkskrant, revenant sur le projet de loi sur le financement des partis politiques (voir RdP du 24.30.11), note que « le PVV est contre la publication de dons aux partis politiques. « Les partis fonctionnent pour une grande partie sur les subventions qu’ils reçoivent de l’Etat : ils y ont droit dès qu’ils ont 1000 membres ou plus. Au total, ils se partagent une somme de 15 millions € par an. Le PVV n’en bénéficie pas, puisque ce parti n’a que 2 membres : Geert Wilders et la Fondation des amis du PVV. Il a en outre fait savoir qu’il ne voulait pas recevoir de subvention. Le PVV dépend donc beaucoup plus des dons que les autres partis. Il a été soupçonné de recevoir de l’argent de mouvements américains ultra conservateurs, anti-djihadistes. La publication de ce type d’information peut déclencher une publicité négative sur le PVV. En outre, il est possible que des donateurs potentiels du PVV reculent à l’idée que leur nom soit publié. (…) Wilders a fait savoir sur Twitter qu’il était ‘définitivement opposé à cette loi’. »

Elections sénatoriales

La presse signale que « la liste électorale du PVV est connue », et relève plus particulièrement que « M. Ronald Sörensen, un conseiller municipal bien connu de Rotterdam, élu sous la bannière du parti local Leefbaar Rotterdam, figure en cinquième position sur la liste du PVV. Il a démissionné la semaine dernière du conseil municipal de Rotterdam, », explique le Volkskrant (p.11). « Le PVV de Geert Wilders pourra selon toute attente occuper 10 sièges à la Première Chambre après les élections du 23 mai ».

JSF

Sous le titre « Les Pays-Bas pris dans la nasse du JSF », le Trouw (p6) note que la Cour des comptes néerlandaise conseille à la Deuxième Chambre d’inclure davantage les projets de remplacement des avions de chasse F16 par le JSF (l’avion de chasse américain nouvelle génération) dans les projets d’économies du gouvernement. « Le gouvernement projette en effet d’acheter cette année un deuxième avion de test JSF – ce qui renforce le choix effectif pour le JSF. Selon l’accord de gouvernement entre les partenaires de la coalition, une décision définitive sur le remplacement du F16 ne sera pas prise pendant cette législature. Bientôt le ministre de la Défense, M. Hillen, enverra une lettre à la Chambre dans laquelle il fera connaître les économies à réaliser et les projets d’avenir. La Cour est d’avis qu’il serait souhaitable que le parlement et le gouvernement fassent le point avant que les Pays-Bas s’engagent davantage. » Le Volkskrant (p8) précise à ce sujet, « que les motions des députés, l’année dernière, pour mettre fin à certaines parties de la participation au projet JSF, ne pouvaient pas aboutir à cause du statut démissionnaire du gouvernement de l’époque. Sans décision d’acquisition, la Deuxième Chambre ne peut pas entamer de discussions avec le gouvernement sur une modification du budget ou du nombre d’appareils, puisque officiellement ce budget n’existe pas ». LeTrouw note « que la semaine dernière, le ministre a fait savoir que les coûts de l’utilisation et de l’entretien des JSF s’élèveraient, sur une période de trente ans, à 11,3 milliards €. Déjà, à la fin de l’année dernière, il ressortait que le prix d’achat de 85 avions était de 1,4 milliards € plus élevé que les 6,2 milliards initialement prévus ». Le journal rajoute que « les Pays-Bas participent depuis 2002 au développement du JSF et reçoivent en échange 800 millions € en commandes pour l’industrie aéronautique ».

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A SIGNALER

Université : l’ancien Premier ministre, M. Jan Peter Balkenende, a prononcé hier son discours inaugural à l’Université Erasme de Rotterdam, où il va occuper la chaire de « Governance, institutions and internationalisation » (Volkskrant p.7).

Cette revue de presse ne prétend pas à l’exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse néerlandaise, qui n’engagent en rien le point de vue propre de l’ambassade de France aux Pays-Bas.

Dernière modification : 25/03/2011

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