Presse néerlandaise du vendredi 26 novembre 2004

La
question du leadership du parti libéral VVD, que le vice-premier ministre Gerrit
Zalm et le président du groupe parlementaire Jozias van Aartsen se partageaient
jusqu’à présent, est le principal thème politique intérieur, aujourd’hui.

Sur le
plan européen, la presse rend compte du sommet Russie-Union européenne qui a eu
lieu hier à La Haye, en pleine crise entre Moscou et Bruxelles autour des
élections présidentielles ukrainiennes. 

  • NRC Handelsblad
    d’hier soir : "Van Aartsen revendique le leadership du VVD", "Poutine félicite
    de nouveau Ianoukovitch", "Découverte d’un lac souterrain en Chine", "PSV
    suit ses supporters jusqu’au bistro
    "
  • de Volkskrant  :
    "Van Aartsen opte pour le leadership - Le VVD réagit positivement à sa
    demande", "Grande pénurie de structures d’accueil des patients sous tbs
    [protection juridique]", "La Russie et l’UE se querellent sur l’Ukraine"
  • Trouw  :
    "Interdiction de battre les enfants - Donner veut aussi interdire légalement
    la gifle correctrice", "De Jason W. à Mujaheed - Extrémisme musulman",
    "Médiation polonaise dans la crise ukrainienne"
  • Algemeen Dagblad
     : "Davantage de clandestins dans la criminalité lourde - Forte croissance du
    nombre d’arrestations", "Le brouillard perturbe la circulation", "La haute
    cour de justice se penche sur la fraude", "Des adolescents soupçonnés de
    l’incendie d’une école islamique" (à Uden)
  • De Telegraaf  :
    "Des satellites vont espionner les paysans - Un système UE contre l’usage
    abusif de subventions
    ", "L’Ukraine au centre du sommet"

 

* * *

 Le
dossier du jour : Leadership du VVD

" Jozias
van Aartsen, président du groupe parlementaire VVD à la Deuxième Chambre,
revendique le leadership de son parti
", annonce le NRC Handelsblad
d’hier soir dans son grand article à la une. " Van Aartsen a pour la première
fois déclaré en public, mercredi, qu’il avait ’l’ambition de devenir le leader’
."

" Depuis
l’avènement de Van Aartsen en tant que président du groupe parlementaire, au
printemps 2003, le leadership du VVD est flou
. Van Aartsen partage le
leadership politique avec le ministre Zalm (Finances), qui a été tête de liste
aux élections de 2003
."

"Zalm a
réagi [hier] matin en déclarant que Van Aartsen aurait ’de bonnes chances de
remporter la lutte pour le leadership’. Il le qualifie de ’très bon candidat
avec beaucoup d’expérience’. Le ministre Kamp (Défense), qui avait aussi
indiqué la semaine dernière qu’il était disponible pour le futur leadership, a
dit que ’cela témoigne d’une saine ambition que Van Aartsen pose maintenant sa
candidature au leadership’."

" Van
Aartsen a fait ses déclarations mercredi, durant le programme télévisé Barend
& Van Dorp
. Il a dit par ailleurs que le VVD, jusqu’à présent, ne
connaît pas la fonction de leader politique
. Samedi le parti se réunira
en congrès et l’on s’attend à ce qu’il vote sur une proposition de la fédération
Ede-Wageningen visant à coupler le leadership politique et la présidence du
groupe parlementaire
. Van Aartsen soutient cette proposition."

"La
proposition visant à faire du président du groupe le leader politique du parti
établit un lien entre ’les récentes défaites électorales’ et ’le manque de
leadership politique univoque et reconnaissable au sein du VVD’. La direction du
parti, au demeurant, ne partage pas cette analyse."

"Le
membre honorifique Vonhoff, connu comme étant le gardien du passé du parti, a
rappelé [hier] matin que ’la fonction de leader politique n’existe pas au sein
du VVD et on peut encore moins l’élire’. Vonhoff a néanmoins souligné que dans
le passé c’était en général le leader du groupe parlementaire à la Deuxième
Chambre qu’on considérait comme le ’meneur politique’."

" Le
VVD a réagi positivement à la demande ouverte de Jozias van Aartsen
", ajoute
ce matin le Volkskrant dans son grand article à la une. "Van Aartsen,
président du groupe parlementaire VVD à la Deuxième Chambre, a posé sa
candidature parce qu’il s’inquiète du ’manque de confiance dans l’Etat et les
pouvoirs publics’."

" D’éminents
libéraux comme le ministre Henk Kamp, le député Hans van Baalen et le sénateur
Uri Rosenthal ont exprimé leur soutien à Van Aartsen
."

" Le
VVD s’inquiète des mauvais sondages d’opinion depuis le meurtre de Van Gogh.
L’ex-VVD Geert Wilders en est actuellement à 28 sièges dans un de ces sondages,
le VVD n’en est plus qu’à 19
. Sur le fond, le parti ne veut pas prendre un
virage à droite. Mais la présentation actuelle des positions du VVD suscite
beaucoup de critiques. Un sondage d’opinion effectué auprès de l’électorat du
VVD la semaine dernière a montré que 83 pour
cent veulent un leader politique unique
."

" Van
Aartsen n’est pas un faucon de droite, mais un libéral social qui, comme à
l’époque de Paars, s’entend très bien avec un homme comme le leader PvdA Bos
",
remarque l’éditorialiste du Volkskrant . " S’il ambitionne effectivement
de mener la liste VVD aux élections de 2007, il fera bien de rester tel qu’il
est
. La leçon de son prédécesseur Zalm est que les électeurs démasquent
immédiatement les feintes. Zalm, après avoir été pendant huit ans comme les deux
doigts de la main avec Wim Kok et dénoncé Fortuyn comme étant ’extrêmement
dangereux’, s’est brusquement mis à dire que ’les Pays-Bas sont pleins’.
L’électorat n’est pas tombé dans le panneau en 2003 - le VVD n’a obtenu que 28
sièges."

" Si
le VVD, pour tenter de tenir Wilders à distance, veut s’afficher comme un parti
de droite à tolérance zéro, Van Aartsen n’est pas l’homme qu’il faut. Il serait
donc bon pour le débat au sein du VVD que les partisans de la ligne dure Henk
Kamp et Rita Verdonk relèvent le gant de Van Aartsen
."

 

Actualité
internationale

Russie - Union européenne

" La
Russie et l’Union européenne sont en désaccord total sur la gestion de la crise
électorale ukrainienne
", relève le Volkskrant à la une. " Cela
s’est avéré au sommet UE-Russie de La Haye. Le premier ministre Balkenende a
déclaré que l’UE ne ’peut pas accepter’ le résultat des élections, alors que le
président russe Poutine persistait à dire qu’on ne pouvait pas se mêler du
déroulement des élections
."

" L’Ukraine
a éclipsé la réunion, qui n’a guère eu de résultats concrets
. ’Je ne trouve
pas qu’un pays doit reconnaître ou ne pas reconnaître le résultat. C’est
l’affaire des Ukrainiens’, a dit Poutine durant une conférence de presse commune
avec Balkenende. Mais selon Poutine, il était clair que le premier ministre
ukrainien promoscovite Ianoukovitch l’a emporté." "Selon le président russe, le
résultat officiel était basé sur les résultats sous lesquels les observateurs de
l’opposition ont également apposé leur signature."

"Cette
interprétation s’oppose diamétralement au tableau que Balkenende, le haut
représentant aux affaires étrangères de l’UE, Solana, et le président de la
Commission européenne, Jose Manuel Barroso, ont brossé. Tous trois ont insisté
sur le fait que de nombreuses irrégularités avaient été constatées et qu’il
fallait examiner toutes les plaintes." " Balkenende a démenti que l’UE se mêle
des affaires intérieures de l’Ukraine. ’Il s’agit de souscrire aux règles du jeu de la démocratie’
"
(également Het Financieele Dagblad pp.1 et 7, Trouw p.6, Algemeen Dagblad p.7, De Telegraaf p.11).

" La
solution de la crise ukrainienne est un test pour la relation entre l’Union
européenne et la Russie
", fait valoir l’éditorialiste de l’ Algemeen
Dagblad
. " Si le président Poutine veut sérieusement resserrer les liens
avec l’Union, il ne peut plus traiter l’Ukraine comme un satellite où Moscou
fait et défait les gouvernements
. Poutine et son collègue ukrainien sortant
Koutchma ne peuvent pas se contenter de soutenir la démocratie du bout des
lèvres. Si la majorité des Ukrainiens portent leur regard vers l’Ouest, vers
l’Union, ils doivent l’accepter."

 

Union européenne - Etats-Unis

" Les
Européens persistent à rejeter radicalement la politique irakienne des
Etats-Unis
", écrit le Volkskrant en page d’opinion, dans le chapeau
d’une tribune d’Arnout Brouwers, rédacteur du journal de centre gauche.
"Les conséquences pour les relations atlantiques, mais aussi pour l’ONU et
l’OTAN, sont dévastatrices, selon Arnout Brouwers."

"Quelle est la situation de l’Europe dans le monde ?" s’interroge Brouwers. " Les
faits et gestes du gouvernement Bush confirment un développement que beaucoup 
d’Européens refusent de reconnaître : la dégradation de la puissance européenne
vis-à-vis des Etats-Unis
. Ce développement est contraire aux promesses d’une
’superpuissance européenne’ et d’un ’partenariat d’égaux’ avec lesquelles les
leaders européens ont bercé leurs citoyens pendant des années."

"La
réalité est différente. Sans la menace soviétique l’Europe n’est plus d’un
grand poids stratégique
. Le Moyen-Orient et l’Asie de l’Est (la Chine) le
sont désormais. Le principe d’utilité - que peut et que veut l’Europe ? - est
donc devenu plus important et c’est là que les alliés restent défaillants. Ils
ne peuvent pas grand-chose et veulent encore moins. Il leur manque aussi la
combativité politique et militaire nécessaire."

" En
Europe, tous les problèmes sont réductibles à ’l’unilatéralisme américain’. Son
inverse, l’unilatéralisme européen, ne retient guère l’attention
. Ou bien la
’liberté’ croissante des pays occidentaux d’agir à leur guise, sans s’interroger
sur les conséquences ni chercher des ancres multilatérales, ne
s’appliquerait-elle pas à l’Europe ?"

" La
résistance active et permanente du couple franco-allemand à l’action américaine
en Irak a légitimé la contribution à la déstabilisation de ce pays de tous les
ennemis de l’Amérique en Irak et dans la région
. L’aplomb avec lequel
l’Europe a torpillé un grand projet américain et le mine encore par après, a
apporté ici une grande satisfaction intellectuelle et émotionnelle, mais
pouvions-nous nous permettre cette petite fête ?
"

"Il
semble que les Européens attendent maintenant que Washington leur tende une
branche d’olivier. Le fait que le président Bush se heurte en Irak aux limites
de la puissance américaine réjouit les Européens. Rien - pas même la décision
extrêmement cynique des Pays-Bas de retirer leurs troupes d’Irak en mars, quelle
que soit la situation au Moyen-Orient - ne montre que les Européens se rendent
compte de la gravité de la situation."

" La
hardiesse avec laquelle l’Allemagne et la France poursuivent dans tous les
forums leur campagne négative concernant la question irakienne a un effet
dévastateur, non seulement sur l’Irak, mais aussi sur le fonctionnement
d’institutions multilatérales comme l’ONU et l’OTAN, que l’Europe dit vouloir
conserver ce siècle. Mais si ces piliers de la diplomatie européenne ne veulent
pas ou ne peuvent apporter une contribution digne de ce nom là où elle est
nécessaire, que sont-ils de plus que des clubs de discussion ?
"

"Tant que ce radicalisme triomphera en Europe, il ne pourra pas y avoir un
rétablissement significatif de l’alliance - et des pays comme les Pays-Bas, qui
tiennent à ces liens, devront compter sur leur diplomatie bilatérale."

 

Union européenne - Turquie

Le
NRC Handelsblad (p.2) d’hier soir précise que "le ministre Bot (Affaires
étrangères, CDA) a dit mercredi que les négociations avec la Turquie sur son
adhésion à l’Union européenne commenceront fin 2005, ou peut-être seulement en
2006". "La Turquie elle-même estime qu’il va de soi qu’elles commencent en 2005,
a dit le ministre turc des Affaires étrangères, Abdullah Gül, mercredi à La Haye."

 

Actualité
intérieure

Eglise catholique

" La
situation actuelle, avec le célibat obligatoire des prêtres, est intenable
",
relève le Trouw à la une. " Et il est grand temps que le grand pape
Jean Paul II abdique. Les préservatifs contre le sida en Afrique ne sont pas une
solution idéale, mais en cas de catastrophe humanitaire il faut avoir recours à
des moyens moins idéaux
."

Ce
sont quelques prises de position remarquables que l’évêque de Breda, Mgr
Martinus (Tiny) Muskens
(68 ans), confie au journal chrétien progressiste, à
l’occasion de la parution, aujourd’hui, de ses mémoires. "Cela me vaudra des
commentaires", dit-il au Trouw (cahier de Verdieping).

 

Presse
hebdomadaire

 

Bien
que les séquelles du meurtre de Theo van Gogh dominent l’actualité depuis des
semaines, les hebdomadaires exploitent toujours ce thème ou des questions qui y
sont liées.

HP/De Tijd opte
pour la députée VVD Ayaan Hirsi Ali, qui se cache depuis la mort de Van Gogh et
n’a toujours pas repris ses activités normales. "Le premier ministre Balkenende
aurait immédiatement dû faire savoir dans une déclaration que l’absence contre
son gré d’un membre de la Chambre est intolérable. Pourquoi n’a-t-il pas fait
cette déclaration ? Sa peur d’une escalade était probablement plus grande que sa
préoccupation face à l’atteinte à la démocratie parlementaire. Et donc il a
laissé tomber Hirsi Ali. Bien que les politiques néerlandais semblent encore
penser le contraire, tout porte à croire que la femme politique Ayaan Hirsi Ali
ne compte plus. C’est une perspective amère, car comme Hafid Bouazza l’a écrit :
’L’invisibilité de Hirsi Ali est la victoire de la violence’."

"Les
premiers chroniqueurs qui affirment que les Pays-Bas ne brûlent pas s’annoncent
déjà", remarque le commentateur Dirk-Jan van Baar de son côté. "Il y a toujours
des conciliateurs qui ne veulent pas entendre les sifflements du peuple. Moi, je
crois plutôt aux pompiers. Je fais confiance à la raison du commun des mortels
et je ne fais pas partie de ceux qui ont honte des Pays-Bas ou qui veulent
émigrer parce que Pim a été élu ’le plus grand’. Mais j’entends aussi l’écho des
jeunes Marocains en liesse, ce soir du 11/9 où je me trouvais par hasard à Bos
en Lommer [quartier à majorité marocaine d’Amsterdam]."

On
notera par ailleurs un article élogieux sur la nouvelle Citröen C4 : "Une
voiture qui sent bon".

Dans Vrij Nederland , le leader de l’organisation religieuse turc Milli Görüs,
Haci Karacaer, donne libre cours à son pessimisme. Il reproche à sa propre
communauté musulmane de pervertir l’islam et d’en faire une idéologie de la
haine. "Les jeunes me trouvent souvent trop progressiste, trop soft vis-à-vis
des Néerlandais et trop critique à l’égard des musulmans." L’approche de Hirsi
Ali, selon lui, est polarisante. "Ma base tout entière trouve que ce qu’elle
fait est mauvais."

Max van
Weezel fait le tour des réactions de la presse étrangère au "Jihad au bord de la
mer du Nord". "Les Pays-Bas ont-ils commis plus d’erreurs que le reste de
l’Europe ? Avons-nous été trop laxistes et trop tolérants ? Les journalistes
étrangers voient les choses autrement. Ils s’étonnent de tout ce qu’on peut dire
à la télévision chez nous (’cinquième colonne’, baiseurs de chèvres’, ’têtes de
fromage’, ’porcs’). Ce n’est pas le cas ailleurs. Les Pays-Bas sont devenus peu
à peu le pays le moins correct politiquement."

Elsevier choisit
une approche pragmatique. Le magazine conservateur publie un "Who’s Who" de huit
pages de la lutte contre le terrorisme
aux Pays-Bas. Sa conclusion est que c’est une belle pagaille, à cause des
nombreux chefs de service qui ont chacun leur petit royaume administratif
s’occupant du terrorisme. A noter : les portraits et les éléments de CV des
personnes en question.

"Voilà
qui plaît aux terroristes : le chaos, le renforcement des antagonismes, le
conflit", fait valoir Syp Wynia. "Un mois après le meurtre de Van Gogh, la
classe politique de La Haye donne une impression d’instabilité."

Pour
finir, Diederik van Hoogstraten a interviewé la femme de lettres féministe
musulmane canadienne Irshad Manji : "Je ne me tairai jamais".

 

Economie,
Finances

Air
France-KLM

Dans le
NRC Handelsblad (p.15) d’hier soir, Lolke van der Heide, depuis Paris,
évoque les conflits "culturels" au sein de la nouvelle compagnie aérienne née de
la fusion d’Air France avec KLM et les avantages manifestes de la
rationalisation du réseau, qui permet de faire de grandes économies.

Le PDG
de KLM, Leo van Wijk, "n’hésite pas à critiquer Air France". "’Les Français ont
encore trop de gras. Ils devront couper dans leurs coûts.’ Le problème ne réside
pas dans le management, qui en comprend la nécessité, dit Van Wijk, mais auprès
du personnel et des syndicats. ’Les employés d’Air France ont toujours pensé :
nous travaillons dans une entreprise d’Etat, il ne peut rien nous arriver. Cette
attitude doit changer.’ Spinetta a reconnu le problème. KLM est plus efficace
qu’Air France, les managers parisiens peuvent tirer des leçons de leur filiale
néerlandaise."

 

Affaires
françaises 

Le NRC Handelsblad (pp.1 et 5) d’hier soir rend compte à son tour des
conclusions de la Cour des Comptes concernant l’intégration.

Le Volkskrant , dans son cahier Cicero, présente ensemble les livres "La
République, les religions, l’espérance", de Nicolas Sarkozy, "Frère Tariq", de
Caroline Fourest, et "Monsieur l’islam n’existe pas" de Dounia Bouzar.

On
notera aussi deux articles sur "l’effet Van Gogh", évoqué par le ministre de
l’Intérieur Dominique de Villepin dans une interview au quotidien Le Figaro
( Algemeen Dagblad pp.1 et 6, de Volkskrant p.7).

Le Trouw (pp.1 et 6), enfin, s’intéresse au dossier Al-Manar.

Dernière modification : 16/02/2012

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